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- Lutte ouvrière n°1647
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Dans les entreprises
SIFA Orléans : Quand on s'en mêle c'est efficace
À la SIFA, une fonderie pour pièces automobiles, on entendait parler depuis longtemps des 35 heures. Au début, le patron faisait celui qui était embarrassé, il disait qu'il n'avait pas d'idées... Puis il y a un mois, il a montré que, comme tous les patrons, pour profiter de la situation, des idées, il en avait. En substance, il se disait d'accord pour les 35 heures sans perte de salaire, à condition que des travailleurs acceptent de travailler le week-end. Sinon, le salaire baisserait!
Dans une entreprise où le travail est particulièrement dur, et où tout le monde a du mal à joindre les deux bouts, il n'était pas question d'accepter une baisse de salaire ni, bien sûr, de travailler le week-end.
Après avoir laissé traîner les choses en longueur, la direction a cru pouvoir arriver à un accord jeudi 13 janvier. Les discussions avaient duré, avec des interruptions, presque toute la journée. Lorsque l'équipe de nuit est arrivée à 20hl5, elle est venue aux nouvelles. Les travailleurs, apprenant qu'on discutait de l'application des 35 heures, et par la même occasion des salaires, ont petit à petit quitté leur chantier, pour se rapprocher de la salle de réunion où se discutaient des choses qui, quand même, les concernaient de très près! Et pendant deux heures et demie, plus rien n'a tourné dans l'usine.
Le patron a eu très peur. Il a aussitôt renoncé à vouloir faire payer d'une quelconque façon aux salariés le passage aux 35 heures. Uhoraire de travail hebdomadaire est ramené à 3 8 h 30. Les 3 heures et demie faites au-delà des 35 heures sont, ou compensées par 23,5 jours de congés que les travailleurs peuvent prendre quand ils le veulent, ou bien payées, au choix. Sur les salaires, il a cédé 2 % d'augmentation pour l'année. Quant aux quelques heures de débrayage qui ont été nécessaires pour lui faire entendre raison, elles sont payées bien sûr. Il n'était pas en position pour s'y opposer.
Le lendemain, vendredi, il y avait une réunion d'information. D'habitude, seuls une vingtaine d'ouvriers peuvent quitter leur poste pour y assister. Là, la direction a pris les devants. Elle a formé des travailleurs intérimaires sur les postes de coulée et, dix minutes avant la réunion, tous les travailleurs en CDI étaient libérés.
Même si le patron n'a pas complétement reculé sur le travail du week-end (il parle d'embaucher pour le travail du week-end), ce mouvement a été perçu comme une victoire.
Dans l'usine, depuis, rien n'est plus comme avant. Le sentiment d'être fort est du côté des travailleurs!