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Leur société
Totalfina et les autres
En moins d'une semaine, du 18 au 23 février, les douanes et la marine nationale ont procédé à des observations par avions au-dessus du " rail d'Ouessant ", lieu de passage des navires au large de la pointe de la Bretagne. Ils ont relevé trente-neuf pollutions par " dégazage ", très visibles à cause des traînées huileuses dans les sillages des navires. Le " dégazage ", c'est le terme technique utilisé pour le nettoyage des cuves des résidus de pétrole en utilisant l'eau de mer (pour éviter que le gaz - explosif - ne s'accumule). Le problème n'est pas le nettoyage lui-même, mais c'est qu'ensuite l'eau de nettoyage avec les résidus sont bien souvent rejetés à la mer.
On estime que chaque année les mers et océans du globe reçoivent ainsi un million de tonnes d'hydrocarbures. A comparer avec les 12 000-15 000 tonnes de l'Erika. Sur les trente-neuf " dégazages " constatés, seuls trois navires ont été verbalisés. Payeront-ils une amende ? Tant qu'ils restent dans les eaux internationales, ou dans des ports étrangers, les autorités françaises ont peu de moyens de contrainte, surtout lorsqu'on a affaire à des pavillons de complaisance.
Nouvelle opération d'observation durant 24 heures, les 14 et 15 mars : on a constaté neuf " dégazages " sauvages. Un seul navire, sous pavillon libérien, a été verbalisé.
Bref le rejet de résidus pétroliers à la mer est manifestement une pratique archi-courante. Et la surveillance, épisodique, pourrait facilement être renforcée par les Etats.
Les capitaines qui ordonnent les dégazages en mer obéissent aux compagnies de navigation, aux armateurs, car les dégazages à quai, dans des stations prévues à cet effet dans les ports, font évidemment " perdre " du temps, et diminuent les rotations des bateaux. Et les grandes compagnies, pétrolières ou autres (car on ne dégaze pas que les pétroliers, on nettoie de la même façon les citernes à carburant de bien d'autres navires) laissent faire et couvrent ces pollutions.
Et pendant que des milliers de bénévoles ont nettoyé les côtes sans demander un sou, des capitalistes richissimes souillent les mers uniquement pour gagner encore plus d'argent.