Décret sur les véhicules amiantés : Laisser faire les trusts, laisser payer les travailleurs30/11/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/11/une-1741.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Leur société

Décret sur les véhicules amiantés : Laisser faire les trusts, laisser payer les travailleurs

Un décret pris par le gouvernement Juppé en 1996 prévoyait qu'à partir du premier janvier 2002 les voitures de plus de cinq ans susceptibles de contenir de l'amiante ne pourraient plus être revendues. Tout le monde l'avait oublié parmi les gouvernements qui se sont succédé depuis, jusqu'à ce qu'il soit exhumé presque par hasard à quelques semaines de la date fatidique, et provoque l'affolement. Les garagistes, en particulier, se sont avisés que faute de pouvoir revendre leurs véhicules bien des automobilistes pourraient les garder, et donc ne pas en acheter de neufs.

Le gouvernement a donc rapidement annoncé que la date d'application du décret pourrait être reportée. Gouverner, c'est prévoir, paraît-il ! Mais dans notre société, c'est surtout laisser faire les trusts, et pour le reste appliquer la devise : " Après moi le déluge ". Alors que depuis le début du siècle on sait que l'amiante provoque des infections mortelles, les gouvernants ont retardé tant qu'ils ont pu son interdiction. Dans l'automobile, on l'utilisait à fabriquer les plaquettes de freins, les garnitures d'embrayages et les joints de culasse. Chez Renault, l'amiante n'a disparu des pièces détachées qu'en 1995 et chez PSA en 1997. Des ouvriers et leurs proches l'ont payé de leur vie. Tout récemment encore, un tribunal condamnait l'équipementier Valéo à indemniser l'épouse d'un salarié victime de l'amiante, et qui avait été elle-même contaminée rien qu'en lavant ses vêtements de travail. Et quand en 1997 la France finit par interdire l'utilisation de ce poison, des décrets furent pris tous azimuts pour défaire ce que l'on faisait encore quelque mois avant, et se débarrasser de l'amiante qui se trouvait maintenant partout, dans les bâtiments, les navires, les véhicules. Le soin que l'on mit à la chose est une nouvelle fois illustré par cette affaire de décret oublié au fond d'un tiroir ministériel !

Mais ce qui est certain, c'est que l'on ne présentera pas l'addition aux trusts automobile qui ont utilisé l'amiante. Les frais retomberont sur les possesseurs des automobiles en cause, qui ne sont certainement pas parmi les plus argentés et pour qui tout cela se traduira vraisemblablement par de coûteux contrôles supplémentaires, si ce n'est par l'obligation de remplacer des pièces dont chacun sait qu'elles sont loin d'être bon marché. Sans parler de tous les travailleurs qui, dans les années à venir, vont continuer à mourir des maladies liées à l'amiante qu'ils ont manipulée.

Partager