Nos lecteurs écrivent : A propos de Porto Alegre01/03/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/03/une1753.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Divers

Nos lecteurs écrivent : A propos de Porto Alegre

Concernant l'article sur Porto Alegre paru dans Lutte Ouvrière du 1er février, je ne suis pas d'accord sur la manière négative de voir le Forum de Porto Alegre. Une phrase simpliste pourrait définir ce point de vue - il est facile de critiquer mais il faut agir -, mais je n'en resterai pas là. La lutte que nous menons tous n'a qu'un seul objectif, aboutir à un monde plus juste et non empreint de menace pour le futur, tous les moyens sont bons et le dogmatisme " hors but ultime " doit être mis de côté.

J'ai voyagé d'une manière régulière, je connais un échantillon des Brésiliens vivant dans le Matto Grosso ou à Belem (...). Il faut contribuer à agir dans le même sens. A côté de cela, j'ai écouté France Inter le samedi 2 février, la tendance à récupérer le mouvement est nette. Et alors, cela fait de la publicité (un des très rares cas où j'accepte la publicité) ! Si la révolution n'est qu'un moyen pour atteindre le but ultime, la tolérance, l'acceptation de l'autre peuvent également faire partie de ces moyens et le but ultime nous le connaissons.

Là-dessus, mes réelles salutations et bon courage, merci.

J.-P. M. (Aubagne)

La réponse de Lutte Ouvrière

Nous avons " un seul objectif, un monde plus juste et non empreint de menace pour le futur ", dis-tu, en mettant dans ces mots ton espoir en un monde meilleur. Mais crois-tu vraiment que, quand ils usent de telles formules devant les micros, à Porto Alegre ou ailleurs, les représentants de Chirac, les ministres de Jospin ou Chevènement y mettent le même sens généreux ? De leur part, il s'agit de mots creux qui ne les engagent à rien. Cela leur permet de se donner, à bon compte, un air d'opposants à la " mondialisation " face aux travailleurs qu'ils exploitent ici. Et aussi de masquer la nature réelle de la politique qu'ils mènent et entendent poursuivre à la tête d'un État français qui est, avec quelques autres de ses pareils, responsable de l'appauvrissement effroyable de la population du Tiers-Monde.

Précisément parce que nous sommes solidaires des aspirations des pauvres du Tiers-Monde et de ceux qui, en Occident, voudraient un monde plus juste, plus fraternel, nous pensons que la moindre des choses est déjà de dire la vérité sur l'hypocrisie et les buts de ces politiciens. Ni de près ni de loin, ils ne sont ni ne se prétendent opposés au système capitaliste, à la différence d'ailleurs de beaucoup de ceux qui croient retrouver cette opposition dans la lutte " antimondialisation ". Les mots d'ordre se limitant à critiquer la " mondialisation " permettent précisément à ces politiciens de se dire opposés aux méfaits du système capitaliste tout en étant, en fait, des défenseurs de ce système.

Nous ne sommes pas des dogmatistes " hors but ultime ", comme tu le dis. En particulier, nous nous réjouissons que des jeunes, notamment, découvrent ce que cette société a d'odieux, même si cette prise de conscience n'est que partielle. Mais nous pensons que c'est notre rôle de les aider à sortir de la confusion, entretenue sciemment par certains autour de la " mondialisation ", de Porto Alegre, etc., et à prendre conscience que c'est le système capitaliste lui-même qu'il faut renverser. Au contraire de beaucoup qui se servent du thème de l'antimondialisation pour faire croire qu'il serait possible d'amender ce système en se contentant de mettre quelques morceaux de sparadrap sur ses plaies les plus criantes.

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