Le PCF et l'intervention en Afghanistan12/10/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/10/une-1734.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans le monde

Le PCF et l'intervention en Afghanistan

Du PS à l'extrême droite, les partis politiques français ont dans leur grande majorité approuvé sans réserve l'intervention américaine en Afghanistan et tous admettent la participation de la France à ce déploiement de forces armées. Même Chevènement, qui avait prétexté un désaccord avec la guerre du Golfe pour quitter le gouvernement de l'époque, trouve cette fois l'intervention militaire "légitime".

Quant aux déclarations des dirigeants du PCF, elles reflètent ses embarras. D'un côté, le PCF essaye de ne pas cautionner trop franchement les choix de l'impérialisme américain, mais il ne veut pas non plus rompre la solidarité qui le lie au gouvernement Jospin. Mettant en avant les risques d'"engrenages immaîtrisés", son secrétaire national Robert Hue avait réclamé que "la représentation nationale soit informée et consultée". Marie-George Buffet est allée dans le même sens en réclamant "un débat au Parlement, dès cette semaine".

Ces demandes, bien peu audacieuses, ont été en partie exaucées par Jospin qui a déclaré que "si des décisions devaient être prises, le Parlement serait informé". Mais il a prudemment refusé de demander à ce Parlement de voter sur ces décisions afin d'éviter aux composantes de sa majorité d'avoir à se prononcer. Et comme Jospin prétend refuser de "s'engager dans un engrenage incontrôlé", ce qui ne veut strictement rien dire, Hue s'en satisfait. Hue mais aussi Chevènement ou encore Mamère qui, dans un premier temps, avait fait mine de regimber.

Tout ce beau monde emboîte le pas à Jospin, qui lui-même emboîte le pas à Bush.

Hue demande par ailleurs, dans les colonnes de l'Humanité du 8 octobre, "la convocation d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU", en prétextant que "toute action de riposte, surtout si elle implique l'usage de la force, ne peut être mise en oeuvre que dans le cadre et sous l'égide des Nations Unies".

Mais en quoi le déploiement d'une force militaire sous couvert de l'ONU pourrait-il constituer une quelconque protection des populations afghanes ?

L'implication de l'ONU dans la plupart des conflits qui ont marqué ces cinquante dernières années prouve tout le contraire. De la Corée au Rwanda, en passant par l'ex-Congo belge, la Bosnie ou le Proche-Orient, à chaque fois les troupes de l'ONU ont laissé faire ou couvert les massacres, quand elles n'y ont pas participé directement comme en Corée. Et elles ont contribué à mettre en place ou à maintenir des dictatures qui n'avaient rien à envier à celle des taliban. Dans tous les cas, l'ONU n'a jamais fait autre chose que d'imposer aux peuples les choix politiques et les intérêts de l'impérialisme, et plus particulièrement ceux de l'impérialisme américain.

Alors, en appeler à une intervention de l'ONU comme le fait Robert Hue, cela revient à demander aux dirigeants impérialistes, avant de bombarder et de massacrer, de bien vouloir se couvrir d'une feuille de vigne.

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