L’éditorial d’Arlette LAGUILLER : «Le communisme est un chantier, pas un monument» (Robert Hue)22/12/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/12/une-1693.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

L’éditorial d’Arlette LAGUILLER : «Le communisme est un chantier, pas un monument» (Robert Hue)

(Éditorial des bulletins d'entreprise du 18 décembre)

C'est ce qu'a déclaré Robert Hue dans son discours à la soirée «techno» et «rêve-party» (selon L'Huma) qui clôtura la commémoration par le PCF du 80e anniversaire du Congrès de 1920, qui fut à son origine sous son premier nom de Parti Communiste, section française de l'Internationale communiste.

Ce que dit Robert Hue du communisme est faux. Par contre le PCF n'est plus un monument pour personne et c'est vrai qu'il est devenu un chantier, mais un vrai chantier de démolition sous les coups de ses dirigeants.

Que reste-t-il en effet des espoirs et des sacrifices de ses centaines de milliers de militants qui ont sacrifié leur confort et leur sécurité, qui ont été pourchassés et emprisonnés et de tous ceux qui ont donné leur vie pour un idéal qui n'est plus partagé aujourd'hui par la direction du PC et que L'Huma tourne en dérision au nom du «modernisme» ?

S'il est encore question de changer la société, c'est sous la forme d'un discours vague, tel que pourraient en tenir les dirigeants socialistes et même de la droite dans leurs bons jours, quand Chirac parlait de «réduire la fracture sociale».

Non, le communisme ce n'est pas ce que Robert Hue en dit.

Le communisme, c'est vouloir changer la société, effectivement, mais d'abord et avant tout en supprimant le capitalisme, en supprimant la propriété privée des moyens de production, en supprimant ce qu'on appelle aujourd'hui le «libéralisme à l'échelle mondiale», en supprimant l'exploitation de l'homme par l'homme.

Peu de temps avant la création du Parti Communiste, la révolution russe à l'est de l'Europe avait créé un immense espoir. Mais cet espoir, malgré des succès incontestables dans la transformation sociale, ne s'est pas réalisé et a dégénéré en une monstrueuse dictature. Robert Hue s'excuse du soutien inconditionnel qu'a apporté le Parti Communiste Français au régime stalinien dans sa politique étrangère, mais il ne s'excuse pas du soutien qu'il a apporté à certaines périodes au patronat français sur l'ordre de Staline.

Aujourd'hui, les dirigeants du Parti Communiste en sont à plaisanter de ce passé. On peut lire dans L'Humanité du 18 décembre un reportage sur cette soirée au siège du PC place du Colonel-Fabien à Paris (1). On y trouve par exemple : «Ils sont venus : 2000 cocos-technos place du Colonel-va-bien».

Cet «humour» ne fera sûrement pas retrouver au PCF le crédit populaire qu'il a perdu. A moins qu'il compte sur ce que la même Huma écrit : «D'autres profitent de la moquette pour rêver de matelas qui chantent : va-t-on assister à un véritable «coco-boom» et à la recrudescence de «Robert» au «top-ten» des prénoms à la mode ? Rendez-vous dans neuf mois».

Cela se veut drôle bien sûr ! Mais peut-être pas pour tous ceux qui ont cru toute leur vie dans un idéal communiste qu'ils croyaient incarné par le Parti Communiste.

Et puis, ce n'est pas comme cela que le PCF retrouvera les électeurs qu'il a perdus par son soutien inconditionnel de plusieurs années à Mitterrand et par sa complicité avec le gouvernement actuel dont on découvre chaque jour un peu plus qu'il est un adversaire des travailleurs.

En tout cas, à Lutte Ouvrière, nous sommes fidèles à l'idéal communiste qui ne se démodera pas malgré ses 80 ans, tant que le capitalisme existera, avec son cortège de crimes d'Etat, de désastres, d'exploitation, de guerres et de famines.

En tout cas, si les résultats des élections et les sondages veulent dire un peu quelque chose, il apparaît que la nouvelle politique du Parti Communiste trouve de moins en moins d'écho, tandis que la politique communiste que nous défendons en trouve de plus en plus.

Les communistes de 1920 n'ont pas réussi à changer la société. Cela ne veut pas dire que ceux qui reprennent aujourd'hui l'idéal communiste ne la changeront pas.

Arlette LAGUILLER

(1) Nous reproduisons cet article de L'Humanité pour l'information de nos lecteurs (voir page 4)

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