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Leur société
Les chiffres du chômage changent pas sa réalité
Martine Aubry s'est une fois de plus réjouie de ces " bons " chiffres du chômage recensé, arguant que depuis un an 334 000 personnes ne figurent plus sur les listes des ANPE. Mais elle se montre bien plus discrète sur les chiffres de ceux qui restent sans emploi.
Au moment où Moulinex annonce des suppressions d'emplois, après la Lainière de Roubaix ou Michelin et bien d'autres, ces chiffres ont de quoi laisser sceptique. Car leur évolution relève autant, et probablement bien plus, de manipulations statistiques que d'une amélioration de l'emploi, de toute façon minime, bien plus faible que les 330 000 qu'évoque la ministre du Travail.
L'ANPE a classé les chômeurs qu'elle " gère " en six catégories suivant qu'ils déclarent rechercher un CDI à temps plein, un CDI à temps partiel ou un CDD, et suivant ceux qui ont travaillé ou pas 78 heures dans le mois. Seuls les chiffres de la première catégorie constituent ce qu'on appelle dans la presse " les chiffres du chômage " et fournissent la matière aux communiqués de victoire du gouvernement. Celui-ci incite depuis longtemps les directeurs d'ANPE à les minimiser au profit des autres catégories. A cela s'ajoutent les trucages. Ainsi les chômeurs des DOM / TOM ne sont pas pris en compte. On peut aussi jouer sur les radiations administratives, les dispenses de recherche d'emploi pour les chômeurs proches de la retraite qui, curieusement, ont augmenté en décembre 1999, ce qui fait baisser d'autant les chiffres de chômeurs. A cela se soustraient encore ceux qui, découragés, renoncent à s'inscrire comme demandeurs d'emploi. Et il y en a. En particulier parmi les jeunes qui sortent de l'école et n'espèrent pas grand-chose de l'ANPE...
Dans tout cela il est impossible de savoir quelle est la réalité de la baisse homéopathique dont se vante Martine Aubry. Mais ce qui est certain, c'est que le poids du chômage, lui, ne diminue pas dans les milieux populaires. Quand embauches il y a, ce sont la plupart du temps des emplois précaires, bien souvent à temps partiel, mal payés que l'on est bien obligé d'accepter parce que, comme disent les patrons, " il y en a dix qui attendent dehors ". Et chacun sait que lorsque l'on retrouve un emploi après un licenciement, c'est presque toujours avec un salaire plus faible et des conditions de travail dégradées.
Tout cela va dans le sens d'une diminution générale des revenus de la classe ouvrière, d'un accroissement de la pauvreté, ce que reflètent d'autres chiffres. Le nombre des allocataires du RMI ne cesse d'augmenter, les personnes qui n'ont que les minima sociaux pour vivre sont aujourd'hui un million et les Caisses d'assurance maladie sont actuellement débordées par l'afflux de ceux qui viennent s'inscrire pour la Couverture Maladie Universelle, et qui ont donc des revenus inférieurs à 3 500 F par mois, puisque c'est le plafond pour y avoir droit.
Cette réalité-là est celle des banlieues et des villes ouvrières, que le gouvernement n'arrivera pas à masquer en brandissant mois après mois des chiffres truqués. Car ceux qui vivent cette réalité sont bien placés pour savoir qu'on leur ment.