Présidentielle et législatives 2007

Archives Électorales
28/09/2009

10/06/2007 - Après le premier tour des législatives

Sarkozy aura donc la majorité qui lui permettra, comme il l'a dit, de tenir ses promesses. Et certainement bien d'autres promesses de mauvais coups envers les classes populaires.

Mais s'il se croit les mains libres, il a tort ! L'ensemble des salariés, non seulement les mal ou sous payés mais aussi les moyennement payés, ne se laisseront pas éternellement pousser vers la misère. Ce qui guette tous les travailleurs, ce sont les plans sociaux, les licenciements, avec la perte de leur salaire, puis la vie avec les indemnités de chômage et, enfin, le RMI, situation qui leur sera reprochée puisque "assistés".

Sarkozy, comme pendant les cinq ans de gouvernement passés et de majorité de droite, pourra continuer à assister le patronat et surtout le grand, par des sommes qui atteignent largement la centaine de milliards d'euros. Rien que l'aumône, des cadeaux fiscaux qu'il vient de faire aux plus riches pèsera de 11 à 15 milliards d'euros sur le budget de l'État. Mais cela c'est uniquement une aumône pour récompenser ses électeurs. Mais pendant cinq ans, il pourra continuer à répondre présent à toutes les sollicitations du grand capital.

Mais s'il a les mains libres à l'Assemblée il ne les a pas dans le pays. Le monde du travail est imprévisible car il peut être sujet à des colères soudaines. Il l'a montré dans le passé. La moindre petite grève ignorée peut, en certaines circonstances, se propager comme une traînée de poudre. Et de la poudre, le patronat va en répandre partout et, sans qu'on sache d'où elle vient, de Sarkozy probablement, une étincelle enflammera le tout.

Un ministre de Sarkozy a dit que le Parti Socialiste entretenait la haine des patrons chez les travailleurs. C'est prêter beaucoup au Parti Socialiste. La haine des patrons, c'est le patronat lui-même qui la suscite. Un petit exemple : il vient de se dérouler, sur une zone industrielle dans l'Etang de Berre, dans les Bouches-du-Rhône. Quelques centaines de travailleurs de Cofathec, une filiale de GdF qui est sous- traitante de maintenance dans plusieurs entreprises des raffineries et dans la sidérurgie sur le site d'Arcelor Fos, se sont mis en grève le 25 mai, pour leurs salaires. Ils cherchèrent à étendre la grève dans la zone industrielle. Et cela a marché, cela s'est étendu. Pas à l'appel des syndicats, mais dix travailleurs par-ci, trois par là, cela a touché plusieurs entreprises de la zone. Sarkozy et le patronat du voisinage ont dû prendre peur car le sous-Préfet lui-même est intervenu et le patron a cédé en grande partie aux revendications des grévistes.

Pourquoi ? Parce qu'aussi bien Sarkozy que le patronat environnant craignaient l'extension. Cela évidemment aurait été gênant à la veille d'une élection. Mais la crainte était là quand même.

Bien sûr, ils veulent faire une grande partie de leurs mauvais coups cet été, pendant les vacances. Mais l'écoeurement sera d'autant plus grand à la rentrée.

La conclusion est que Sarkozy aura une majorité de béni-oui-oui dans son assemblée qui voteront, comme un seul homme, ce qu'il voudra. Mais quant à tout faire appliquer, c'est un autre problème. Ce n'est pas l'Assemblée qui lui mettra des bâtons dans les roues, mais ce sont les grèves. De Gaulle a connu cela. Sarkozy est trop jeune pour avoir retenu toutes les leçons de l'histoire, mais chacun doit faire son expérience !

29/05/2007 - Les candidats de LO s'adressent aux travailleurs

Travailleuses, travailleurs,

Vous tous, ouvriers, employés, salariés du privé ou des services publics, qui n'avez que votre travail pour vivre sans exploiter personne,

Vous que l'âge a écartés de la vie active ou que le fonctionnement absurde de l'économie capitaliste a transformés en chômeurs,

C'est à vous, c'est à votre camp, que Lutte Ouvrière s'adresse.

Le camp des travailleurs est la principale victime de la vie chère, du chômage et de la crise du logement. En face, il y a les possesseurs de capitaux, les financiers, qui possèdent toute l'économie, exploitent des millions de salariés et pillent les servi-ces publics qui pourraient rendre service à la population s'il n'y avait la recherche du profit.

Aucun parti ne défend vraiment les intérêts des travailleurs. Les partis de droite sont ouvertement au service des plus riches. Chacune de leurs mesures, y compris les plus mesquines, sont cyniquement destinées à avantager les plus favorisés. Exemple, le plafonnement des impôts sur le revenu qui avantage les plus gros revenus ou, encore, la suppression des droits de succession qui favorise bien plus les grandes fortunes que les moins fortunés.

Comme chaque fois, on nous présente les élections législatives à venir comme un évènement décisif où, avec le bulletin de vote, nous tenons notre avenir entre nos mains. Pourtant, les élections ne changent pas la vie, mais, en revanche, elles contribuent à faire oublier la réalité sociale.

Mais c'est seulement aux exploités qu'on essaie de faire oublier leurs intérêts propres en présentant les intérêts des patrons comme l'intérêt de toute l'économie et, par conséquent, l'intérêt général auquel les travailleurs devraient sacrifier leurs propres intérêts. Par contre, les patrons savent défendre leurs intérêts de classe et ils n'ont même pas besoin pour cela de leur organisation, le Medef, qui pourtant sait se faire entendre auprès de tous les gouvernements.

Or, les grands partis de gauche, le PS et le PC, sous prétexte de réalisme, défendent fondamentalement, une fois au pouvoir, les mêmes intérêts. Après avoir perdu la présidentielle, le Parti socia-liste prétend qu'il faut élire le maximum de ses candidats pour créer un "contre-pouvoir" à l'UMP. Mais chacun peut juger que l'UMP et ses alliés seront majoritaires et que les députés du Parti socialiste ne pourront rien faire, même s'ils le voulaient. Ce qui n'est même pas le cas.

L'écrasante majorité de la société souffre de la mainmise de la finance et de ses lois sur la vie. Mainmise pour laquelle le patronat n'a pas besoin d'être élu à la tête du pays. D'une part, son poids économique le rend plus puissant que le gouvernement. Par ailleurs, il est toujours représenté à la tête de l'État aussi bien par la droite que par la gauche gouvernementale.

La seule force sociale qui pourrait contrôler le fonctionnement des entreprises, le fonctionnement de l'économie et limiter la puissance des financiers et de leurs conseils d'administration, ce sont les salariés des grandes entreprises, des banques, des organismes financiers, de la grande distribution, car ils sont concentrés précisément dans les lieux où les profits se créent par leur travail.

Pour un programme de défense des travailleurs

Les candidats de Lutte Ouvrière se présentent dans ces élections législatives parce qu'il est vital pour les travailleurs de prendre conscience de leurs intérêts et de se donner un parti pour les défendre.

À la base de ces intérêts politiques, il y a la conviction d'appartenir à une même classe sociale et la certitude qu'en raison de leur nombre et de leur place irremplaçable dans la production, les travailleurs ont la force de peser sur la vie politique et les structures injustes de l'économie.

C'est l'idée qu'ont défendu, il y a très long-temps, le PS puis le PC avant de trahir les intérêts du monde du travail. L'un comme l'autre sont devenus des partis qui se présentent comme la seule perspective favorable possible mais qui, une fois au pouvoir, gouvernent dans l'intérêt exclusif des exploiteurs.

C'est pourquoi il est nécessaire de créer un parti qui soit réellement au service des intérêts sociaux et politiques de l'immense camp des travailleurs. Mais, pour le construire, nous avons besoin de votre aide et au moins de votre soutien.

Les candidats de Lutte Ouvrière affirment la nécessité de transformer la société. Mais cette transformation exige qu'une majorité du monde du travail fasse sien cet objectif. Même pour simplement se défendre dans le cadre du système existant, il faut que les travailleurs se donnent un programme qui, imposé au gouvernement et au grand patronat, pourrait changer le rapport de force entre patronat et travailleurs.

C'est ce programme que défendent les candidates et les candidats de Lutte Ouvrière. Nous mettons en tête de ce programme le contrôle par les travail-leurs, par les associations, par toute la population des comptabilités et des projets de toutes les grandes entreprises, sans oublier les moyennes et les petites qui dépendent des grandes. Pour cela, il faut abolir le secret commercial et le secret bancaire, et c'est possible ! C'est une condition indispensable pour que les travailleurs d'une entreprise ou ses usagers puissent porter à la connaissance du public tous les choix de l'entreprise, et en particulier ceux qui sont néfastes pour la collectivité et peuvent rui-ner une région.

Les candidats de Lutte Ouvrière exigent le rattrapage du niveau de vie aussi bien pour les plus bas salaires que pour les autres, comme l'arrêt de toute subvention aux entreprises capitalistes pour consacrer cet argent à créer des emplois dans les services publics ou, encore, une augmentation de l'imposition sur les bénéfices des sociétés pour pou-voir construire le nombre de logements sociaux qui manquent de façon dramatique. Mais les avancées dans ce domaine ne pourraient être préservées qu'à condition d'imposer le contrôle de la population sur les comptabilités et les projets des grandes entreprises. C'est le seul moyen, en étant au courant à l'avance, de prévenir les licenciements, les fermetures ou les délocalisations.

Voter Lutte Ouvrière

Il n'y a rien à espérer des résultats de ces législatives si elles prolongent seulement le même duel qu'à la présidentielle entre deux formations, l'UMP et le PS, qui toutes les deux appliquent au pouvoir la politique de la bourgeoisie.

Il est évident que, dans la foulée de la victoire de Sarkozy à la présidentielle, c'est la droite qui l'emportera. Le nouveau président disposera d'une majorité parlementaire à sa botte pour mener la politique anti-ouvrière qu'il a annoncée.

Mais il est ridicule de prétendre, comme le fait le PS qu'en votant largement à gauche, on peut contrebalancer le pouvoir de Sarkozy. Ce n'est pas vrai. Le PS vise simplement quelques députés de plus.

En effet, la Constitution est faite de telle façon qu'une minorité parlementaire n'a aucun moyen face au pouvoir du président de la République et du gouvernement. Un député de gauche de plus ou de moins ne fera rien pour les classes populaires. Les bulletins de vote ne permettront pas aux exploités de voir leur vie changer, mais, en revanche, c'est un moyen de donner de faux espoirs.

Les votes pour les candidats de Lutte Ouvrière exprimeront qu'une partie, fut-elle petite, de l'électorat ouvrier ne fait pas confiance aux bulletins de vote pour changer son sort et qu'elle se pro-nonce pour les seuls objectifs qui pourront unifier et orienter les luttes de demain vers l'efficacité.

18/05/2008 - Plus de 560 candidats aux législatives

Le 10 juin prochain, au premier tour des élections législatives, Lutte Ouvrière présentera plus de 560 candidates et candidats : en France métropolitaine, en Guadeloupe, à la Martinique et à la Réunion.

Dans pratiquement toutes les circonscriptions, les idées que nous défendons seront donc représentées.

Quelle que soit la composition de l'Assemblée qui sortira de ces élections, la population laborieuse ne pourra pas faire l'économie de luttes importantes et résolues pour se défendre. Le patronat, qui n'a pas changé, et le pseudo "nouveau" gouvernement ne laisseront pas d'autre choix aux travailleurs.

Sarkozy gouvernera, évidemment, au profit des plus riches et, pour cela, il va chercher à imposer de nouveaux sacrifices aux travailleurs. Salaires, conditions de travail, retraites, Sécurité sociale, services publics... dans tous les domaines, la bourgeoisie attend de Sarkozy qu'il impose de nouveaux reculs à la population laborieuse. Tout comme elle l'aurait exigé et obtenu en grande partie de Ségolène Royal, si elle avait été élue.

Les élections peuvent modifier une majorité parlementaire, voire la composition d'un gouvernement, mais elles n'affectent en rien le pouvoir du grand patronat sur la vie économique du pays et sur l'existence de celles et ceux qui y vivent.

Ministres, présidents, députés peuvent changer, il reste la volonté du grand patronat d'aggraver le sort des classes populaires pour accroître la richesse d'une minorité de possédants.

Ce qui peut mettre cette volonté en échec n'est pas qu'il y ait un peu plus ou un peu moins de députés de tel ou tel parti. La seule chose que pourraient faire des députés qui se voudraient vraiment au service des travailleurs, ce serait de se servir du Parlement comme d'une tribune. Mais c'est la détermination des travailleurs à ne pas se laisser faire, leur conscience que seule leur lutte collective permettra d'améliorer leur sort, ou même simplement d'éviter de nouveaux reculs, qui seront déterminants.

Le patronat et les gouvernants ne connaissent que les rapports de forces. Pour stopper leur offensive, il faudra, sous Sarkozy, comme il l'aurait fallu sous Ségolène Royal, que les travailleurs ne baissent pas les bras, ne se laissent pas démoraliser par sa présence à la présidence, et reprennent le chemin des luttes pour imposer leurs exigences.

Il n'y a pas d'autre voie ! Les objectifs que doit se fixer le monde du travail, les candidats de Lutte Ouvrière seront dans ces élections pour les défendre aux yeux de tous les salariés.

Il faut en effet comprendre qu'il ne faut pas attendre les licenciements, les fermetures d'entreprises ou la baisse du niveau de vie pour se défendre, sans succès, les uns après les autres.

Nous sommes, ouvriers, employés, infirmières, enseignants et quels que soient notre emploi, notre catégorie professionnelle ou même notre salaire, une même classe sociale, celle des travailleurs salariés. Et c'est unis que nous devons prendre l'offensive contre les patrons au lieu d'attendre d'être attaqués isolément.

C'est pour convaincre de tout cela le maximum de travailleurs que le millier et plus de candidates, de candidats, de suppléantes et de suppléants de Lutte Ouvrière se présentent aux élections dans tout le pays, avec le soutien de tous les militants de notre parti et, nous l'espérons, avec celui du maximum d'électrices et d'électeurs du monde du travail.

15/05/2008 - Pour un programme de défense des travailleurs

Sarkozy ne s'en est pas caché, ni lors de l'élection présidentielle, ni ostensiblement avec sa croisière dans le yacht de luxe du milliardaire Bolloré, il gouvernera pour les plus riches et ce n'est pas l'opposition parlementaire du Parti socialiste qui y mettra un frein.

En guise de politique sociale, Sarkozy propose à ceux qui veulent gagner plus de faire des heures supplémentaires, s'ils ont un emploi, et si leur patron éprouve la nécessité d'y recourir.

Aux mal-logés et aux sans-logis, il propose de devenir propriétaires de logements qu'ils n'ont pas ou dont ils ne peuvent même pas payer le loyer !

Quant au chômage, il a inventé le slogan "le travail crée le travail" et, en conséquence, il compte user encore plus au travail ceux qui en ont, en faisant croire qu'il en résultera des retombées pour ceux qui n'en ont pas. Il veut supprimer l'emploi d'un travailleur du service public sur deux qui part à la retraite. Il se prépare à s'en prendre au droit de grève et à la retraite des cheminots.

Alors, si nous ne savons pas quels seront les hommes qui composeront le futur gouvernement, nous savons que la politique qu'il mènera continuera, en pire, en plus cynique, celle menée par Villepin et Raffarin sous la présidence Chirac. Mais le pourront-ils ? Cela ne dépend pas que d'eux. Cela dépend avant tout des réactions des travailleurs.

La situation du monde du travail nécessite des réponses aux problèmes graves qui se posent, comme le chômage de masse, la baisse du pouvoir d'achat et la disparition du logement populaire. Pour que les choses changent, ne serait-ce qu'un peu, les travailleurs auront à mener des luttes sérieuses, importantes et déterminées, pour des objectifs qui changent vraiment la situation du monde du travail.

Il faut un programme de défense des travailleurs qui passe par :

- D'abord, l'abolition des lois sur le secret commercial et le secret bancaire. C'est une condition indispensable pour que les travailleurs, les consommateurs, la population, puissent soumettre à leur contrôle, au jour le jour, la comptabilité des entreprises et des banques, leurs stratégies, leurs projets à court et à long terme, notamment ceux qui visent à supprimer des emplois ou à délocaliser.

- Ensuite, la suppression de toutes les aides de l'État au grand patronat pour consacrer ces sommes colossales à créer des emplois dans les hôpitaux, l'Éducation nationale, la construction de logements sociaux, tous les services publics.

- Et, enfin, l'augmentation de l'imposition des bénéfices des entreprises capitalistes, ainsi que les hauts revenus, afin d'obliger les classes riches à abandonner une partie de leurs privilèges pour augmenter les salaires et pour contribuer davantage au budget que l'État doit consacrer à créer des emplois et à construire des logements populaires.

Les candidats de Lutte Ouvrière défendent ces objectifs. Plus nombreux seront les suffrages qui les approuveront, plus cela contribuera à les populariser pour que les travailleurs les mettent en tête de leurs revendications dans les luttes à venir. Des luttes inévitables car le sort des classes populaires ne doit pas continuer à se dégrader. C'est trop important pour l'avenir des jeunes générations.

Le vote pour les candidats Lutte Ouvrière permettra aux classes populaires d'affirmer une hostilité radicale au grand patronat et à Sarkozy. C'est un vote de conscience de leurs intérêts et de confiance envers les luttes qui seront seules capables d'imposer un programme de défense des travailleurs.

06/05/2007 - Déclaration d'Arlette Laguiller au soir du second tour

Ainsi, les classes populaires vont donc subir la présidence de Nicolas Sarkozy pendant les cinq prochaines années et un ou plusieurs gouvernements dont la politique sociale sera dans le droit fil de celle des gouvernements que nous connaissions depuis cinq ans et qui furent les pires de tous ceux que nous avons connus jusqu'à présent.

Bien sûr, le programme de Ségolène Royal n'aurait rien changé aux problèmes fondamentaux qui accablent aujourd'hui les classes populaires comme la baisse du pouvoir d'achat, le chômage et la disparition du logement populaire.

Mais Nicolas Sarkozy non seulement ne changera rien à ces problèmes mais il aggravera dans bien des domaines la vie quotidienne. Il ne s'en est pas caché. À ceux qui auront besoin d'une augmentation de salaire, il répond déjà, en substance, qu'ils n'ont qu'à se lever plus tôt et travailler plus.

Aux sans-logis ou aux mal-logés, il n'offre rien, pas même de bonnes paroles. Le ruisseau sera assez bon pour eux ! Car la croissance, quand il en parle, ce n'est pas pour eux, c'est à leur détriment.

Quant au chômage, non seulement il n'envisage rien de sérieux pour le réduire à part, comme pour tout le reste, de faire la chasse à ceux qu'il appelle des faux chômeurs ou des faux malades.

Le monde du travail ne doit cependant pas baisser la tête car cette élection n'est pas une catastrophe. Même si Ségolène Royal avait été élue, nous aurions dû entrer en lutte, et même des luttes sérieuses, importantes et déterminées pour que les choses changent ne serait-ce qu'un peu pour nous.

Avec Nicolas Sarkozy, il en ira de même et les luttes devront être les mêmes, aussi déterminées mais pas plus.

Tout dépend du monde du travail, de sa détermination et de la conscience qu'il aura que le bulletin de vote n'est qu'un chiffon de papier et que seules les luttes peuvent payer. Les principales luttes qui se sont déroulées depuis des dizaines d'années l'ont été dans des situations où la droite était au pouvoir.

Alors, ne soyons pas abattus. L'avenir de la société et le progrès social dépendent des travailleurs et sont entre leurs mains. Et tout dépend donc de nous tous !

Arlette Laguiller, le 6 mai - 21h

23/04/2007 - Déclaration d'Arlette Laguiller au soir du premier tour de la présidentielle

Tout d'abord, je remercie de leur confiance et de leur conscience celles et ceux qui m'ont apporté leurs suffrages et leur soutien.

Comme il était évident, ce sont Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal qui vont disputer le deuxième tour.

La crainte de voir Bayrou ou Le Pen dépasser Ségolène Royal n'était entretenue que pour favoriser, dès le premier tour, un vote abusivement présenté comme utile.

Pour revenir sur le passé, je ne regrette pas, loin de là car j'en suis fière, d'avoir été la seule à refuser en 2002 d'appeler à choisir entre deux hommes de droite et à refuser de voter pour Chirac, Chirac qui avait Sarkozy dans ses bagages. Et cela pour, paraît-il, faire barrage à Le Pen qui n'avait guère gagné de voix au premier tour et qui était présent au deuxième tour uniquement parce que Jospin, par sa politique, avait perdu deux millions et demi de ses électeurs.

Chirac aurait été largement élu avec les seules voix de la droite. Le Pen n'avait donc aucune chance d'être élu mais, maintenant, Sarkozy a bien des chances de l'être.

Aujourd'hui Le Pen est toujours là et il l'est encore plus au travers des idées de Sarkozy, qui valent bien celles de Le Pen.

En effet, ceux qui, trompés par l'appel du Parti socialiste et du Parti communiste qui voulaient ainsi éviter d'avoir à s'expliquer sur les raisons qui leur avaient fait perdre à eux deux quatre millions de voix, ont voté pour Chirac, ont dû subir Sarkozy pendant cinq ans et le retrouvent maintenant bien plus puissant que Le Pen ne l'était.

Alors, à ce deuxième tour d'aujourd'hui, il n'y a aucun vote utile pour les travailleurs.

Car Sarkozy, bien évidemment, et Ségolène Royal pas plus que lui, ne lèveront le petit doigt pour résoudre les problèmes majeurs des classes populaires que sont le chômage, la baisse continuelle du niveau de vie ou la dramatique crise du logement.

Cependant, je souhaite de tout coeur que Sarkozy soit battu, car son arrogance ne mérite que cela et son programme ne vise qu'à combler de cadeaux le patronat et, en particulier, le plus puissant. Les mesures qu'il a annoncées sont dans la continuation de ces cinq ans du pire gouvernement que nous ayons eu depuis longtemps, c'est-à-dire pressurer les pauvres pour donner plus et plus à ceux qui s'enrichissent aux dépens de la population.

Je voterai donc pour Ségolène Royal. Et j'appelle tous les électeurs à en faire autant. Mais si je fais ce choix c'est uniquement par solidarité avec tous ceux qui, dans les classes populaires, déclarent préférer "tout sauf Sarkozy".

Je rejoins et je partage leur volonté de chasser Sarkozy, mais je leur dis pourtant que Ségolène Royal n'améliorera pas, pas plus que Sarkozy, le sort des classes populaires.

Aussi bien Ségolène Royal que Sarkozy sont dans le camp du capital, dans le camp des spéculateurs, des exploiteurs et des licencieurs et en sont de bons et loyaux serviteurs. L'un et l'autre ne feront que favoriser la grande bourgeoisie, comme ils l'ont tous deux fait dans les gouvernements auxquels ils ont participé soit actuellement, soit il y a cinq ans.

C'est leur appartenance commune au camp du grand patronat qui leur rendra impossible, à l'une comme à l'autre, de résoudre les problèmes essentiels de la population, c'est-à-dire avant tout, je le répète, le chômage massif, la crise dramatique du logement populaire et la baisse continuelle du pouvoir d'achat.

Les résultats de ce premier tour laissent supposer, si l'on fait le total des reports à gauche comparé aux reports à droite, que Ségolène Royal n'a que peu de chance de l'emporter au second.

Mais c'est elle qui a choisi un tel risque ! Choisi de faire une campagne neutre, plus tournée vers le patronat grand et moyen, que vers les classes populaires.

Des cadeaux précis pour le premier, uniquement des mots vagues pour les seconds.

Une campagne incapable de soulever l'enthousiasme de ceux qui sont écartés du progrès social, une campagne qui ne comptait que sur l'effet de repoussoir de Sarkozy et qui ne voulait pas déplaire au patronat.

Mais le désespoir ne suffit pas à susciter l'espoir.

Alors, si c'est sans réserve que j'appelle à voter pour Ségolène Royal, c'est absolument sans illusion sur ce qu'elle-même, et tous les anciens ministres, que sont les dirigeants du Parti Socialiste, feront s'ils parviennent au pouvoir.

Je suis absolument solidaire de toutes celles et de tous ceux qui veulent voter pour Ségolène Royal. Mais je leur dis qu'ils seront immanquablement et très rapidement déçus, comme ils l'ont été il y a cinq ans par le gouvernement Jospin.

Ségolène Royal si elle est élue, ne sera pas pire que Sarkozy, mais elle ne sera pas meilleure ! Elle ne prendra peut-être pas toutes les mesures en faveur des privilégiés que la droite prend en ce moment, mais sous son mandat, et avant même le terme des cinq ans, nous aurons bien des désillusions, comme nous en avons eu avec le précédent gouvernement socialiste.

A moins de lui imposer, exactement comme nous aurions à les imposer à Sarkozy, nos principales revendications par des mouvements sociaux suffisamment forts et solidaires.

J'ai dit tout cela dans ma campagne, mais beaucoup d'électeurs ont pensé qu'ils devaient faire, au premier tour, un vote qu'ils ont cru utile.

A ceux-là je dis qu'ils se sont trompés.

Leur vote du premier tour n'aura été ni un vote ni un choix utile. Quant au second tour, peut-être servira-t-il, je l'espère, à écarter Sarkozy, mais il ne servira pas à écarter une politique pro-patronale, que ce soit Sarkozy ou Royal qui l'applique.

Mais c'est donc pour m'associer aux souhaits qui sont sans doute ceux de la majorité du monde du travail, ce monde qui a toujours été et est encore mon seul camp, que je choisis de voter et d'appeler à voter pour Ségolène Royal.

Mais je suis convaincue que tous les travailleurs devront, quel que soit l'élu, se retrouver très rapidement, ensemble, sur le chemin des luttes.

Arlette Laguiller