L'usine Snecma d'Evry-Corbeil compte 3600 salariés dont 600 femmes. Le 8 mars, journée internationale des femmes, est d'habitude l'occasion pour le comité d'entreprise d'organiser un repas amélioré à la cantine, de faire un petit discours sur l'égalité des droits qui reste à conquérir et de proposer un spectacle musical (ou certaines années, un spectacle de théâtre évoquant les problèmes des femmes dans leur vie professionnelle ou sociale).

Or, cette année, certains élus CFDT du CE (syndicat majoritaire) ont voulu " innover " et, en plus de l'exposition traditionnelle dans le hall du CE, ils ont cru faire de l'esprit en faisant à toutes les femmes de l'usine ce qu'ils ont appelé " un clin d'oeil ", c'est-à-dire un spectacle de danseurs strip-teaseurs, autrement dit de " Chippendales ".Ainsi trois cents femmes se sont-elles retrouvées devant quatre jeunes gens venus se dénuder " rien que pour elles "... à entendre ces drôles de syndicalistes.

La plaisanterie d'un goût douteux a suscité des réactions d'indignation nombreuses : " Pour qui nous prennent-t-ils ?", " Nous ne sommes pas des objets", ont dit haut et fort certaines femmes de l'usine. La CGT a protesté publiquement. Les responsables de la CFDT ont cherché à se justifier, expliquant que s'ils avaient organisé un tel spectacle, c'était à la demande des femmes elles-mêmes ; il s'agissait pour eux de mettre ainsi les femmes à égalité avec les hommes ! Il faut dire que, depuis plusieurs années, la CFDT est coutumière de ce genre d'exercice puisqu'elle organise, en fin d'année, des spectacles de danseuses en string pour les salariés...

Drôle de conception décidément du syndicalisme, qui se met au niveau des cabarets de Pigalle pour s'adresser aux travailleurs et travailleuses de l'usine.