Dans la nuit du 26 janvier dernier, un conteneur transportant de l'acrylate d'éthyle (produit cancérigène, dangereux et volatil qui peut attaquer les poumons, le coeur, les reins et la rate) fuyait. Résultat: plusieurs cheminots travaillant sur le triage de Villeneuve-Saint-Georges à ce moment-là ont senti des picotements aux yeux et ressenti une forte odeur de lacrymogène. Aussitôt, les pompiers sont intervenus, ont fait évacuer la zone du wagon et envoyé les cheminots aux hôpitaux environnants afin d'y faire des examens.

Dans un premier temps, et comme à son habitude, la direction a tenté de minimiser l'incident, parlant même de nonfuite du produit! Seulement, un triage évacué, des travailleurs à l'hôpital et un périmètre de sécurité établi autour du conteneur en question, c'était quand même difficile de faire comme si de rien n'était. Déjà, dimanche 23, des cheminots du triage avaient ressenti les mêmes symptômes et la direction, elle, avait déjà dit : « Tout va bien ». En fait, cette attitude va avec la politique de la SNCF qui consiste à transporter des produits, dont les plus dangereux, au moindre coût, c'est-à-dire avec des wagons de moins en moins révisés. La SNCF entend en effet faire faire les visites de contrôle des wagons non plus au bout de 750 km parcourus mais au bout de... 5 000 km! Que des conteneurs fuient, cela n'a donc rien d'étonnant. Ce dernier incident est d'ailleurs le troisième depuis le mois de novembre. Et les pompiers faisaient remarquer qu'il était heureux qu'il n'y ait pas eu de vent et qu'il ait fait froid, sinon l'évacuation de la population alentour aurait probablement été nécessaire.

Avec sa politique d'économies, la SNCF met non seulement la santé et la vie des cheminots en danger mais aussi celles du voisinage, tandis que les Rhône-Poulenc et autres Cogema font transporter leurs produits au moindre coût.