Renault Flins : La direction nous prend pour ses domestiques20/10/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/10/une-1684.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault Flins : La direction nous prend pour ses domestiques

Le 5 octobre à Renault Flins (Yvelines), c'est en arrivant à l'usine, pour ceux de l'équipe de l'après-midi, que nous avons appris que nous pouvions repartir chez nous. Pas tout le monde ! uniquement ceux qui travaillent sur la Twingo. Et encore cela dépendait du secteur, le Montage oui, la Peinture passe encore, mais la Tôlerie non. Sans parler des Presses qui de toute façon travaillent 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 quoi qu'il se passe.

Mais même si on faisait partie du Montage, on pouvait encore être réquisitionné pour faire des retouches, aller finir sur les parcs les milliers de voitures sorties incomplètes par manque de pièces.

Cela râlait ferme contre l'attitude de la direction, même ceux qui pouvaient repartir n'appréciaient évidemment guère d'avoir dû venir, la direction ayant pris sa décision au dernier moment et s'étant contentée d'affichettes scotchées sur les portillons d'entrée.

Ces affichettes précisaient d'ailleurs que les deux cha"nes Clio et Twingo tourneraient normalement le lendemain. Pourtant ce 6 octobre l'équipe du matin se trouvait, à son tour, mise devant le fait accompli. Là encore, certains pouvaient retourner chez eux, ceux de la Clio cette fois-ci. Le fait que ce soit un vendredi ne déridait pas grand monde pour autant, il avait fallu se lever à 3 heures et demie du matin pour s'entendre dire que ce n'était pas la peine, et la journée était fichue.

De toute façon, certains étaient loin d'être rentrés car si la veille ceux de l'équipe de l'après-midi avaient réussi à s'entasser tant bien que mal dans les cars de retour de l'équipe du matin, là pour certaines lignes il n'y avait pas de cars du tout, et il a fallu attendre ceux qui amènent la normale deux heures et demie plus tard.

Depuis la rentrée, cela fait la quatrième fois que la direction pratique de la sorte, avec le plus parfait mépris. En septembre, déjà pour des manques de pièces, le fait de devoir rester chez soi, en " capital-temps ", c'est-à-dire à nos frais, n'avait pas été apprécié du tout. Cette fois, la direction a pris les devants, disant qu'elle avait demandé l'indemnisation en chômage technique. Mais cela fait une perte de salaire qui n'est pas acceptable. Et ce qui lui est encore plus reproché, c'est de considérer que nous sommes à sa disposition, en n'ayant rien fait pour nous prévenir.

Même si cela n'a pas entra"né d'autre réaction que de la colère, dont surtout les gardiens présents aux portes ont fait les frais, cela est ressenti comme autant d'humiliations gratuites pas près d'être oubliées.

Les prétextes de la direction étaient : pour le 5 octobre, des manques de pièces, ce qui n'est pas précisément de l'imprévu. Cela fait des mois que cela dure. Cela se serait aggravé du fait de la grève des routiers espagnols. Là encore, ce n'était pas une surprise de dernière minute !

Le lendemain, pour la Clio, c'était cette fois une inondation dans l'usine de fabrication des câblages en Tunisie. En quelques heures : plus de pièces pour faire les voitures. C'est cela le " flux tendu ".

Voilà qui donne des idées, car avec les fameux " stocks zéro " dont se vante la direction, il ne faudrait pas longtemps aux travailleurs pour pouvoir paralyser complètement l'usine, dans leur intérêt cette fois. Il faudra en venir là si nous ne voulons pas faire les frais de tous les aléas de la production.

Partager