C'est sans doute avec surprise que certains ont appris que la société Arianespace avait 1,3 milliard de francs de déficit pour 2000. Comment ce superbe fleuron technologique dont on ne cesse de nous vanter les mérites serait lui aussi un gouffre financier ? Comme Concorde et le Charles-de-Gaulle ?

En réalité les choses sont plus complexes. Ariane 4, le lanceur précédent, est bénéficiaire. Par contre le nouveau et très lourd, Ariane 5, a des problèmes de mise au point : son premier vol en juin 1996 fut d'ailleurs un échec.

Or, les fusées par elles-mêmes ne rapportent pas grand-chose. Ce qui est intéressant et très profitable, ce sont les satellites. D'abord pour les sociétés qui les fabriquent (et qui dégagent des marges plus importantes que celles qui fabriquent les lanceurs) et surtout pour les sociétés qui exploitent ces satellites. De ce point de vue, pas de problèmes : les entreprises dont les satellites sont envoyés dans l'espace (50 % des vols d'Arianespace sont commerciaux) en retirent des bénéfices qui se chiffrent en milliards.

Mais, pour la santé de leurs profits, elles souhaitent que les fusées, simplement destinées à être désintégrées après leur vol, soient les moins chères possibles. Eh bien, tout cela va sûrement s'arranger : Arianespace n'envisage pas d'augmenter ses tarifs et de faire payer ses clients. Non, elle demande à l'Europe d'y pourvoir et le PDG d'Arianespace a réclamé aux Etats européens de "consolider leur effort (...), L'Europe dépense chaque année 600 millions d'euros pour les lanceurs quand les Etats-Unis mettent 3 milliards de dollars" a-t-il déclaré.

Alors à nos poches, car n'oublions pas qu'en matière de financement l'Europe c'est nous, car la seule union européenne qui semble réalisée pour le moment c'est celle des contributions!