Mexique : Les étudiants de Mexico en grève depuis six mois29/10/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/10/une-1633.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mexique : Les étudiants de Mexico en grève depuis six mois

Depuis le 20 avril, les étudiants de la plus grande université de Mexico, la UNAM, sont en grève. Cette université compte environ 270 000 étudiants et lycéens.

Ils ont établi un cahier de revendications en 6 points qui porte sur la gratuité de l'enseignement (en principe garantie par la Constitution du Mexique), la suppression de différentes mesures qui augmentent la sélection et réduisent l'accès à l'université pour les plus pauvres, l'arrêt de la surveillance policière dans l'université et la garantie qu'il n'y aura pas de sanctions pour fait de grève.

Le recteur et les autorités universitaires avaient décidé en début d'année de demander à chaque étudiant le versement semestriel de frais de scolarité s'élevant à 300 ou 400 F environ. Ceci s'ajoutait à d'autres frais que l'université prenait de plus en plus l'habitude d'exiger en cours d'année pour différentes raisons.

Les étudiants ont commencé par se réunir en assemblées. Ils demandaient l'annulation de cette décision. A défaut d'une réponse favorable, la grève avec occupation était décidée.

Ainsi, depuis plus de 5 mois, des manifestations rassemblant des dizaines de milliers de personnes se succèdent. Les locaux de l'université sont occupés. Les étudiants se réunissent chaque semaine en assemblée par faculté. Chaque semaine aussi se réunit le Conseil Général de Grève qui est l'assemblée générale de l'université.

Au début du mouvement, les étudiants ont reçu le soutien du parti d'opposition de gauche, le PRD (Parti Révolutionnaire Démocratique), et des syndicats proches de ce parti. Ils ont manifesté avec les travailleurs de la compagnie d'électricité, menacée de privatisation.

Début juin, le rectorat reculait en déclarant que les frais d'inscription ne seraient plus que " volontaires ". Les étudiants en grève décidaient de poursuivre leur mouvement, réclamant l'abandon définitif de cette mesure et la satisfaction de tous les points figurant sur leur cahier de revendications. Mais, depuis, les syndicats et le PRD ont cessé de les soutenir.

La mobilisation continue, même si elle marque le pas. Les étudiants continuent de recevoir l'appui de parents constitués en comité de soutien. Certains profs sont aussi à leur côté et participent aux manifestations et aux assemblées.

Les étudiants vont par groupes dans les rues pour expliquer les raisons de leur grève, ils distribuent des tracts aux portes des entreprises, font des collages d'affiches. Des commissions se sont constituées, pour organiser des activités socio-culturelles, pour imprimer des tracts et affiches, pour contacter les différents syndicats et associations, pour contacter la presse, pour s'occuper des tâches de surveillance et d'entretien des locaux. Il y a aussi une commission cuisine qui s'occupe des repas. Toute une vie sociale, au fond bien agréable, renforce la détermination des grévistes à ne pas lâcher prise.

Les autorités ont essayé de déloger les grévistes en s'appuyant sur des non-grévistes et un certain nombre de " gros bras ", mais sans résultat. Malgré la pression des milieux les plus réactionnaires, le gouvernement n'a pas pris la décision de faire intervenir l'armée ou la police, redoutant sans doute qu'une telle mesure n'éveille un sursaut d'indignation dans la population.

Dans leurs discussions, dans les slogans des manifestations, les étudiants dénoncent ce qu'ils appellent la politique " néo-libérale " du gouvernement : la remise en cause d'acquis sociaux, la diminution des crédits pour les services publics, l'augmentation de la pauvreté. Ils marquent leur solidarité avec les paysans indiens dans le sud du pays, en révolte depuis 1994 contre le pouvoir central.

C'est la révolte contre une société sans avenir pour eux qui s'exprime ainsi depuis plusieurs mois. Un gage d'espoir pour son renversement.

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