”L'unité nationale est un mensonge”

La leader de Lutte ouvrière était en meeting, hier soir, à Marseille.

Pour vous, qu’est-ce qui a changé depuis les attentats de Paris ?

Ils nous ont bouleversés comme tout le monde. Et je crois que, oui, il y aura bien un avant et un après le 13 novembre. Politiquement, ça a changé la situation.

Là, on voit qu’on est dans une espèce d’union sacrée entre la droite, le Front national et le gouvernement pour finalement prendre un virage guerrier, un virage sécuritaire... De notre côté, nous rejetons cet appel à l’unité nationale. Qui est une escroquerie et un piège pour les travailleurs. Comme nous rejetons, depuis longtemps, les politiques prônés par de tous ces grands partis, du PS, de la droite ou du FN, qui nous expliquent que la politique qu’ils mènent, toujours favorable au grand patronnât, l’est aussi pour les travailleurs et les chômeurs. Ce qui est un mensonge! Bien sûr, les marchands d’armes et les trusts pétroliers ont intérêt à cette guerre. Mais aucun ouvrier, aucun chômeur, aucun travailleur n’y a intérêt. L’autre raison pour laquelle nous sommes opposés, également, à l’état d’urgence, c’est que cela conforte un climat nauséabond. Parce que ça pointe du doigt les étrangers, les immigrés. Et que, finalement, ça fait le lit du FN. Qui est pourtant là comme les autres pour servir la grande bourgeoisie.

Comment expliquez-vous que le FN parvienne à capter une partie du vote ouvrier ?

Le FN a toujours fait son fonds de commerce sur les peurs et les préjugés racistes... Il y avait déjà nombre de travailleurs écoeurés, qui se sont sentis floués, trahis, abandonnés par la politique du gouvernement. Et qui regardaient du côté du FN. Mais là, le contexte des attentats, évidemment, ça les aide. Il faut quand même constater que le gouvernement et la droite leur servent la soupe ! Quand Hollande puise une bonne partie de ses mesures sécuritaires dans le programme du FN, c’est une façon de les conforter. Comment voulez-vous, dans ces circonstances, qu’ils n’aient pas un boulevard devant eux?

Pourquoi présenter en Paca et ailleurs des listes LO dans une élection traditionnellement défavorable aux petits partis? À l’inverse du NPA qui a préféré renoncer...

Le NPA a appelé à voter pour nos listes.... Et pour nous, non, ce n’est pas une élection compliquée. Pourquoi le serait-elle ? Parce qu’on va faire un petit score ? Mais nous sommes effectivement un courant minoritaire ! Alors oui, nous serons une petite voix. Mais nous voulons montrer qu’il y a dans le monde du travail des femmes et des hommes qui ne se résignent pas et qui sont conscients de leurs intérêts. Et surtout, qui tiennent à les mettre en avant."

Propos recueillis par L.D’A