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Leur société
Cagnotte : De l'argent, il y en a... mais pour qui ?
On a appris, après un long suspens, qu'il y aurait donc un peu plus de 30 milliards de francs de ressources inattendues dans le budget de l'État pour 1999. Ce que les médias appellent « l'embellie économique » (embellie pour les profits bien sûr) serait la cause de ce petit supplément.
Les propositions d'utilisation de cette cagnotte ont été nombreuses: augmenter les minima sociaux, baisser les impôts locaux ou les impôts directs, diminuer les cotisations sociales, baisser la TVA... Et puis, le débat a tourné court: la cagnotte sera utilisée pour diminuer le déficit de l'Etat, circulez, il n'y a plus rien à voir.
Mais si 1999 a été meilleure que prévu pour le budget, dans la même logique, il y aura davantage de recettes pour l'an 2000. Et il est à présent question de voter un collectif budgétaire, c'est-à-dire une modification du budget adopté l'an dernier pour l'année en cours.
Tout cela se donne des allures de grand débat démocratique sur l'utilisation du budget de l'État. Dans la réalité, nous sommes vraiment très loin du compte... En fait, 30 milliards de francs représentent moins de 1 % du budget total. Le budget de l'État est chaque année de l'ordre de 1700 milliards de francs, et ce qui caractérise l'affectation de ces sommes est bien loin de toute forme de débat démocratique. Les textes budgétaires sont au contraire d'une opacité quasi totale.
Et pour cause. Car une bonne partie du budget sert à arroser, directement ou indirectement, les entreprises. Un haut fonctionnaire avait rédigé il y a quelques années un rapport dans lequel il évaluait à près de la moitié du budget de l'Etat ce qui allait dans la poche des patrons. Et les choses n'ont pas changé.
Bien sûr, il faut bien payer pour les écoles, les hôpitaux ou les routes, mais même dans ces cas-là, les patrons du BTP s'en mettent plein les poches, rien qu'avec les prix facturés.
Le gouvernement ne tenait pas spécialement à lancer un débat public sur l'utilisation de 30 petits milliards de francs. Il s'apprêtait plutôt, comme cela a été fait à de nombreuses reprises dans le passé, à arranger les comptes pour que l'on ne voie pas trop ce supplément de recette. En 1998 par exemple, le ministre du Budget avait affecté des recettes sur l'année suivante, et retardé certaines rentrées. Un petit tour de passe-passe comptable, personne n'y voyant rien.
Quant à l'an 2000, s'il faut modifier la loi de finance, ce ne sera pas dans le sens de l'intérêt des couches populaires.
On parle de baisser forfaitairement la taxe d'habitation, par exemple 500 F de moins pour tous. On parle de baisser les impôts directs, ou de diminuer encore une fois les charges patronales (un comble), mais il n'est pas vraiment question jusque-là de baisser le taux de la TVA qui était passé « provisoirement » de 18,6 à 20,6%. La gauche, avant d'arriver au gouvernement, avait promis de revenir à l'ancien taux. Cela irait même dans le sens des accords européens qui prévoient une harmonisation de cette taxe. Mais les dirigeants de la gauche, même s'ils sont prêts à affirmer que cette taxe est la plus injuste, ne comptent pas la baisser. Récemment interviewé, Michel Rocard, à la question « Faut-il baisser la TVA ? », répondait: « Ce serait unefolie! La TVA est indolore. Et c'est l'impôt qui rapporte le plus ».
Alors...