Stock-options : De nouveaux cadeaux pour leurs détenteurs04/02/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/02/une-1647.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Stock-options : De nouveaux cadeaux pour leurs détenteurs

La politique de Jospin ressemble à ces mauvaises séries TV : quels que soient l'intrigue et les rebondissements, on sait d'avance qui en sortira victorieux : les patrons. On en a une illustration avec un nouvel épisode du feuilleton des stock-options.

Après qu'on eut appris, en octobre dernier, que le PDG d'Elf, Philippe Jaffré, emportait comme cadeau de départ 230 millions de francs sous forme de stock-options, le gouvernement avait timidement émis l'idée de taxer un peu plus celles-ci. Aujourd'hui il y renonce. Il s'apprête même à faire le contraire, si l'on en croit un rapport commandé par Lionel Jospin en vue de l'adoption, fin février, d'une loi concernant les " nouvelles régulations économiques".

Les stock-options sont des actions qu'une société attribue à des hauts cadres, à un taux fixe, en général le cours du jour, diminué d'une ristourne qui peut aller jusqu'à 20 %. L'aubaine réside pour l'heureux bénéficiaire dans le fait de ne payer ces actions qu'à la revente, après un délai imposé de cinq ans. Il les paiera au prix convenu, mais il les revendra au cours du jour, lorsque ces actions auront pris de la valeur. L'opération est sans risque et les plus-values obtenues éléphantesques. Par exemple : Bébéar, le PDG d'Axa, déclare toucher un salaire de 15,5 millions de francs par an. Mais il est crédité d'une plus-value potentielle de plus d'un milliard de francs, sous forme d'options.

Les spécialistes de l'économie considèrent que les PDG ou les hauts cadres doublent ou triplent leur salaire grâce à ce système. Ainsi, selon une enquête de la revue L'expansion, 28 000 de ces dirigeants et hauts cadres se partageaient en septembre dernier une plus-value potentielle de 45 milliards de francs, en augmentation de 60 % en six mois.

Les avantages des stock-options ne s'arrêtent pas là. Elles bénéficient d'une fiscalité privilégiée. Au lieu d'être imposées au barème de l'impôt sur le revenu (54 %), les plus-values récupérées par ce biais ne sont taxées qu'à 40 %. Eh bien, pour le gouvernement cela ne suffit pas. Pour bichonner nos pauvres PDG et autres cadres de direction, selon le même rapport, les détenteurs de stock-options pourraient " lever leur option" au bout de trois ans et non plus de cinq, comme c'est le cas aujourd'hui. Mais s'ils ont la patience d'attendre cinq ans, leur plus-value ne serait plus taxée qu'à 26 %. Comme ces gens ne sont pas, en général, à court d'argent, on peut supposer qu'ils attendront les deux années supplémentaires. Ce nouveau cadeau, qui correspond à ce que demande le MEDEF, coûtera quelques milliards de francs supplémentaires chaque année au budget de l'Etat. L'équivalent de l'embauche de dizaines de milliers de personnes dans les hôpitaux ou dans les écoles.

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