A l'image d'un système aberrant23/08/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/08/une1777.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Vivendi

A l'image d'un système aberrant

Lors de la publication des comptes de Vivendi, mercredi 14 août, Jean-René Fourtou s'était fendu d'une lettre aux salariés et aux actionnaires du groupe qui se voulait rassurante. "La situation du groupe est certes tendue, mais j'ai identifié, pour ma part, les modalités de sortie de cette crise et les voies du redressement", expliquait-il. Mais visiblement, un certain nombre de gros actionnaires n'ont pas été convaincus et, dans les jours qui ont suivi, ils ont continué de plus belle à vendre leurs parts qui, depuis plusieurs mois déjà, semblent leur brûler les doigts, provoquant une nouvelle baisse de la valeur boursière de Vivendi.

"Il n'y a plus rien de fondamental, tout n'est plus qu'irrationalité", déclarait alors un financier. Il faut ajouter qu'au début de l'année le groupe Vivendi était estimé à huit ou dix fois sa valeur actuelle et le système n'était pas plus rationnel. Quand Vivendi affichait un bénéfice net de 22 millions d'euros pour le premier semestre 2001, c'était tout aussi aberrant que lorsque un an plus tard, le groupe a déclaré 22 millions d'euros de pertes ajoutant que, tous comptes faits et après le verdict de la Bourse, le patrimoine des actionnaires devait être dévalué de 11 milliards d'euros. Les 400 000 salariés de Vivendi et de ses filiales, ainsi que les usagers de l'eau et différents services locaux contrôlés par Vivendi (ordures ménagères, transports...) n'ont rien à gagner à être sous la coupe d'un groupe capitaliste, que ce soit sous la direction d'un Messier triomphant ou, aujourd'hui, d'un Fourtou appelé au chevet des actionnaires.

L'alternance des périodes de bénéfices et de pertes est vieille comme le système capitaliste. Loin d'être une exception, Vivendi n'est qu'un trust parmi d'autres, riche du travail de centaines de milliers de salariés et de l'argent des factures d'eau et des impôts locaux. La perspective de profits de plus en plus élevés lui a ouvert des possibilités d'emprunts destinés à une frénésie d'achats spéculatifs, jusqu'à ce que la bulle éclate. Et maintenant, les grands groupes financiers (Société Générale, BNP Paribas, Crédit Lyonnais, Crédit Agricole...) préparent un "plan de désendettement", qui leur permettra d'acheter les dépouilles de Vivendi, à bas prix. Pour eux, le désastre n'en est pas un.

Partager