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- Lutte ouvrière n°1756
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Editorial
Voter pour notre camp, pas pour celui du patronat
François Hollande, du PS, Robert Hue, du PCF, s'évertuent à affirmer que les voix qui se porteront sur Arlette Laguiller seront des voix inutiles, voire perdues (surtout pour eux).
Ils seraient mieux avisés d'expliquer à quoi et surtout à qui ont servi les suffrages qui se sont portés sur le PS et le PCF en 1997. Ils ont été utiles, sans doute, mais au patronat, pas aux travailleurs.
A l'exemple de cette loi dite des trente-cinq heures, présentée comme le fleuron des mesures sociales de ce gouvernement, qui a permis aux patrons d'instaurer une flexibilité plus grande des horaires de travail, l'annualisation du calcul du temps de travail, et qui a fourni aux patrons le prétexte pour bloquer les salaires. Et en prime, le patronat reçoit des milliards de subventions.
Dans la même veine, Jospin a appliqué le plan du RPR Juppé qui réduit la prise en charge des soins pour ceux qui en ont pourtant le plus besoin. Et c'est sans la moindre gêne que son gouvernement a repris à son compte les mesures de Balladur concernant les retraites. Jospin promet d'ailleurs de donner la priorité au chantier des retraites, mais c'est pour faire ce que la droite rêvait de faire, en essayant d'imposer au secteur public ce que Juppé avait dû remiser à la suite de la grève de 1995. Et ce qu'il ne dit pas, c'est qu'il s'agit aussi de diminuer toutes les retraites.
Les états de service des Jospin, Gayssot, Hue, montrent que s'ils ont été utiles, c'est au seul patronat.
Quand a-t-on vu leur gouvernement se ranger dans le camp des travailleurs ? Quand l'a-t-on vu lever le petit doigt pour s'opposer aux plans de licenciements ? Pourtant, les occasions de le faire n'ont pas manqué, de Renault-Vilvorde à Moulinex, en passant par Bata et bien d'autres. Quand l'a-t-on vu s'opposer à l'accroissement dramatique de cette précarité, qui fait que des millions de travailleurs vivent aujourd'hui dans la pauvreté, même quand ils ont un travail ?
Les discours de Robert Hue prétendent que les votes en faveur d'Arlette Laguiller ne serviront à rien, à la différence des votes pour le PCF qui auraient, selon lui, servi à éviter le pire, grâce à la participation de ministres du PCF au gouvernement. Eviter le pire, ce serait une bien piètre ambition pour un parti qui se voulait, il n'y a pas si longtemps, porteur des intérêts fondamentaux de la classe ouvrière. Sauf que le pire, il ne l'a pas évité. Au contraire, il a aidé à le mettre en place.
Il suffirait de demander aux cheminots, aux routiers salariés, aux licenciés d'Air Liberté, laissés sur le carreau par le baron Seillière avec la caution de Gayssot, ce qu'ils pensent de ce ministre des Transports, plus ministre que communiste. Et que peuvent en penser aujourd'hui les salariés d'EDF-GDF dont Jospin prépare, main dans la main avec Chirac, la privatisation ? Malgré leurs timides dénégations actuelles, Gayssot et Hue sont complices de ce projet, tout comme ils l'ont été de la privatisation d'Air France. Eh bien, cette utilité-là, on la leur laisse volontiers.
Ce qui est utile pour l'avenir du monde du travail, ce n'est pas de solliciter ses voix pour ensuite quémander quelques postes de ministres. Utiliser son bulletin de vote pour favoriser de telles ambitions, c'est le gâcher. Pire, c'est cautionner des mesures antiouvrières à venir.
Le vote en faveur d'Arlette Laguiller, lui, permettra de se compter, et de montrer que ceux qui refusent de subir les attaques incessantes des patrons sont de plus en plus nombreux. C'est exprimer son accord avec l'idée qu'une riposte collective à ces attaques est à l'ordre du jour. Rien, en effet, ne sera réglé à l'issue du premier tour de l'élection présidentielle, encore moins à l'issue du second.
Et plus les suffrages qui se porteront sur le nom d'Arlette Laguiller seront nombreux, plus les travailleurs seront en situation de s'unir pour se faire respecter.
Le vote pour Arlette Laguiller sera le seul vote vraiment utile pour le monde du travail. Ce sera le seul vote qui ne pourra pas être utilisé contre les travailleurs.