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- Lutte ouvrière n°1723
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Leur société
Augmentation du nombre de Contrats Emploi Solidarité : " traitement social du chômage" ?... ou traitement des chiffres du chômage !
Le gouvernement a annoncé qu'il allait créer, d'ici 2002, 100 000 Contrats Emploi Solidarité (CES) supplémentaires, les portant ainsi à 360 000 au total. Cela s'inscrit dans ce que la ministre de l'Emploi appelle le " traitement social du chômage ".
En fait de " traitement social ", ces emplois, théoriquement réservés aux collectivités locales et aux associations, constituent tout juste une bouée de sauvetage pour ceux qui les occupent : pour 20 heures de travail, ils sont payés à moins de 3 000 F par mois.
En instituant ces emplois en 1989, le gouvernement d'alors se donnait un moyen de camoufler l'importance du chômage. Le nombre de CES atteignit les 500 000 en 1997. Ce fut aussi l'occasion, en toute illégalité, pour les pouvoirs publics de se fournir une main- d'oeuvre bon marché en lieu et place d'embaucher. C'est ainsi qu'on a vu se multiplier les CES à La Poste, dans les écoles et lycées, dans les hôpitaux pour tenir des postes ordinaires en étant payés, à l'origine, 2 500 F par mois. On a même vu l'Etat créer des associations bidon qui embauchaient des CES et les mettaient à disposition dans les préfectures et les ministères.
Et s'il est vrai que beaucoup préféraient avoir un CES plutôt qu'être chômeurs, les CES n'étaient qu'un palliatif pour ceux qui les prenaient mais qui ne permettait pas de vivre normalement.
Mais leur diminution partielle à partir de 1997 ne s'est pas traduite par leur transformation en emplois stables, en particulier dans les services publics. La " reprise " des quelques dernières années s'est accompagnée de la multiplication d'emplois précaires, et du développement massif de sous-catégories de contractuels dans les hôpitaux, à La Poste...
Depuis quelques mois, alors qu'on commence à parler d'un ralentissement de l'économie, que des plans de licenciements de grande ampleur se succèdent, le gouvernement a décidé d'augmenter de nouveau le nombre de CES. Par souci des chômeurs ? Plutôt par crainte d'une remontée du chômage à la veille des élections !
Plutôt que d'interdire les licenciements et d'obliger les patrons à prendre sur leurs profits pour maintenir l'emploi, le gouvernement a recours aux vieilles formules bien éprouvées qui permettent de diminuer le nombre officiellement recensé de chômeurs... à défaut de lutter vraiment contre le chômage !