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Politiciens
Raffarin : A l'écoute du patronat
Dans une interview accordée au Parisien le 13 mai dernier, le nouveau Premier ministre Raffarin se veut « à l'écoute du peuple ». Mais les priorités du nouveau gouvernement sur les impôts, les retraites ou les 35 heures vont dans un sens tout à fait opposé aux intérêts de la population. Le gouvernement veut « servir »... surtout les intérêts des riches et des possédants. Tout comme son prédécesseur le gouvernement Jospin, qui d'ailleurs lui a préparé le terrain.
Baisse des impôts : un cadeau pour les plus gros revenus
On nous annonce la baisse de 5 % de l'impôt sur le revenu, présentée par Chirac comme une nouveauté. Mais ces baisses d'impôts ont été initiées par le gouvernement Jospin et elles ont, à l'époque, profité surtout aux familles les plus aisées. La baisse proposée par Raffarin va dans le même sens. Le quotidien Le Parisien du 11 mai détaillait ainsi cette mesure concernant 16 millions de contribuables : « Celui qui acquitte 500 euros (3280 F) bénéficierait d'une remise de 25 euros (164 F). Celui qui paye 5000 euros (32 798 F) gagnerait, lui, 250 euros (1 640 F) ». Plus on grimpe dans les tranches supérieures
de l'impôt sur le revenu, plus l'économie est importante. C'est un cadeau aux plus gros revenus, à qui, après prélèvement, il restera un coquet magot... bien plus confortable que pour les imposables du bas de l'échelle.
L'autre solution envisagée est de rendre progressive la réduction des 5 %. Cela serait sans aucun doute un peu plus favorable aux petits revenus imposables. Mais le gouvernement invoque des raisons techniques pour ne pas le faire.
Raffarin ne dit pas un mot sur les millions de gens qui ne payent pas l'impôt sur le revenu parce qu'ils ne gagnent pas assez et qui, de ce fait, resteront exclus de cette « baisse ». Pas un mot non plus sur les impôts indirects, dont le principal et le plus connu est la TVA. Cet impôt particulièrement injuste, auquel tout le monde est assujetti, le Rmiste comme le milliardaire, pèse d'autant plus lourd dans les ménages que le revenu est faible. Enfin, le Premier ministre n'entend pas revaloriser le Smic au premier juillet. Mais il n'oublie pas de promettre de baisser encore les charges des patrons sur les bas salaires, comme ont fait tous les gouvernements avant lui.
Une retraite à deux vitesses
Pendant la campagne électorale, Chirac ou Jospin avaient promis de s'attaquer en priorité au problème des retraites, en mettant en place des fonds de retraite par capitalisation. Que ce soit sous le nom « d'épargne salariale », cher à la gauche, ou de « fonds de pension à la française », voulu par la droite, l'appellation est différente mais le principe est le même.
Avec « les fonds de pension », la droite envisage d'instaurer un régime de retraite à deux vitesses : ceux qui auront les moyens de cotiser dans les fonds de pension verront leur retraite s'améliorer, tandis que tous les autres devront subsister avec une retraite minimum. Et si cela ne suffit pas, les vieux pourront toujours travailler, s'ils trouvent du travail,
puisque le gouvernement veut repousser l'âge du départ en retraite. Ainsi, ils auront le droit de continuer à se faire exploiter jusqu'à leur dernier souffle.
Le gouvernement a pour projet, au nom de « l'équité », prenant prétexte de l'actuelle durée de cotisation de 40 ans dans le privé, d'augmenter la durée de cotisation des fonctionnaires qui est encore de 37 ans et demi. En omettant de rappeler que c'est le gouvernement Balladur qui a augmenté la durée de cotisation des salariés du privé de 37,5 à 40 ans. Et sur ce point droite et gauche ne se distinguent pas : Chirac reproche seulement à Jospin d'avoir trop hésité !
Les dirigeants de gauche ont contribué, avec zèle, à mettre en place le gouvernement de droite actuel. Celui-ci, sans complexe, peut se sentir les coudées plus franches pour mettre en oeuvre les projets initiés par le gouvernement Jospin.