- Accueil
- Lutte ouvrière n°1689
- Proche-Orient : L’escalade sanglante du gouvernement israélien
Dans le monde
Proche-Orient : L’escalade sanglante du gouvernement israélien
Sur ordre du Premier ministre travailliste, Barak, l'armée israélienne a franchi lundi 20 novembre un nouveau pas sanglant dans l'escalade de la violence qu'elle fait subir au peuple palestinien depuis près de deux mois.
A 17 h 55 à Gaza, à une heure d'affluence dans les rues, a commencé le bombardement systématique de la ville. Pendant deux heures les hélicoptères et l'aviation israélienne, conjointement à la marine, ont fait pleuvoir roquettes et missiles, faisant des victimes civiles, hommes, femmes, enfants par dizaines : après la fin des bombardements, un premier recensement faisait état de 120 blessés et de deux morts. Malheureusement ce chiffre risque fort d'être provisoire. Quinze bâtiments de l'Autorité palestinienne ont été détruits.
Le gouvernement israélien a tenté de justifier cet acte terroriste à grande échelle contre la population de cette ville de près d'un million d'habitants, en parlant de la riposte nécessaire à l'attentat contre un bus scolaire israélien qui le matin même avait fait deux morts et neuf blessés. Le Premier ministre israélien Barak a déclaré : "Il s'agit d'un attentat très grave, un acte barbare et criminel. C'est la raison pour laquelle nous avons attaqué les cibles de l'Autorité". Et pour confirmer que son gouvernement entendait poursuivre sans rémission dans cette impasse il a ajouté avec cynisme : "Nous demanderons des comptes à ceux qui nous attaquent. Il n'y a pas de retenue, nous ne lions pas les mains de l'armée, ceux qui agissent contre nous le paieront cher, il y aura des opérations autant qu'il faudra, nous continuerons à agir avec toute la puissance de feu requise".
Oui, il faut toute l'arrogance d'une puissance militaire qui sait disposer d'une supériorité absolue dans ce domaine de la force brute, pour faire ces déclarations menaçantes envers le peuple palestinien qui compte ses morts depuis bientôt deux mois. L'attentat contre un bus scolaire israélien n'a évidemment aucune justification, il relève du même aveuglement politique et du même mépris vis-à-vis des populations en général. Mais il n'est, à son niveau, que la reprise de ce que fait en grand l'armée israélienne depuis des semaines.
Depuis des semaines l'armée israélienne, après avoir été provoquer la population palestinienne à Jérusalem, tire à balles réelles sur la jeunesse palestinienne qui ne peut lui répondre qu'à coups de pierres. Les morts, qui se chiffrent par centaines dans le camp de ceux qui protestent et qui se font abattre chaque jour par les balles de l'armée israélienne, ne font qu'attiser un peu plus encore la haine de tout un peuple. Et puis, côté israélien aussi, les morts s'ajoutent aux morts, même s'ils sont bien moins nombreux que côté palestinien. C'est le prix que le gouvernement israélien fait déjà payer à sa propre population, pour maintenir et aggraver la spoliation d'un autre peuple, le peuple palestinien.
Comment s'étonner que celui-ci se révolte, quand la politique du gouvernement israélien est chaque jour plus provocante à son égard, quand il est chaque fois un peu plus chassé de sa terre et de ses maisons, au milieu d'un prétendu "processus de paix" qui n'est que la couverture hypocrite de la continuation de la vieille politique d'oppression ?
Aussi cette nouvelle escalade dans la terreur ne fait que traduire l'impuissance et l'impasse de Barak et des dirigeants sionistes face à la révolte d'un peuple. Ils ne savent que répondre chaque fois par un peu plus de morts et de destructions. Jusqu'à quand ? Si le peuple palestinien n'accepte pas de se taire, la paix proposée par le gouvernement israélien se limitera-t-elle à la paix des cimetières ?
Et puis cette impasse en est tout autant une, et tragique, pour le peuple israélien lui-même. De la citadelle armée, obligée de rester sur le pied de guerre pour faire face à l'hostilité provoquée par la politique de gendarme de l'impérialisme dans la région menée par les dirigeants d'Israël, son avenir doit-il être de voir ses enfants sous l'uniforme faire régner une terreur toujours plus sanglante contre le peuple voisin ? Où cette politique criminelle pourra-t-elle mener tout un peuple, autrefois victime lui-même de la barbarie de la société capitaliste ?
Cette politique est sans issue. Les rodomontades déplacées d'un Barak, soucieux de plaire à l'aile la plus réactionnaire de son pays, n'y changeront rien. L'histoire a eu mille fois l'occasion de rappeler à tous qu'un peuple qui en opprime un autre ne peut être un peuple libre. La seule issue au conflit est non seulement la reconnaissance des droits du peuple palestinien, mais c'est l'union de tous les exploités, arabes et israéliens, pour construire dans leur lutte la libre association des peuples de cette région dans l'intérêt de tous les opprimés.
Paul SOREL
Pour les droits du peuple palestinien, manifestons le 29 novembre
Pour protester contre les tueries et pour défendre les droits du peuple palestinien, Lutte Ouvrière appelle à se joindre aux diverses manifestations qui sont prévues le mercredi 29 novembre dans différentes villes, et en particulier à celle qui se rassemblera
à Paris à 18h30 Place Denfert-Rochereau