Espagne : Élections en Catalogne - le PSOE gagne des voix29/10/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/10/une-1633.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne : Élections en Catalogne - le PSOE gagne des voix

Le 17 octobre dernier se sont déroulées les élections au Parlement de Catalogne. Ces élections sont importantes en Espagne, où les régions et particulièrement la Catalogne ont une large autonomie et où les nationalismes régionaux se développent, encouragés par les politiciens qui en font leurs choux gras. Les enjeux de ce scrutin prenaient d'autant plus d'importance que la droite nationaliste catalane (le CiU), dirigée par Pujol qui dirige la " généralité " de Catalogne, soutient le gouvernement central d'Aznar et qu'on approche des élections générales de mars 2000.

Même si le Parti Socialiste, le PSOE, dirigé par Maragall, dépasse de 90 000 voix la coalition nationaliste de Pujol appelée CiU (Convergence et Union), la loi électorale fait que cette dernière a obtenu plus de sièges que le PSOE. De ce fait la CiU peut constituer le gouvernement de la Catalogne en s'alliant soit avec le Parti Populaire, ou encore avec un groupe nationaliste, l'Esquerra Republicana de Cataluna (la gauche nationaliste de Catalogne), qui se situe à la gauche de Pujol. Il faut néammoins noter que le PSOE qui, dans trois des provinces catalanes, avait constitué une coalition avec Izquierda Unida (la Gauche Unie) dirigée par le Parti Communiste (le PCE), est passé de 24 % des voix en 1995 à 37 %, essentiellement grâce à ses scores dans la ville de Barcelone et dans sa ceinture industrielle, égalant en pourcentage la CiU qui, elle, perd 3 points dans cette région, tandis que le Parti Populaire recule de 13 % en 1995 à 9 % aujourd'hui.

Le PSOE s'est présenté pendant la campagne comme le parti du changement, en parlant de capitaliser le mécontentement engendré dans de larges secteurs de la population par 19 ans de gouvernement conservateur de Pujol qui développe au niveau de la Catalogne une démagogie nationaliste en même temps qu'il appuie au niveau de l'Etat central le gouvernement de droite d'Aznar.

Le PSOE présentait les élections catalanes comme une sorte d'élections primaires avant les prochaines élections générales. Il avait conclu avec la branche catalane de Izquierda Unida (la Gauche Unie) favorable à une politique d'union de la gauche et appelée " Initiative pour la Catalogne " un pacte électoral qui pourrait préfigurer une future alliance à l'échelle nationale. S'il est possible que cet accord ait renforcé le PSOE, il a certainement contribué un peu plus à l'effondrement d'Izquierda Unida. En effet, là où elle n'a pas maintenu de candidatures indépendantes du PSOE, " Initiative " s'est totalement effacée derrière son allié. Là où, comme dans la province de Barcelone, " Initiative " s'est présentée seule son score est passé de 11,23 % en 1995 à 3,31 %. Quant au courant d'IU qui se revendiquait de la politique nationale d'IU, il n'a obtenu que 1,43 % des voix et n'a aucun élu.

De ce point de vue ces élections ne peuvent que contribuer au désarroi de bien des militants qui, au travers des différents courants encore reliés au Parti Communiste, sont à la recherche d'une politique plus radicale que celle du PSOE, qui est apparu dans ces élections comme un parti qui n'a rien à proposer aux travailleurs.

Les travailleurs avaient en fait bien peu de raisons d'espérer quelque chose de ces élections. Le numéro un du PSOE, Maragall, ne leur a même pas fait de promesses. Il s'est défini comme un libéral progressiste. Et comment croire qu'un politicien qui, pour financer sa campagne, organise des repas pour des dirigeants d'entreprises à 4 000 F par personne, pourrait être un représentant des travailleurs ? Un fait qu'Initiative pour la Catalogne n'a même pas dénoncé.

En même temps qu'ils renforcent le PSOE, ces résultats vont aggraver encore la crise d'Izquierda Unida qui s'est ouverte après l'effondrement de cette coalition aux élections européennes et municipales de juin 1999 et contribuer au renforcement des positions des dirigeants de la coalition qui préconisent une politique d'alliance avec le PSOE.

Toutes ces péripéties électorales au sein de la gauche n'ont rien à voir avec les intérêts des travailleurs. Elles servent seulement les calculs des politiciens qui se revendiquent de la gauche et qui veulent arriver au pouvoir pour gérer les intérêts de la bourgeoisie.

Dans ce cadre, ce serait une illusion de croire que, prenant en compte les intérêts des travailleurs, Izquierda Unida fera évoluer à gauche le PSOE. En réalité c'est cette coalition qui infléchira dans un sens encore plus modéré sa propre politique au nom de l'alliance avec le PSOE.

Le seul changement de politique dans un sens plus favorable aux travailleurs dépend des travailleurs et de leurs luttes.

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