Échos des entreprises

Airbus (Nantes) :  Notre vie avant leurs profits !

Echo d'entreprise
22/03/2020

Mardi 18 la direction arrêtait toute la production dans les usines de Toulouse, Nantes et Saint-Nazaire. Mais l’arrêt de la production sera de courte durée avec l’annonce de la direction de reprendre le travail dès lundi 23 pour certains secteurs, après avoir « étudié des modes de travail excluant toutes contaminations ». Pour cela il faut des masques, des gants et du gel hydro-alcoolique en très grande quantité, ce qu’elle assure avoir.

Alors que  tout le personnel hospitalier, les médecins de ville et infirmiers manquent cruellement de masques et de gel et de protection, voilà des patrons qui en disposent à volonté pour faire reprendre le travail à des salariés qui ne demandent qu’une chose : rester chez eux pour ne pas transmettre ou attraper le virus !

Risquer sa vie pour continuer à produire des avions qui sont pour l’instant cloués au sol, est révélateur d’un système où le profit est l’urgence absolu avant même la santé et la vie de ceux qui le produisent. « Nous sommes en guerre... » oui ! Le camp des travailleurs doit s’organiser pour sauver sa peau face au camp des patrons qui s’organisent pour sauver eux, leurs profits.

Michelin :  Au voleur !

Echo d'entreprise
22/03/2020

Site de La Combaude (Clermont-Ferrand)

Dès lundi, le groupe Michelin avait annoncé la fermeture de ses usines. Mais depuis, c’était silence total sur la façon dont on serait rémunéré.

Finalement, le groupe a annoncé hier ne plus avoir recours au chômage partiel pour l’instant, comme il l’avait dit en début de semaine, et d’imposer aux travailleurs de prendre du 18 au 31 mars – l’équivalent de deux semaines - sur leur 5ème semaine de congés, leur JDR (RTT) et leur CET (Compte Epargne Temps).

Autant de jour de repos que les salariés ne pourront pas prendre quand ils le voudront.

Si la fermeture devait durer en avril, ce serait du chômage partiel payé à 80% au lieu de 70%, la direction dans sa grande générosité rajoutant 10% pour essayer de faire passer la pilule du rabotage actuel des congés payés. Mais ce sera tout de même 10% à 15 % de perte sur le salaire net, sans compter les primes qui sautent aussi. Ce sont encore les travailleurs qui vont y perdre.

Avec un bénéfice record de 1,7 milliard d’euros en 2019, Michelin peut et doit payer l’intégralité des jours de fermetures et ne pas toucher aux congés.

Chantiers de l'Atlantique (Saint-Nazaire) :  Irresponsabilité criminelle de la direction

Echo d'entreprise
22/03/2020

Sous la pression des grévistes, la direction des Chantiers avait été obligé de fermer mardi dernier les ateliers de l'entreprise. Des patrons d'entreprises sous-traitantes où les travailleurs avaient fait grève avaient pris le même chemin. Mais des milliers de travailleurs, notamment à bord des navires continuaient à travailler. Finalement, vendredi matin, la direction du site a décidé de fermer tout les bateaux et tous les ateliers du site. Non pas pour raison sanitaire mais, dit elle, parce qu il y aurait des problèmes d'approvisionnement. C'est vrai que si les ateliers sont à l'arrêt, la chaîne est brisée ! Mais la direction ne veut surtout pas reconnaître que c'est la grève de mardi dernier qui l'a obligé à tout arrêter.

N'empêche que, de mardi à la fin de la semaine, des milliers de travailleurs ont été obligés de se rendre au travail, à commencer par les plus précaires d'entre eux, les travailleurs détachés, qui se sont entassés à 5 ou 9 dans les fourgons qui viennent les chercher le matin et les ramènent le soir.

Comble du cynisme, n'étant pas directement liés à la production, les bureaux d études resteront ouverts la semaine prochaine. En période de crise comme en temps normal le patronat fait toujours le même choix : envoyer les travailleurs au casse-pipe... quoi qu'il en coûte.

DCX-Chrome Marly (Nord) :  Le capitaliste Stéphane Delachaux et sa famille doivent payer !

Echo d'entreprise
21/03/2020

DCX est une entreprise qui produit du chrome pour l’industrie. 80 salariés dont 60 ouvriers y travaillent en quatre équipes.

Un ouvrier qui a ressenti des symptômes indiquant peut-être le COVID-19 a été mis en quatorzaine ce week-end. Suite à cela, et pour ne faire prendre aucun risque à leur santé et à celle de leurs proches, des travailleurs se sont mis en droit de retrait durant deux jours et l’usine n’a tourné que partiellement.

Alors que depuis des années les travailleurs demandent des distributeurs à savon conformes, des séchoirs corrects, la direction n’a jamais rien fait… Mais inquiétée par la perte de profits liée à l’arrêt de la production, elle a su installer du jour au lendemain des distributeurs de savon avec bouton pressoir, des séchoirs individuels et du gel hydroalcoolique.

Alors que l’usine est insalubre depuis des années, un service de nettoyage des locaux, des vestiaires et des douches a été mis en place. Cela est bien sûr une bonne chose. Mais la vitesse avec laquelle ce problème a été réglé fait dire aux travailleurs que c’est pour des économies de bouts de chandelles que l’hygiène et la propreté des locaux ne sont pas assurés en temps normal.

La direction a essayé de se faire bien voir en offrant un café aux salariés, qu’il faut venir boire à tour de rôle. La première réaction des travailleurs a été de dire que c’est toute l’année que le café devrait être offert, et pas seulement quand la direction veut amadouer les ouvriers.

Mais ces mesures n’ont bien entendu pas suffi pour rassurer, car on peut être contagieux pendant 14 jours sans déclarer les symptômes. Certains ouvriers ont repris, d’autres ont demandé le chômage partiel.

Mais la direction veut faire tourner l’usine quoi qu’il en coûte... à la santé des travailleurs. Elle fait du chantage menaçant de licenciements économiques en cas d’arrêt de la production. Vendredi soir, la direction a annoncé qu’elle refusait le recours au chômage partiel. Les absences seront donc considérées comme injustifiées et pourront entraîner des sanctions. De nombreux travailleurs sont outrés, car c’est une façon de faire passer le profit avant la santé.

DCX-Chrome a pourtant largement les moyens de supporter un arrêt de l’usine. L’entreprise appartient aux Delachaux, une des familles les plus riches de France. Les Delachaux possède 900 millions d’euros de fortune personnelle, fortune qui a triplé en 10 ans. Ces capitalistes ont largement de quoi payer le chômage à 100 %, et de leur poche !

Renault Flins :  Témoignage d'Olivier

Echo d'entreprise
21/03/2020

La Poste (Nantes) :  Les postiers veulent être confinés !

Echo d'entreprise
21/03/2020

Les facteurs et les autres postiers présents au centre courrier de Nantes-Bretagne ont interpellé collectivement leur direction vendredi 20 mars et demandé leur mise en confinement à domicile afin de se protéger et de protéger leurs familles et les usagers.
Les centres courriers des facteurs de Saint-Sébastien-sur Loire et Rezé, ainsi que plusieurs bureaux de poste sur Nantes sont déjà fermés pour cause de coronavirus.
Les postiers étaient nombreux à penser qu’une fois le centre courrier fermé, les masques de protection dont dispose La Poste seraient plus utiles aux soignants et autres personnels en contact avec les malades.

RATP :  Témoignage de Laurent, conducteur de bus

Echo d'entreprise
21/03/2020

RATP - Bus région parisienne :  Pour la prévention de l’épidémie c’est plus un métro de retard mais au moins dix

Echo d'entreprise
21/03/2020

Au 20 mars, la RATP s’est vue contrainte par un décret et la demande des conducteurs, à désinfecter l’intérieur des bus une fois par jour (à vérifier que ce soit fait réellement), et à mettre en place la montée par l’arrière. C’est le dernier épisode de ses multiples refus qu’on a dû combattre. Car il a fallu des coups de gueule et droits de retrait, pour l’obliger aux diverses mesures de prévention, autres que les « gestes barrière » : vitre anti-agression levée, puis demi-porte avant fermée, puis gel hydroalcoolique, puis lingettes désinfectantes, (le tout distribué nonchalamment et parfois rationné), arrêt de la vente des tickets, du savon dans les sanitaires, nettoyage du poste de conduite, des terminus et locaux de travail. Il a fallu tout arracher,. Et il faut tout vérifier, car les entreprises sous traitantes de nettoyage sont en sous effectif et n’avaient pas de protection et produits spécifiques jusqu’à deux jours. La direction continue de refuser le port d’un masque ou de gants. Même si pour ça et pour le reste, des conducteurs de bus le font sans attendre, préférant se protéger avant tout. Le service des bus a été réduit, mais maintenu y compris toute la nuit. Une partie des conducteurs est donc « mise à disposition » à domicile avec le salaire intégral, mais une partie des primes conduite sera perdue.

Beaucoup d’entre nous se demandent l’utilité de venir faire rouler des banquettes vides au risque de contracter la maladie, et il y a de l’angoisse, car c’est un espace confiné où se croisent les voyageurs. Heureusement les bus sont quasi vides. La justification d’emmener les soigants à l’hôpital cache mal le motif principal qui est d’emmener l’ensemble des travailleurs au boulot, à leurs risques et périls.

Et on apprend par le bouche à oreille que des collègues sont en arrêt maladie, suspectés d’être atteints par le covid 19. Mais sans aucune note d’information ni enquête comme il y en a eu pour les premiers cas détectés au dépôt de Thiais. Car tant que le malade n’a pas de complication entrainant une hospitalisation, il n’y a pas de dépistage, donc pas de certitude. Donc la direction n’informe pas les collègues qui ont été en contact avec le malade suspecté.

C’est un sentiment de colère, d’écoeurement qui s’exprime dans les terminus : « on est rien pour eux », « comme d’habitude ils veulent juste qu’on fasse leurs kilomètres, leurs objectifs, et on peut bien crever ».

Amazon Lauwin-Planque :  « Le business avant tout ! »

Echo d'entreprise
21/03/2020

Avec la crise sanitaire due au Coronavirus, il est recommandé de rester chez soi pour ne pas multiplier les contaminations... mais pas chez Amazon Lauwin-Planque, où le directeur du site a dit devant une assemblée de managers « Le business avant tout ! ». Ce qui a été compris par de nombreux travailleurs comme « y compris avant la santé des salariés ».

Vendredi 13 mars, après la première annonce de Macron, les briefing de début de poste ont été suspendus. Cela a été perçu comme un refus de répondre aux questions légitimes et comme une volonté de minimiser la gravité de la situation. Et la hiérarchie donne comme seule consigne de rejoindre immédiatement les postes de travail.

Dimanche 15, la direction a averti les organisations syndicales par mail que le site ne serait pas fermé, soi-disant pour que les personnes fragiles puissent recevoir les produit dont elles pourraient avoir besoin. Elle a annoncé que des mesures de sécurité allaient être prises, que du gel hydroalcoolique serait fourni aux salariés et que le RH serait présent lundi matin pour répondre aux questions.

Lundi 16 mars, pas de gel hydroalcoolique à la prise de poste... Lors du briefing, les travailleurs ont demandé des comptes aux managers, qui n’ont pas su leur répondre. Le soir, la direction donnait la consigne d’interdire d’écouter le discours de Macron et de travailler pour ne pas impacter la production. Ensemble, des travailleurs ont débrayé pour écouter l'allocution. Certains débrayaient pour la première fois.

Dès le lendemain, des travailleurs ont fait valoir leur droit de retrait. La direction a répondu qu’il n’y avait pas de danger sur le lieu de travail… alors même que cadres et direction sont en télétravail ! Des travailleurs ont été intimidés pour rester et les absents ont été pointés en absence injustifiée.

Révolté à juste titre par la situation, certains d’entre eux ont prévenu des journalistes. Ils se sont présentés sur le site… la direction les a fait expulser par le service de sécurité !

La direction prétend avoir l’autorisation du ministère de l’économie pour maintenir son activité. Avec les nombreux commerces fermés, Amazon espère bien soigner son bénéfice à la faveur de la crise sanitaire.

La santé des travailleurs et de leurs proches n'a pas à faire les frais de la rapacité et de l'irresponsabilité des capitalistes.

 

Des problèmes semblables entraînent des débrayages à Montélimar.

https://www.francebleu.fr/infos/economie-social/coronavirus-debrayage-des-salaries-d-amazon-a-montelimar-qui-veulent-la-fermeture-de-l-entreprise-1584458461

Michelin - Saint-Doulchard (Cher) :  La direction est en guerre… de classe

Echo d'entreprise
21/03/2020

Le groupe Michelin a été l’un des premiers à annoncer la fermeture de ses usines. Effet d’annonce que tous les grands medias se sont empressés de relayer.

Depuis, c’est silence total sur les décisions du groupe.

Michelin a décidé hier de ne plus avoir recours au chômage partiel, comme il l’avait dit en début de semaine, et d’imposer aux travailleurs de prendre du 18 au 31 mars – donc pour une bonne dizaine de jours - sur leur 5ème semaine de congés, leur JDR (RTT) et leur CET (Compte Epargne Temps). Autrement dit à faire supporter les conséquences de la situation par les ouvriers pour lesquels cela reviendra à venir travailler en juillet ou en août. Via les smartphones, les protestations n’ont pas tardé : être confinés à l’usine en été alors que les températures peuvent atteindre 45°C dans les ateliers, merci bien !

A partir de début avril, les usines seraient en chômage partiel payé à 80% au lieu de 70%, la direction dans sa grande générosité rajoutant 10% pour essayer de faire passer la pilule du rabotage actuel des congés payés. Mais qui dit que la direction ne changera pas de position d’ici là ?

C’est ce qui se passe pour les 80 ouvriers de l’usine de St Doulchard (près de Bourges) qui devaient travailler jusqu’au vendredi 20 pour fabriquer les pneus du F35 de l’armée américaine – production "indispensable" pour aller semer la mort aux quatre coins de la planète – qui maintenant doivent continuer à travailler jusqu'à épuisement des matières premières, week-end compris. Et cela, sans être protégés, ni masques, ni gels hydro-alcooliques, ni essuie-mains à usage unique !

Et si, en avril, le confinement est levé pour les entreprises, sous prétexte de préserver l’activité économique, dixit le ministre de l’économie, ce sera tout bénéfice pour Michelin qui, justement, en fait des bénéfices : 1,7 milliards.

C’est sur ce pactole et les dividendes versés aux actionnaires qu’il faut prendre pour maintenir l’intégralité des salaires des travailleurs.

La santé de la paye doit passer avant la santé des profits !