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- Lutte ouvrière n°1704
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Enseignement - Collège Georges-Brassens (Paris 19e) : Trois semaines de grève contre les classes surchargées "collèges saturés, collèges en danger"
Au collège Georges-Brassens de Paris 19e, nous avons repris les cours lundi 5 mars après trois semaines de grève commencée le 29 janvier.
Si nous avons posé notre sac, c'est que nous n'en pouvions plus. Notre collège, ouvert en 1993, conçu pour 600 élèves, en accueille à peu près 800 actuellement, et si l'architecture est moderniste, elle n'est pas fonctionnelle du tout. L'exiguïté des locaux fait qu'à chaque interclasse, lorsque les classes du deuxième étage déversent leurs vingt-huit élèves, ce sont près de 500 élèves qui se bousculent dans un couloir long de quarante mètres et large de un mètre soixante-dix, soit l'équivalent de cinq élèves par mètre carré, pire que dans le métro. On peut toujours s'interroger doctement sur les causes de la violence à l'école, mais elle commence là.
De plus, le rectorat qui annonce chaque année, en janvier, les prévisions pour la rentrée suivante, prévoyait des effectifs en plus, et moins de moyens horaires pour faire travailler les élèves, dont la plupart sont en grande difficulté. C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase : la grève a été massive, active pendant trois semaines, et les vacances scolaires n'ont pas diminué notre détermination puisque nous nous sommes remis en grève le 26 février, jour de la rentrée.
En nous adressant aux onze collèges du 19e arrondissement, nous avons vite pris conscience que les problèmes de sureffectifs touchaient tout l'arrondissement. La rénovation urbaine fait pousser les logements résidentiels, les cités HLM, mais les équipements collectifs sont oubliés : il a fallu que les parents de nos élèves se battent pour les crèches, les maternelles, les écoles primaires... et maintenant que les enfants arrivent au collège, toujours rien n'a été prévu pour leur accueil. Ainsi, dans le 19e, la capacité d'accueil des collèges est inférieure aux effectifs : environ une centaine d'enfants en âge d'entrer en sixième ne trouveraient pas de place dans l'arrondissement à la rentrée 2001.
Les enseignants réclament 24 élèves par classe, 24 classes maximum pour notre collège et la création d'un collège dans le 19e pour la rentrée 2001. En faisant le tour des collèges, nous avons constaté que le rectorat jouait les collèges les uns contre les autres, en distillant quelques heures ici ou là à condition que l'on accepte les sureffectifs. Mais aucune mesure d'urgence n'est prévue pour répondre à la situation critique de la prochaine rentrée alors qu'il faudrait rapidement prévoir l'ouverture d'une structure.
C'est au rectorat, c'est-à-dire à l'Etat, qu'il revient de créer les postes en professeurs, administratifs, personnel technique, nécessaires au fonctionnement d'un établissement, tandis que c'est au département, c'est-à-dire ici à la Ville de Paris, qu'il revient de créer les locaux. Evidemment, chacun se renvoie la balle, quand on s'adresse successivement aux uns et aux autres. Mais nous avons pu constater la complicité entre la mairie du 19e, dirigée par le Parti Socialiste, et le rectorat : les uns comme les autres accusaient les professeurs grévistes d'irresponsabilité. Mais eux n'ont rien à proposer !
Quant aux élus, auxquels nous avions demandé leur soutien, nous n'avons jamais reçu leur visite. Il fallut encore pour cela une réunion houleuse, mardi soir 27 février, qui rassembla plus de 200 parents d'élèves au collège, dont 70 menaçaient de se rendre sur-le-champ à la mairie puisque personne n'était venu la représenter. Deux adjoints du maire socialiste se présentèrent le lendemain, à la réunion du mercredi 28 février à la mairie, où nous avions convié les parents à se rendre le plus nombreux possible. Ce jour-là, c'est encore plus d'une centaine de personnes qui étaient présentes en mairie.
Mais les deux adjoints n'étaient là que pour tenter de reprendre les affaires en mains et d'opposer les enseignants grévistes de Georges-Brassens, tant aux parents d'élèves qu'aux autres collèges du 19e. Les deux adjoints, à l'instar du rectorat, vitupéraient contre notre grève, reprenant les mêmes arguments. Cependant, ils admettaient que la construction d'un nouveau collège avait pris cinq ans de retard. Mais au lieu de recenser tous les locaux, ou les espaces possibles de l'arrondissement où pourrait être installée pour la prochaine rentrée une structure d'urgence pour l'accueil des élèves, ils ne proposaient que de repeindre quatre salles d'un bâtiment annexe au collège qui abrite le lycée de la musique et de la danse.
C'est donc toujours la politique du déshabiller Pierre pour habiller Paul. L'inconsistance de cette mesure, à laquelle nous nous sommes résignés faute d'avoir pu entraîner, au bout de trois semaines, d'autres forces pour la revendication de la création d'un nouveau collège dès la rentrée, risque de nous opposer aux professeurs du lycée.
Nous ne désarmons pas car, d'une part, nous avons eu la promesse de ne pas voir nos effectifs continuer à augmenter, et d'autre part nous avons obtenu des heures pour faire fonctionner deux classes supplémentaires dans le collège à la rentrée prochaine, ce qui nous permettra de réduire un peu les effectifs par classe. Avec les parents d'élèves, qui les ont soutenus dans cette grève en occupant le collège une semaine, les enseignants de Georges-Brassens sont décidés à rester vigilants.