Les grévistes du musée de l'Homme à Paris ont repris le travail lundi 21 janvier, après deux mois d'une grève unanime.

Mercredi 15 janvier, plus de cinq cents personnes avaient manifesté vers le siège du Premier ministre à Paris, pour exiger l'arrêt du projet de déménagement des 300 000 objets des collections d'ethnologie du musée de l'Homme, de la bibliothèque et de la photothèque. Avec les agents et les scientifiques grévistes, plusieurs centaines de manifestants avaient défilé, parmi lesquels des travailleurs du Muséum national d'histoire naturelle dont fait partie le musée de l'Homme et d'autres de l'Education nationale ou des milieux scientifiques. Tous voulaient défendre ce qui fait selon eux l'originalité de ce musée qui dépend de l'Education nationale et allie recherche scientifique, conservation, restauration des objets rapportés des nombreuses expéditions ethnologiques depuis 1880, et enfin accueil d'élèves et expositions.

Aucune délégation n'a été reçue à l'hôtel Matignon. Puis un président a enfin été nommé pour le Muséum, un scientifique de la recherche agronomique, Chevassus-au-Louis; le lendemain il recevait les grévistes et promettait qu'un contrôle un peu plus grand du musée de l'Homme s'exercerait sur le déroulement du déménagement vers le futur musée du quai Branly. Mais sur l'essentiel, rien n'a changé : la décision de vider ce musée de toutes ses collections ethnologiques est toujours maintenue. L'avenir du musée est toujours en suspens. Plusieurs projets de nouveaux musées se disputent les collections du musée de l'Homme. Il y a le musée des " Arts premiers " pas encore sorti de terre du quai Branly à Paris et un autre également dans les cartons, à Marseille, dont le nom n'est même pas arrêté.

Pour Chirac comme pour Jospin, ces nouveaux musées ne sont que des opérations de prestige. Sinon pourquoi auraient-ils laissé le musée de l'Homme avec son " trésor " pendant des années sans crédits aucuns ? Il ne fonctionne pour entretenir et montrer ses collections qu'avec l'argent des entrées de visiteurs. De la même manière que les hommes politiques de la bourgeoisie veulent " leur " musée, ils sont tout prêts à alimenter le marché de l'art, ce à quoi peut contribuer le " trésor " du musée de l'Homme. Il fallait une loi, elle a été votée en procédure d'urgence début décembre, et ils étaient tous d'accord, députés de droite comme de gauche ; elle permet désormais aux musées de vendre (après déclassement) leurs objets.

Les musées non plus n'échappent pas aux convoitises. Le profit passe avant tout.