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- Lutte ouvrière n°1752
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Samsonite Hénin-Beaumont (Pas de Calais) : - 95 salariés licenciés par une entreprise arrosée de subventions et qui fait des profits
Le 18 janvier 2001, 95 salariés sur 310, de Samsonite à Hénin-Beaumont dans le Pas-de-Calais, recevaient leur lettre de licenciement. Pourtant cette entreprise qui a été arrosée de subventions publiques est loin d'être en faillite !
Samsonite est le premier bagagiste mondial. De janvier à septembre 2001, Samsonite Europe a réalisé 6,4 millions d'euros de profits. Elle a implanté des usines dans les pays de l'Est (Tchéquie, Roumanie...), en Inde et récemment en Chine.
Prétextant la baisse des ventes de valises, après le 11 septembre, la direction a entamé une procédure de licenciements collectifs en France et aussi en Belgique où l'ensemble des 110 salariés d'Oudenarde sont en passe d'être mis dehors, au moment où l'usine de Chine se met à produire à plein.
Les attentats ont bon dos. En effet, au nom de l'accord 35 heures, la direction a imposé ces derniers mois aux salariés d'Hénin-Beaumont de prendre leurs jours de RTT, " vu les circonstances exceptionnelles " et les stocks. L'accord 35 h avait été signé en 1998 en grande pompe en présence de Martine Aubry qui le présentait comme exemplaire. Aujourd'hui les quelques salariés embauchés à cette occasion sont sur la liste des licenciés, sauf un. Ce qui n a pas empêché l'entreprise de toucher les baisses de charge pour les 35 h, seulement voilà ces aides expiraient... en décembre 2001 !
Samsonite a bénéficié de nombreuses subventions du FIBM (Fonds d'industrialisation du bassin minier), ainsi que de la municipalité. Elle avait aussi reçu un coup de pouce du ministère du Travail dirigé à l'époque par Michel Delebarre. En 1998 le préfet du Pas-de-Calais avait fait une déclaration expliquant que l'État acceptait encore une fois une subvention pour l'extension de l'entreprise, mais qu'il espérait que cette fois-ci l'entreprise tiendrait sa promesse d'embaucher, car ces aides y étaient conditionnées. Aujourd'hui, Samsonite Hénin licencie 95 personnes sans avoir embauché mais en ayant empoché la manne des subventions...
Les licenciés vont toucher 4 500 F par année d'ancienneté. Ainsi une salariée qui a 18 ans d'ancienneté va toucher 125 936 F (19 000 euros), mais elle ne commencera à toucher les indemnités de chômage qu'au mois de juillet ! Les salariés sont en colère mais se sentent démunis. La CGT n'a pas signé ce plan social alors que la CFDT l'a accepté.
Tous les licenciements sont inacceptables mais ce plan social- là ne respecte même pas les règles élémentaires de ce type de procédure : le seul délégué CGT au CE est sur la liste des licenciés, ainsi que les autres membres de ce syndicat, des mères seules âgées de plus de 40 ans sont aussi sur la liste, etc.
L'inspection du travail est restée silencieuse et invisible, et une cinquantaine de salariés licenciés ont dû envahir ses locaux pour être enfin reçus.
Les élus PS et PC du coin y sont tous allés de leur protestation et ont demandé le contrôle a posteriori des fonds publics qui ont arrosé cette entreprise. Mais ces subventions à fonds perdus et sans contrôle, y compris à des entreprises qui licencient, font partie de la politique du gouvernement qu'ils soutiennent.