La mesure la plus importante du plan Fabius est l'allègement de 43 milliards de francs sur trois ans de l'impôt sur le revenu.

Il faut d'abord rappeler que la moitié des ménages n'ont pas les revenus suffisants pour payer l'impôt sur le revenu : la plupart des chômeurs, les RMistes, les salariés à temps partiel, mais aussi bon nombre de couples avec un seul salaire. Tous ceux-là, la moitié la plus pauvre de la population, ne gagneront pas un centime de cette baisse d'impôt. Mais même pour les revenus imposables, la baisse avantage les plus riches.

Les taux des deux premières tranches du barème seront progressivement abaissé de 3,5 %, de 2,5 % pour les deux suivantes et enfin de 1,5 % pour les deux plus hautes tranches. Certains commentateurs en ont profité pour prétendre que les plus bas revenus en profiteront davantage. En pourcentage peut- être mais pas en réalité ! Bien au contraire : d'après le tableau fourni par les services du ministère des finances, un smicard célibataire déclarant un montant net imposable de 68 583 F paye actuellement 1 048 F d'impôt. En 2003, il devrait ne plus en payer, soit une économie de 1 048 F. Mais le célibataire déclarant 450 000 F au fisc paye actuellement 112 047 F. Il n'en payera plus que 105 451 F soit un gain de 6 600 F par an, et un gain encore bien supérieur pour des revenus plus élevés.

Des millions de francs de gains pour le golden boy, 1 000 F pour le smicard sans enfants, rien pour ceux qui n'ont même pas le SMIC. Qui parle de justice dans ces mesures ?