SNECMA : En route vers la privatisation ?08/06/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/06/une-1717.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNECMA : En route vers la privatisation ?

L'annonce par les médias, puis par une note de service de la direction générale, de la décision du gouvernement d'entamer la procédure de privatisation de l'entreprise a provoqué beaucoup de discussions et un début d'inquiétude parmi les travailleurs du groupe.

Pour le moment le processus n'en est qu'à ses débuts. Le gouvernement est en train de sélectionner le «pool bancaire» qui devrait piloter l'opération. Et comme, jusqu'à présent, la SNECMA n'était pas une entreprise jugée très intéressante pour le capital privé, essentiellement à cause de sa taille, les choses peuvent encore traîner en longueur.

Cependant, à coup de rachats spectaculaires, le chiffre d'affaires de la holding s'est envolé, passant de 23 à 37 milliards de francs. D'un déficit de 2 milliards en 1994 et en dépit des nombreux rachats de ces dernières années, l'entreprise est passée, aujourd'hui, à un résultat positif de 2,7 milliards de francs !

Mais ce qui fait la fierté des directeurs de la SNECMA, c'est la rentabilité financière de la holding qui affiche un taux de 10,5 % ; tandis que celui de sa principale filiale de moteurs aéronautiques atteint 12,3 %. Dans ce domaine, les directeurs se flattent de se classer au second rang mondial, devant Rolls-Royce et Pratt et Whitney, juste derrière le département équivalent de General Electric, dont le taux atteint les 18 %.

Mais en termes de production de moteurs aéronautiques, la SNECMA n'arrive qu'au quatrième rang mondial, ce qui alimente les appels à la rentabilité financière, distillées à tous les niveaux. Certains cadres et quelques travailleurs parmi les mieux payés ont investi dans les plans d'épargne de l'entreprise, rapportant plus de 14 % l'an. La CGC se répand d'ailleurs en tracts brossant des scénarios à la «Dallas», dans lesquels se retrouvent certains arguments des chefs justifiant les suppressions de postes et réclamant la baisse des temps de production... le tout pour cause de rentabilité à maintenir, à développer, bien sûr !

De son côté, Jean-Paul Béchat, le PDG, explique que «les autres motoristes européens ne veulent pas voir leurs apports industriels nationalisés dans le cadre d'un rapprochement avec la SNECMA». La direction générale voudrait ainsi faire croire qu'elle doit privatiser pour bénéficier de collaborations étrangères.

Or les salariés savent que, depuis plus de 25 ans, la SNECMA coopère avec le trust américain General Electric pour la fabrication et la vente d'un moteur destiné aux avions civils de plus de 100 places. Cette alliance industrielle a donné naissance à CFM, le numéro un mondial des moteurs d'avions civils, qui équipe aujourd'hui plus de 58 % de la flotte civile mondiale, sans compter quelques avions militaires, awacs, etc.

C'est dire si la nationalisation n'a pas empêché de tisser des coopérations internationales extrêmement juteuses pour la SNECMA comme pour General Electric.

En vue d'une privatisation totale ou partielle, voulue par le gouvernement Jospin et son ministre de l'Economie Fabius, la direction engrange et réserve ses milliards aux futurs actionnaires. En attendant, elle distribue ses coups aux salariés du groupe, continuant sa politique de baisse des effectifs (notamment chez les ouvriers), bloquant les salaires et augmentant les cadences.

Mais à ce jeu-là, elle pourrait bien connaître quelques retours de bâton !

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