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Belgique : Procès sous haute surveillance contre deux délégués syndicaux
Le Palais de justice de Bruxelles, mercredi 4 avril, avait été transformé en véritable camp retranché. Pourtant, on n'y jugeait pas deux assassins, mais Robert D'Orazio et Silvio Mara, deux délégués syndicaux qui avaient mené la lutte des travailleurs des Forges de Clabecq contre leur fermeture en 1997.
Pour entrer au tribunal, il fallait passer un premier barrage filtrant de gendarmes qui comptabilisaient les gens venus assister au procès et limitaient l'accès à la salle, puis un deuxième barrage où l'on vous fouillait au corps. Dans la salle, une quinzaine de gendarmes entouraient le public tandis qu'au dehors ils effectuaient des rondes. Une centaine de personnes qui n'avaient pu rentrer attendaient la fin de l'audience devant le Palais.
Robert D'Orazio et Silvio Mara avaient fait appel devant la Cour de cassation pour casser le précédent jugement de la cour d'appel de Bruxelles. Ils ont perdu et tout sera renvoyé encore une fois devant la cour d'appel de Bruxelles.
Cela fait trois ans que la justice poursuit ces deux délégués qui sont inculpés d'une quarantaine de charges. Et ce procès devrait durer quelques années encore, entraînant d'importantes dépenses pour les deux " accusés " qui ont perdu leur emploi.
Si la justice entend les faire condamner, c'est pour faire un exemple avec ces deux syndicalistes qui ont mené la lutte contre la fermeture de leur entreprise. Comme le soulignait l'un des deux au procès : " Un accord social a été approuvé par 95 % du personnel concernant la reprise des Forges par Duferco, mais après c'est à nous qu'on s'est attaqué. " De fait, ils ont été licenciés, comme toute la délégation syndicale de l'usine, traînés devant la justice et exclus du syndicat FGTB (syndicat socialiste). Pour protester contre cette exclusion et demander la prise en charge des frais du procès par le syndicat, en novembre dernier, les deux délégués et leurs partisans avaient occupé le siège de la FGTB à Bruxelles, avant d'être embarqués par la police sur ordre de Michel Nollet, président du syndicat.
Cette occupation avait provoqué des remous importants an sein de la FGTB et dans les délégations syndicales des entreprises.
Aujourd'hui Duferco, qui a repris en 1997 les Forges de Clabecq en empochant les subventions de la Région wallonne, veut fermer ces mêmes forges. Il reprendrait une partie des installations de Cockerill Sambre à Charleroi qu'Usinor veut fermer. A Clabecq, huit cents travailleurs perdraient leur emploi.
D'Orazio et Mara avaient dénoncé en 1997 " ces charognards " qui rachètent à bas prix des usines au nom de la sauvegarde de l'emploi pour obtenir des aides en tout genre et faire des profits. Des Bernard Tapie, il n'y en a pas qu'en France ! Ils n'avaient pas accepté la fermeture de leur usine, ils se sont battus, voilà pourquoi on les trimballe de tribunal en tribunal.
Dans cette société, mettre des travailleurs et leurs familles sur le carreau n'est pas un crime, par contre être un travailleur combatif en est un : la justice, de classe, espère sans doute démoraliser tous ceux qui ont regardé vers cette lutte et l'ont soutenue.
Les procès vont continuer, le soutien à D'Orazio et Mara doit se poursuivre !