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Leur société
Les tarifs des transports dans la mauvaise direction
Selon une mauvaise habitude bien établie, les transports en commun d'Ile-de-France augmentent pendant les vacances d'été. Au 1er juillet, le prix du ticket de métro à l'unité passe de 8 francs à 8,50 francs, soit 6,25 % de hausse. Le carnet, qui avait déjà augmenté de 3 francs l'année dernière, en reprend pour 3 francs, atteignant 61 francs. La carte orange valable pour Paris et une mince couronne de banlieue (la carte "deux zones") passe de 285 à 291 francs par mois.
A l'origine de la décision, le Syndicat des transports en commun d'Ile-de-France, qui comprend des représentants de la Ville de Paris, des départements et de la région. Il justifie de ces hausses en soulignant que si les usagers effectuant leur trajet à l'intérieur de Paris connaissent une augmentation plus forte que la moyenne, c'est pour poursuivre un "rééquilibrage" en faveur de ceux qui font des trajets plus longs depuis la grande banlieue. Seulement les tarifs augmentent pour tout le monde, la carte orange qui permet de circuler dans le plus grand rayon autour de Paris passant, par exemple, de 805 à 812 francs par mois, ce qui n'est tout de même pas un cadeau.
Et il faudrait également s'estimer heureux de la hausse du carnet puisque, voyez-vous, son prix reste "inférieur à celui couramment pratiqué dans les grandes agglomérations". Il ne viendrait pas à l'esprit de ces fameux organisateurs de transports que les tarifs pourraient être alignés sur les plus bas et non les plus hauts.
Si le gouvernement cherchait à aggraver la circulation, il ne s'y prendrait pas autrement. Discrètement, un décret signé du ministre des Finances et de son collègue des Transports, publié en novembre dernier, supprime, sous certaines conditions, l'encadrement des tarifs des transports urbains. Chaque agglomération peut désormais, à condition de respecter certaines procédures, prévoir les hausses qu'elle entend. En revanche, ce qui reste strictement limité, c'est la contribution que les agglomérations peuvent demander aux employeurs. En effet, un conseil municipal ou un conseil d'agglomération n'a pas le droit de voter n'importe quel taux de "versement transport", appliqué aux entreprises. Un tel prélèvement est plafonné.
Pourtant les transports publics servent en grande partie à acheminer sur les lieux de travail la main-d'oeuvre, nécessaire aux employeurs. Il serait normal de prélever sur les bénéfices du patronat ce qu'il faut pour obtenir des transports en commun décents, au lieu de faire appel à la générosité forcée des usagers pour un service qui reste sous-développé.