Pour que la reprise économique ne profite pas qu'au patronat, il faudra une reprise des luttes04/08/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/08/une-1673.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

Pour que la reprise économique ne profite pas qu'au patronat, il faudra une reprise des luttes

Avec le mois d'août la vie économique et politique du pays entre en somnolence. La plupart des entreprises tournent au ralenti. Le gouvernement est en congé. Et les travailleurs en activité songent aux vacances qu'ils viennent de passer, ou à celles qui leur restent à prendre.

C'est aussi une bonne occasion de faire le bilan des douze mois qui viennent de s'écouler et de réfléchir à ce qui nous attend à la rentrée.

Le gouvernement de la gauche plurielle est très content de lui : grâce à la reprise économique mondiale, les statistiques du chômage se sont améliorées : il n'y aurait plus qu'un peu moins de 10 % de la population active (c'est encore énorme !) privée d'emploi. Mais suivant qu'on vive de ses actions ou de son travail, le bilan n'est pas le même.

La Bourse, bien qu'avec des fluctuations irrégulières, a considérablement grimpé : les actions rapportent plus et, en même temps, leur valeur a tellement augmenté que certains capitalistes ont vu leur fortune doubler en deux ou trois ans.

Mais en revanche les salaires stagnent. Si des emplois ont été créés, ce sont le plus souvent des emplois précaires. Sous prétexte d'augmenter le temps libre, la loi sur les 35 heures a fourni au patronat de nouveaux moyens pour tenter d'imposer une " flexibilité " accrue des horaires, sans avoir à payer d'heures supplémentaires. Il n'est, pour s'en convaincre, que de voir le nombre de conflits sociaux entraînés par sa mise en application. Le patronat continue à fermer des entreprises, à supprimer des milliers d'emplois, puisque pour lui la réduction des effectifs est un moyen d'augmenter ses profits. Et si le gouvernement a finalement décidé de ne pas entériner le projet du MEDEF visant à contraindre les chômeurs à accepter n'importe quel emploi correspondant à leur qualification, c'est-à-dire n'importe quel salaire, ce n'est que reculer pour mieux sauter, car la ministre du Travail, Martine Aubry, s'est déclarée d'accord sur le fond avec les objectifs du patronat, se vantant même d'avoir été la première à prendre des mesures de ce type.

En fait, reprise économique ou pas, le patronat a continué l'offensive qu'il mène depuis des années contre la classe ouvrière, et qui vise à augmenter les profits de la grande bourgeoisie aux dépens du niveau de vie et des conditions de travail des classes laborieuses. Il a bénéficié pour cela de l'aide du gouvernement Jospin, comme il avait bénéficié auparavant de l'appui des gouvernements de droite et de gauche qui se sont succédé depuis vingt ans.

Le patronat et le gouvernement savent qu'ils peuvent compter sur la collaboration de certaines centrales syndicales, prêtes - on l'a vu avec le PARE - à signer n'importe quel texte défavorable aux travailleurs pour peu qu'on leur donne la possibilité de s'asseoir autour d'un tapis vert. Ils savent aussi que même les confédérations syndicales qui ont refusé de signer ce texte indigne ne font rien pour préparer une riposte d'ensemble de la classe ouvrière. Mais ils craignent néanmoins les réactions, les coups de colère possibles des travailleurs. On l'a bien vu ces dernières semaines avec le conflit de la Cellatex à Givet, où les travailleurs ont partiellement obtenu satisfaction. Depuis, chaque nouveau conflit du travail voit la grande presse se demander si la colère ouvrière ne va pas se manifester de nouveau.

Cependant ce n'est pas la multiplication des coups de colère qui pourra faire reculer le patronat (même si elle lui inspire une crainte salutaire). C'est la généralisation de cette colère. Car seule une riposte d'ensemble de toute la classe ouvrière pourra changer durablement le rapport de force entre nous et nos exploiteurs.

C'est à cela qu'il nous faut nous préparer pour la rentrée.

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