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- Lutte ouvrière n°1647
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Dans les entreprises
VAI Clecim (Saint-Chamond - Loire) : Face au ènième plan de restructuration, débrayages et manifestation
Le jeudi 27 janvier, les salariés de VAI Clecim à Saint-Chamond, Loire, organisaient une journée d'action contre le énième plan de restructuration qui menace leurs emplois. En grève de lOh3O à 14h3O, ils allaient manifester. Leur cortège d'un peu plus d'une centaine de personnes traversait le marché et parcourait les rues de la ville, des tracts d'information étant distribués aux passants et aux commerçants.
De retour dans l'entreprise, un casse-croûte avait lieu dans le hall d'entrée. Les jours précédents, les salariés avaient apposé dans Saint-Chamond des affichettes annonçant cette action et demandant à tous ceux qui voulaient les soutenir de venir les voir sur place ce jeudi. Les grévistes eurent la visite de représentants des Unions Locales CGT et CFDT, ainsi que celles du maire RPR, du député UDF et d'un conseiller général socialiste. Cette journée d'action se tenait en même temps que la réunion, à La Défense, à Paris du Comité Central d'Entreprise.
Les salariés de Clecim (711 à l'heure actuelle, sur trois sites) ont connu quatre actionnaires en une dizaine d'années: SPIE Batignolles, puis Trafalgar House (GB) en 1992, puis Kvaerner (Norvège) en 1996, enfin ils ont été rachetés par VAI, grosse entreprise autrichienne de la métallurgie, en septembre 1999. Clecim conçoit et suit la fabrication d'équipements pour usines sidérurgiques. Les personnels, répartis sur trois sites (260 à SaintChamond, 265 à Montbrison, dans la Loire aussi et 186 à La Défense) assurent, à l'exception d'un petit atelier à Montbrison, des tâches de bureaux d'études.
Le rachat par les nouveaux patrons autrichiens ne datait que de quelques semaines lorsque VAI annonçait un plan de suppressions d'emplois et de mutations. Les suppressions d'emplois, 170 au total, touchaient Saint-Chamond (-77), Montbrison (-46) et La Défense (-33), aussi bien chez les cadres que chez les ETDAM. Par des mutations, les patrons voulaient déplacer 53 emplois de Montbrison à Saint-Chamond (séparés par une heure et demie de trajet) et 50 emplois de La Défense à Saint-Chamond (séparés par... plus de 500 km). En même temps, les ouvriers de fabrication à Montbrison auraient dû travailler en quatre équipes en 3x8.
A Saint-Chamond, lors de plusieurs assemblées générales, qui réunissaient presque tout le personnel présent, à l'exception de certains chefs de service, les salariés avaient adopté des motions s'opposant totalement aux propositions patronales. Après trois plans de restructuration depuis 1994, les salariés avaient bien mesuré les dégâts sur l'emploi causés par ces plans, mesuré les surcharges de travail qu'ils devaient supporter Ils savent que VAI a fait de gros profits ces dernières années. Mais pour messieurs les actionnaires, ce n'était jamais assez: il fallait faire des économies sur la masse salariale.
Mais la masse salariale, ce sont des femmes et des hommes en chair et en os, qui n'entendaient pas se sacrifier sur l'autel des profits. Les premières réactions ont eu lieu après les vacances de Noël. Les salariés de Montbrison organisaient une montée à La Défense à l'occasion d'un CCE le jeudi 13 janvier. De son côté, le personnel de Saint-Chamond allait le vendredi 21 dire ce qu'il avait sur le coeur au directeur du Bureau d'Etudes: une réunion de travail des cadres était interrompue par une visite-surprise de l'ensemble du personnel du site. Près de 150 employés, secrétaires, dessinateurs et cadres se pressaient dans la salle de réunion pour venir affirmer leur opposition au plan de restructuration. Alors qu'un responsable CGC disait ne pas vouloir s'en prendre aux chefs de service pris, selon lui, « entre le marteau et l'enclume », un cadre-adjoint l'apostropha en disant: «Pendant la guerre, il y a eu ceux qui ont fait de la résistance et ceux qui ont collaboré. Il faut que ces messieurs choisissent! »
Le débrayage et la manifestation du jeudi 27 ont donné du tonus à tout le inonde. Cela s'est senti dès l'assemblée générale tenue le lendemain matin. Des salariés réclamaient des actions communes avec les travailleurs de Montbrison, qui s'étaient, eux aussi, mobilisés le jeudi 27. Un responsable de la CGC, d'ordinaire plus calme, a fait des reproches aux cadres qui « n'étaient pas assez nombreux au débrayage » et il a bien mis tout le monde en garde contre l'illusion que les FNE pour les plus de 57 ans seraient assez nombreux pour éviter des licenciements « secs ». Eassemblée décida le principe d'autres actions. Le mercredi 2 février, le site de Saint-Chamond recevra un CEE extraordinaire, où sera représentée la SODIE, organisme chargé des reconversions. Tout le monde a vu, lors des précédents plans de restructuration, combien l'activité de cet organisme était bidon Cette réunion sera une occasion pour les salariés de venir réaffirmer leur opposition aux licenciements. Les patrons ne sont donc pas sortis de l'auberge.