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Elections présidentielles
Les résultats d'Arlette Laguiller, Olivier Besancenot et Daniel Gluckstein
Arlette Laguiller a recueilli, lors de la présente présidentielle, 1 630 244 voix, soit 5,72 % de l'électorat. Le nombre d'électrices et d'électeurs qui se sont prononcés sur son nom est donc du même ordre qu'en 1995, où elle avait obtenu 1 615 552 voix, soit 5,30 % de l'électorat. C'est une très légère progression en voix et un tout petit peu plus en pourcentage.
La stabilité de cet électorat depuis plusieurs années maintenant, au moins depuis 1995, est d'autant plus remarquable qu'il se retrouve sur des revendications radicales comme le contrôle du monde du travail et de la population sur le fonctionnement des entreprises, la suppression du secret des affaires, l'interdiction des licenciements et un certain nombre d'autres objectifs du même type qu'Arlette Laguiller et Lutte Ouvrière défendent et popularisent depuis plusieurs années.
C'est aussi un électorat qui sait qu'Arlette Laguiller se revendique du communisme et n'en est pas gêné, même quand il n'y adhère pas.
Contrairement à 1995, cette fois-ci les électeurs pouvaient choisir entre trois candidats qualifiés " d'extrême gauche ", avec, en plus d'Arlette Laguiller, Olivier Besancenot, présenté par la Ligue Communiste Révolutionnaire, et Daniel Gluckstein, présenté par le Parti des Travailleurs. Contrairement à toutes les stupidités véhiculées sur le " vote protestataire ", non seulement les électeurs d'Arlette Laguiller ont fait un choix politique par rapport aux partis de gouvernement et aux abstentionnistes, mais ils ont aussi fait un choix parmi les différentes politiques représentées par les trois candidats d'extrême gauche.
1 210 694 voix recueillies par Olivier Besancenot, soit 4,25 % de l'électorat, confirment l'existence d'un électorat LCR significatif, qui s'est déjà manifesté lors des municipales de 2001. Si cet électorat ne s'est pas manifesté depuis l'élection présidentielle de 1974, c'est qu'il n'a pas pu le faire car, aux élections présidentielles de 1981, 1988 et 1995, la LCR avait fait le choix de ne pas présenter son propre candidat mais de soutenir des candidats divers, en 1995 par exemple indistinctement Robert Hue, Dominique Voynet ou Arlette Laguiller. Mais cette absence de candidat à l'élection présidentielle ne signifie pas que l'électorat n'existait pas potentiellement, et l'on peut dire qu'en refusant de se présenter, la LCR n'avait peut-être pas voulu prendre ses responsabilités.
Les résultats de Daniel Gluckstein sont moindres, mais 132 702 électeurs, 0,47 %, ont tout de même fait ce choix.
Les journalistes additionnent les trois votes pour constater la progression globale de l'électorat d'extrême gauche. Cette progression est incontestable, bien qu'elle soit surtout frappante en comparaison du recul du Parti Communiste.
Mais le fait que les électeurs ayant eu le choix de le faire se soient répartis entre les trois candidats est au moins aussi significatif. Il ne s'agit pas, contrairement à ce qu'affirme stupidement une certaine presse, d'une course à " l'hégémonie sur l'extrême gauche ", mais de choix entre différentes politiques proposées à l'extrême gauche. Pour notre part, nous avons toujours considéré que, dans toutes les élections où il n'y a pas d'autres enjeux - comme peut l'être, par exemple, à certains moments le fait d'envoyer des représentants au Parlement -, la présence de plusieurs candidats d'extrême gauche représentant des politiques différentes et s'adressant à des milieux différents n'est pas un handicap mais une richesse. Et nous nous réjouissons du fait que, forte de son électorat qui atteint un niveau significatif, presque du même ordre que celui d'Arlette Laguiller en 1995, la LCR puisse prendre elle-même l'initiative, qu'elle nous avait recommandée alors, de proposer la construction d'un parti " à la gauche de la gauche " ou "100 % à gauche " aux différentes forces politiques, associatives, anti-mondialisation, etc., avec lesquelles elle a l'habitude de travailler.
Ce qui va compter pour l'avenir, c'est la capacité de ces différentes composantes de l'extrême gauche, au-delà de leurs scores électoraux, de représenter un poids croissant dans le monde du travail et dans ses luttes futures.