Mairie de Tours en grève : Le mépris du maire, et les 35 heures ont mis le feu aux poudres24/12/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/12/une-1744.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Mairie de Tours en grève : Le mépris du maire, et les 35 heures ont mis le feu aux poudres

Depuis le mercredi 12 décembre, la mairie de Tours est en grève. En grève quasi totale. Des bureaux au nettoiement, en passant par les éboueurs, le personnel du théâtre, des crèches, des écoles, des espaces verts, de la voirie, des maisons de retraite du CCAS, c'est une grève d'une ampleur plus importante même que celle de novembre 1995 qui a entraîné dans le même élan des travailleurs de toutes les catégories, de tous les grades, de tous les secteurs.

L'événement qui a ainsi fait l'unanimité parmi les 3 000 municipaux de Tours (3 500 si l'on y ajoute les auxiliaires, contractuels et autres précaires), c'est l'approche du passage aux 35 heures.

Comme partout dans la fonction publique, et comme partout dans le privé, les 35 heures à la sauce Aubry s'annonçaient sans les créations d'emplois indispensables. Or, déjà à la mairie, le passage aux 38 heures, effectué sans embauches en conséquence, s'était traduit par une détérioration des conditions de travail. Alors cette fois, pas question de laisser passer, d'autant que dans bien des services, nous manquons déjà cruellement de bras. D'accord pour les 35 heures, puisqu'on nous les propose, mais il faut créer les emplois nécessaires !

Ce qui fit aussi beaucoup monter la colère, ce fut l'attitude de Jean Germain, le maire PS de Tours. Pas la peine d'incriminer les "ultra-gauchistes de Lutte Ouvrière et de la LCR" comme l'a fait Germain sur les ondes de Radio Bleu-Touraine mardi 18... Le sentiment d'avoir été baladés depuis plus d'un an de "groupes de travail en groupes de pilotage" sur les 35 heures sans que jamais aucun chiffrage ne soit fourni sur les embauches a fait bien plus que ces supposés agitateurs pour révolter même ceux qui hésitaient à s'engager dans le mouvement.

Une assemblée générale, réunie le 6 décembre sur heure d'information syndicale à l'appel de tous les syndicats (CGT, FO, CFDT et UNSA), a donné une idée du climat : nous étions plus de 1000, alors même que bien des collègues n'avaient pas été libérés par leur chef de service. C'est là que les revendications furent adoptées - 35 heures hebdomadaires sans annualisation ni flexibilité, résorption des emplois précaires par titularisation, création de 10 % d'emplois (soit 300 embauches) sur des postes "statutaires". La grève - reconductible - fut décidée pour le mercredi 12 décembre.

Le 12, l'assemblée était plus importante encore, la monumentale salle des fêtes de la mairie qui réunit les AG quotidiennes, pleine à craquer. Les revendications furent revotées, un tract à destination de la population (que le maire tente de mobiliser contre les grévistes) adopté, pour expliquer entre autres que "les créations de postes sont indispensables pour que la réduction du temps de travail ne se traduise pas pour nous, employés municipaux, par une dégradation des conditions de travail ; pour vous, usagers, par une dégradation du service public. Nous pensons qu'il y a trop de précarité et trop de chômage pour que les services publics contribuent à aggraver cette situation".

Le vendredi 14, la grève fut votée jusqu'au lundi matin, puis elle fut reconduite chaque jour par une assemblée générale regroupant de 1000 à 1500 grévistes. Le samedi, alors qu'aucune décision majeure n'était à prendre, il y eut tout de même 800 personnes à l'AG. Et chaque jour, l'AG fut suivie d'une manifestation en ville, manifestations qui regroupèrent jusqu'à 2000 personnes.

Lundi 17 décembre, le maire reçut les syndicats, pour leur confirmer les propositions que l'adjoint chargé du personnel avait faites la veille : à partir du 1er janvier, passage à un horaire hebdomadaire de 35 h 34 ; 100 postes créés, mais sur trois ans (40 en 2002, 30 en 2003, 30 en 2004) ; titularisation de 143 précaires, mais là aussi, 60 seulement début 2002, le reste sur trois ans.

Trop loin du compte a décidé, le lendemain matin, l'assemblée des grévistes. Des grévistes qui se sont dorénavant installés dans la mairie, où ils ont à toutes fins utiles le maire en permanence sous la main

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