Paris 2024

Populaires, les Jeux ?

Brève
19/03/2023

 Le 14 mars, à 500 jours du coup d’envoi des Jeux olympiques de Paris 2024, Emmanuel Macron a reçu à déjeuner les responsables de la trentaine d’entreprises partenaires et a fait un point d’étape. Partout dans le monde, les populations sont de plus en plus réticentes voire hostiles à l’organisation chez elles de JO et à la gabegie d’argent public qu’ils représentent, alors que tant de besoins essentiels ne sont pas satisfaits. Les JO sont des mannes pour les entreprises du BTP, de l’hôtellerie, de la restauration, de la sécurité, de l’informatique, etc. Et ce sont les collectivités locales et les États, et donc les contribuables, qui paient la facture. Aussi, pour faire accepter les JO de Paris au public, le gouvernement et la mairie les ont vendus comme « populaires », « pour tous », « écologiques », et surtout « bon marché ».

Ces dernières semaines, ce conte de fées a commencé à être écorné lors de la vente d’un tiers des 10,5 millions de billets. Le Comité d’organisation (COJO) avait vanté la vente de places à 24 euros, en réalité, moins de 10 % du total des billets. Comme les acheteurs en ont fait l’expérience, il ne restait que des places à 100 euros ou plus, jusqu'à 690 euros pour l’athlétisme. Les témoignages se sont multipliés sur des paniers dépassant les 600 euros pour un couple ou plus, sans compter les frais de transport et d’hébergement. Des places à 24 euros existaient bien, pour épreuves où le spectateur ne voit pas grand-chose, sauf à rester devant son poste de télévision.

C’est qu’il faut que la billetterie rapporte. Toutes les éditions précédentes des JO ont explosé les budgets prévisionnels, et Paris 2024 ne devrait pas faire exception. De vastes équipements sont en construction. Le COJO insiste sur le fait que, à l’instar du village olympique des athlètes, censé devenir ensuite un quartier d’habitation entre Saint-Denis et Saint-Ouen, tous les équipements seront utiles après les JO pour les populations locales. On peut être sceptique.

Par exemple, un centre aquatique olympique est construit à Saint-Denis, pour accueillir les épreuves de water-polo, de plongeon et de natation artistique. Il s’agit d’un immense bâtiment de 30 mètres de haut, face au Stade de France. Il va coûter au bas mot 174 millions d’euros, soit l’équivalent d’une douzaine de piscines municipales. Les enfants et les habitants de la commune et du département pourront-ils l’utiliser après les JO ? À quel prix ? Les choses ne sont pas claires. Pourtant, à Saint-Denis, 72 groupes scolaires doivent aujourd’hui se partager une seule piscine. La Seine-Saint-Denis ne compte que 36 bassins pour 1,6 million d’habitants et il n’est pas étonnant que la moitié des enfants ne savent pas nager quand ils arrivent au collège. Plus généralement, en France, plus d’un tiers des 300 000 équipements sportifs ont au moins 40 ans, et c’est le cas de 62 % des piscines publiques.

Alors, pour le « sport pour tous », il faudra patienter : les quelque 5 milliards que vont coûter ces Jeux iront d’abord au sport business, et même au business tout court.

Caisses d'Allocations Familiales (région parisienne)

La moutarde monte au nez

Brève
17/03/2023

La Convention d'Objectifs et de Gestion 2018-2022, document qui encadre l'évolution des organismes de sécurité sociale, n’a remplacé qu’un départ en retraite sur cinq et a supprimé 2 100 CDI. Il ne faut pas s'étonner que les stocks retard augmentent . Les heures supplémentaires en semaine, démarrés en janvier, continuent dans le Val-de-Marne. La stratégie du gouvernement consiste à maintenir nos salaires faibles afin de trouver des volontaires pour les faire. En 2021, il y a eu 396 000 heures supplémentaires effectuées dans les CAF. Cela prouve qu’il a manqué 200 employés. Cela montre que ce sont des embauches qui sont nécessaires, et non des heures supplémentaires.

Du fait du manque de personnel, des incidents éclatent dans les accueils des CAF ou des centres de sécu, en province ou à Paris, les allocataires expriment leurs récriminations : dossiers en attente, indus incompréhensibles, attente d'au minimum 3 semaines pour obtenir un rendez-vous pour connaître le motif du blocage du dossier... Et le personnel subit parfois des agressions. Pour rester zen en pareille situation, il faut poser le stylo et imposer des embauches pour alléger le travail.

La grève en Guadeloupe peut servir d'exemple : elle a débuté le 7 février 2023, pour la réouverture du centre d’accueil de St François et l’embauche de 100 CDI. Comme ici, le travail à l’accueil est infernal : paroles agressives, difficultés pour obtenir des rendez-vous, dossiers non traités. Et devant la détermination des employés, la direction s’est engagée à rouvrir l’agence St François embaucher du personnel supplémentaire. Comme quoi, la lutte paie !

Hôpital Saint-Louis (Paris 10e)

Sabotage en bande organisée

Brève
17/03/2023

Extraits du bulletin Lutte Ouvrière :

"En Urologie, on tourne avec la moitié de l'effectif infirmier, une le matin, une l'après-midi et une de la Suppléance en douze heures, de 7h à 19h. Mais qui s’occupe des patients entre 19h et 21h ? Une seule infirmière, pour 24 patients !" 

"Un matin, les consultations dermatologiques sans rdv, au rez-de-chaussée, ont été limitées à 17. Tous les patients arrivés après la 18ème place ont été priés de rentrer chez eux, sans avoir été pris en charge. Un couple de retraités, venu de banlieue, a exprimé sa stupéfaction : « C’est donc ça, l’hôpital public ? Quelle honte ! » "

" En Urologie, dimanche 12 mars, il y avait 19 patients, alors que 16 lits étaient officiellement ouverts."

" Ce week-end, au Brancardage, l'effectif était de deux le matin, et deux le soir. Il y a quelques semaines, c’était quatre le matin et deux le soir. Le nivellement par le bas, c’est une obsession, chez ceux qui dirigent."

" En Dermatologie, le week-end du 11-12 mars, la moitié des lits (9 sur 18) ont dû être fermés, faute de soignants. Neuf lits ont été rouverts dès le début de semaine, les trous laissés par les collègues absents ayant été bouchés par des intérimaires ou des collègues en heures supplémentaires."

" Dans certains services, le sous-effectif a rendu la charge de travail tellement lourde que les infirmiers intérimaires viennent une fois... et repartent en courant, jurant qu’ils ne reviendront plus jamais. En maintenant nos services dans le sous-effectif, la direction les a transformés en repoussoirs."

" Des lits fermés, c’est des patients laissés sans soins. Si on en arrive là, c’est à cause de la politique de l’AP-HP : une politique d’économies criminelles."

Hôpital Tenon (Paris 20e)

Rush hour ? Non, une semaine ordinaire

Brève
06/03/2023

Le premier week-end de mars, en chirurgie plastie et ORL, les salariés de l'hôpital étaient complètement débordés après le transfert de nombreux patients venus de différents services, avec des pathologies très différentes. En médecine, il est fréquent la nuit qu'il n’y ait qu’une aide-soignante pour 22 patients, alors que certains relèvent de la gériatrie ou sont grabataires. A l’hôpital de jour de néphrologie, la semaine précédente, c’était le branle-bas : à cause d'un germe dangereux, il a fallu tout déménager, les lits, les traitements, la pharmacie, les ordinateurs... Il ne manquait que les déménageurs professionnels. Si l’hygiène est censée être une priorité à l’hôpital, dans certains services il manquait des lavettes toute la semaine. Nettoyer et désinfecter sans matériel, c’est Mission impossible, sans Tom Cruise ! En néphrologie, c'est trouver une pompe volumétrique pour une injection qui relève du défi ou de la chasse au trésor : il faut se déplacer dans d’autres services pour en demander. A Babinsky porte 2, c'est l’ascenseur qui ne fonctionne plus depuis plusieurs semaines : surmené, comme tout le personnel, il a fini par s'arrêter.

Avec ce sous-effectif chronique à l’hôpital, poser ses vacances n’est pas une mince affaire. C’est encore pire si on prend des congés à cheval sur deux mois. Avec des plannings établis mois après mois, il peut arriver qu'une partie des jours soit acceptée et pas l’autre.

C'est une semaine ordinaire, telle que la rapporte le bulletin LO de l'hôpital. Mais pas de quoi perturber les week-end ou les semaines de la direction.

Carrefour Belle-Epine (Thiais 94)

De plus en plus fort

Brève
03/03/2023

La recherche de profits retombe sur les clients et le personnel. Côté personnel, c'est le projet TOP en caisse, avec chasse aux temps morts et polyvalence. Une manière pour la direction de restructurer pour rendre le magasin plus rentable... sur le dos du personnel. Il manque de personnel : on voit de plus en plus souvent les chefs de secteur et le directeur faire de la manutention dans les rayons et en dehors. Au début de la semaine, les commandes n’ont pas été faites aux fruits et légumes : plus une tomate dans le magasin et la travée bio vide. A force de sous-effectif, ça finit par se voir. Avec leurs économies de bouts de chandelles, ils finissent par mettre en danger la sécurité de tout le magasin : les issues de secours sont souvent obstruées par des palettes qui tardent à être descendues dans les réserves ou dont les produits tardent à être mis en rayon.

Selon le journal Le Parisien, le panier de courses de base a augmenté de 15% depuis février 2022, il faut imposer que les salaires et les pensions soient augmentés et indexés sur la hausse des prix... réelle. Côté Carrefour, les coffres-forts sont pleins : le groupe a annoncé 1,35 milliard d'euros de bénéfice, soit une hausse de 26 % par rapport à 2021. A part ça, il n' y a pas de quoi augmenter les salaires ou baisser les prix pour les clients ! 800 millions d’euros vont être dépensés par Carrefour pour racheter ses propres actions et en faire augmenter la valeur. Ceux-là, quand ils ne sont pas ingénieux pour faire travailler plus, ils le sont pour faire gonfler artificiellement leurs profits.