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Leur société
Une nouvelle loi scélérate
Non content d'avoir trahi les espoirs des sans-papiers en refusant de les régulariser, le gouvernement prévoit d'aggraver les lois Pasqua-Debré sur l'immigration des étrangers en s'attaquant aux mineurs privés de titre de séjour régulier.
Un projet de loi autoriserait la justice à placer les jeunes mineurs de 16 à 18 ans, en situation irrégulière, dans des zones d'attente pour les étrangers afin de permettre leur reconduite à la frontière. Jusqu'alors, les autorités judiciaires ne pouvaient garder ces jeunes que quelques jours dans les centres de rétention, et ils étaient ensuite libérés, du fait que, selon la loi, ils ne sont pas juridiquement responsables.
Le gouvernement invoque le fait qu'en un an 843 mineurs isolés sont arrivés sur le territoire français dans le seul aéroport de Roissy. Livrés souvent à eux-mêmes, ces jeunes sont contraints souvent de travailler clandestinement dans des conditions épouvantables ou même parfois de se prostituer. C'est sans doute vrai. Mais les mesures proposées par le gouvernement n'ont pas pour but de lutter contre cette situation. Alerté par les associations d'aide à l'enfance, par les organisations d'aide aux étrangers - qui demandaient une prise en charge juridique et sociale de ces jeunes à leur arrivée en France - le gouvernement opte pour la solution la plus crapuleuse qui consiste à renvoyer ces jeunes dans leur pays. Là, ils pourront continuer à subir les persécutions liées à la misère ou à la guerre, voire mourir de faim. C'est-à-dire subir des conditions sans doute pires que celles que l'on prétend leur éviter.
Mais cette loi peut avoir d'autres conséquences tout aussi graves, puisqu'elle entraîne une discrimination juridique à l'égard des jeunes étrangers, en effet un jeune immigré de 16 ans sera dorénavant reconnu légalement responsable de ses actes, contrairement à un jeune Français. Une telle disposition peut permettre à terme à la police dans les banlieues de s'en prendre plus durement encore à la jeunesse immigrée et de faire peser constamment sur elle la menace d'un retour au pays.