Nathalie Arthaud : "Je suis du camp des travailleurs" : ANNONAY / VALENCE | La candidate à la présidentielle (Lutte ouvrière) est en “meeting”, demain et jeudi
Si Nathalie Arthaud obtient ses parrainages, il y aura une candidate drômoise à l’élection présidentielle. Comme en 2012. La native de Peyrins avait alors réuni 0,56 % des suffrages au nom de Lutte ouvrière. Le parti autoproclamé des travailleurs et de la révolution du prolétariat contre le patronat et le capitalisme. Elle tient un meeting, ce mercredi, à 18 h 30, à Annonay (salle Jean-Jaurès) et un autre, à Valence, jeudi, à 19 heures, au parc des Expositions (salle Espace). Les patrons ne sont pas forcément les bienvenus...
En tant que révolutionnaire et communiste, où vous placez-vous sur l’échiquier politique ?
« Dans cette campagne, comme en 2012, je ne me revendique pas de la gauche, je me revendique du camp des travailleurs. C’est une escroquerie de penser que les frontières politiques sont la gauche et la droite. Les deux se sont succédé au gouvernement pour mener la même politique favorable au grand patronat, aux banquiers, aux plus riches. À chaque fois, ils ont fait reculer la condition ouvrière. »
Comment comptez-vous renverser la table hors du clivage traditionnel ?
« Je me présente déjà pour faire entendre le camp des travailleurs, des ouvriers, employés, chômeurs, travailleurs à la retraite [sic]. Celui des exploités qui ont des intérêts à l’opposé de tout ce qu’on nous raconte sur la compétitivité, la nécessaire flexibilité, sur ce problème du coût du travail… Tout ça pour préparer le combat nécessaire contre le patronat, pour préparer un nouveau rapport de forces des luttes collectives autour d’objectifs communs. »
Quels sont ces objectifs communs ?
« Notamment éradiquer le chômage car tous les travailleurs ont droit à un emploi, à un travail, à un salaire. Cela commence par interdire les licenciements et les plans de suppression d’emploi. Il faut créer des millions d’emplois en répartissant le travail entre tous. Évidemment, en diminuant le temps de travail de ceux à qui on impose des heures supplémentaires, des semaines à rallonge et en créant, à côté, de nouveaux postes de travail pour toute cette jeunesse condamnée à l’inactivité. »
Travailler moins pour gagner moins donc ?
« Eh bien non ! Sur les salaires, nous disons que vivre aujourd’hui avec moins de 1800 euros par mois, c’est être plongé dans des difficultés sans nom, c’est compter son argent, c’est ne pas pouvoir se chauffer comme il le faut, c’est ne pas pouvoir payer des études correctes à ses enfants. Il faut donner ce salaire, a minima, à tous. »
Qui doit financer ces massives hausses de salaire : l’État ou les entreprises ?
« C’est évidemment au patronat de payer ! On se demande toujours comment augmenter les salaires, où trouver de l’argent. On ne se pose jamais la question de savoir où trouve-t-on l’argent de ces dividendes extravagants, l’argent pour payer les PDG 400 fois le Smic. On le trouve dans les profits de l’entreprise, dans les bénéfices produits et réalisés par l’ensemble des salariés. Ceux qui fabriquent les profits et qui font la prospérité de ces grands groupes. »
Libre concurrence et profits sont définitivement néfastes ?
« Je serai, en effet, la seule candidate communiste [le PCF soutient Jean-Luc Mélenchon, NDLR]. La seule à considérer que l’économie capitaliste pousse vers le précipice. Cette économie, ce sont les crises, ce sont les guerres, c’est le terrorisme qui en découle. Les travailleurs doivent affirmer qu’ils n’ont rien à préserver dans cette société capitaliste et qu’ils ont tout intérêt à la remettre en cause. »
Pourquoi ce “camp des travailleurs” devrait-il voter pour vous ?
« Quand on est travailleur, ouvrier, chômeur ou retraité modeste, voter pour Fillon, Valls, Le Pen, Macron, c’est voter contre son camp. C’est tendre le bâton pour se faire battre. Parce que tous ces gens-là aspirent à gouverner pour la bourgeoisie. Moi je me présente pour la combattre. »
Propos recueillis par Etienne GENTIL
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