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Politique
Martine Aubry... Et ceux qu'elle a oubliés
Martine Aubry blackboulée ! Les abstentionnistes du premier tour des législatives n'ont eu aucun sursaut en faveur de l'ex-ministre de Jospin : dans la circonscription où elle se présentait, le deuxième tour a été marqué par un record d'abstentions, passées de 37,5 % à 39,4 %, comme pour bien démontrer qu'asseoir Aubry dans un fauteuil de député était le cadet des soucis des électeurs de ces quartiers populaires. Et on les comprend !
Martine Aubry comptait être élue au coeur d'une région touchée de plein fouet par les plans sociaux réalisés pour une bonne part alors qu'elle était au gouvernement. Cela ressemblait à de la provocation et elle n'a d'ailleurs pas manqué d'être reçue dans certains endroits comme elle le méritait, par des électeurs en colère, brandissant leurs feuilles de paie pour lui rappeler ce qu'ils avaient perdu d'argent à cause de la loi sur les 35 heures qui porte son nom.
Après avoir promu cette loi des 35 heures, battant en brèche la législation du travail en matière d'horaires, après avoir généralisé leur flexibilité, avoir mis entre les mains du patronat un instrument lui permettant d'empirer les conditions d'exploitation tout en tirant les salaires vers le bas, après avoir oeuvré à la tête d'un gouvernement dont la politique a surtout consisté à subventionner les patrons licencieurs, à qui Martine Aubry pouvait-elle faire croire qu'elle avait beaucoup fait " pour le reclassement des victimes des fermetures d'usines " dans la région où elle se présentait ? " Ingrats " les électeurs ? Ou tout simplement, conscients que ni l'ex-ministre et maire socialiste de Lille ni le clerc de notaire RPR qui s'opposait à elle ne méritaient le déplacement ?
Un de ses compères du Parti Socialiste, plus chanceux, élu lui dans la deuxième circonscription du Nord, a déclaré qu'en effet la loi sur les 35 heures l'a probablement rendue impopulaire mais il a ajouté : " Il est dommage que les gens aient oublié la Couverture maladie universelle et l'aide personnalisée à l'autonomie pour les personnes âgées ". Il aurait dû ajouter les emplois-jeunes pour faire bonne mesure et pour définir en tout et pour tout la politique prétendue sociale d'un gouvernement qui a eu, pendant cinq ans, les pleins pouvoirs pour réaliser ce qu'aujourd'hui, les socialistes ont le culot de recommencer à nous promettre... !
Martine Aubry n'en veut pas, dit-elle, aux électeurs qui ont préféré s'abstenir. Elle prétend même les comprendre : " Les abstentionnistes sont des hommes et des femmes qui se sentent abandonnés et exclus (...) Ils travaillent souvent très dur pour un salaire faible, dans la précarité (...) Il était même indécent de leur parler de vote face à la situation qui est la leur ". Indécent, c'est bien le mot, et c'est probablement comme cela que l'ont compris tous ceux qui n'ont pas voulu apporter leur voix, leur caution, à une ministre qui porte une grande part de responsabilité dans la situation où ils se trouvent aujourd'hui.