Israel : Des soldats refusent la sale guerre contre les Palestiniens08/02/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/02/une1750.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israel : Des soldats refusent la sale guerre contre les Palestiniens

Le soutien à la politique répressive de Sharon, à l'égard des Palestiniens, qu'on disait être général dans la population israélienne, pourrait-il voler en éclat ? Au sein même de l'armée, deux officiers de réserve viennent de rendre publique une pétition signée par cinquante autres officiers et soldats. La pétition affirme leur refus de servir dans les territoires occupés par Israël. "Nous déclarons, ont-ils écrit, que nous ne prendrons plus part à la guerre engagée pour la sécurité des colonies. Nous ne combattrons plus au-delà de la ligne verte" (qui marque la frontière d'avant la guerre des Six Jours de 1967). Et ils ont poursuivi en affirmant : "Les territoires, ce n'est pas Israël ; le sort des colonies est d'être évacuées".

Et comme à chaque fois que des hommes et des femmes ont le courage de refuser les exactions qu'on veut leur faire commettre, la vérité longtemps cachée au plus grand nombre éclate au grand jour. D'ailleurs les pétitionnaires n'ont pas mâché leurs mots quand ils ont défini les tâches de l'armée israélienne : "Mission d'occuper, de déporter, de détruire, de bloquer, de tuer, d'affamer et d'humilier tout un peuple".

Et pour donner plus de poids à leurs témoignages, l'un d'eux a rapporté "la procédure de tirs de semonce" appliquée aux enfants : "S'ils s'approchent à 100 mètres de notre position, nous devons tirer à 50 mètres sur leur droite ou sur leur gauche, même s'ils veulent juste jouer ou poser un piège à oiseaux. Une fois, un soldat a touché un enfant alors qu'il se trouvait à 150 mètres". Dans les Territoires, a dit un autre pétitionnaire, "les habitants sont qualifiés de "cibles légales".

Ces témoignages viennent même d'être confirmés par l'ancien chef du Shin Beth, le service de sécurité israélien, que l'on peut difficilement soupçonner de visée subversive, et pour qui "trop peu de soldats refusent d'obéir à des ordres illégaux. L'ordre de tirer sur un enfant non armé est manifestement un ordre illégal. Je suis très inquiet du nombre d'enfants palestiniens tués au cours de la dernière année".

Lors de la première Intifada, l'impasse dans laquelle s'était finalement engagée l'armée israélienne avait aussi amené à des refus de servir. Le malaise qui gagnait une frange de la jeunesse israélienne, conjugué à la détermination des Palestiniens, fut d'ailleurs une des causes de l'infléchissement de la politique du gouvernement israélien de l'époque.

Juste un an après son arrivée au pouvoir, Sharon a dû écoeurer suffisamment d'Israéliens pour que certains osent maintenant clamer publiquement leur opposition. Lui qui disait vouloir atteindre la paix par une victoire totale sur les Palestiniens se retrouve aujourd'hui avec un bilan désastreux ; en premier lieu pour la population palestinienne bien sûr, mais aussi pour celle d'Israël qui a rarement eu autant de victimes dans ses rangs en aussi peu de temps.

Il reste maintenant à souhaiter que la brèche qui vient de s'ouvrir continue de s'élargir.

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