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Dans le monde
Conflits sociaux : Les travailleurs n'acceptent pas tout
Le premier lundi de septembre est le traditionnel Labor Day aux États-Unis. En cette journée non travaillée, les syndicats organisent pique-niques, rassemblements ou défilés. Cette année, plusieurs conflits sociaux, qui commençaient ou qui menaçaient, marquaient l'actualité.
Le premier est la grève des plus de 10 000 femmes et hommes de ménage, qui nettoient le millier d'immeubles de bureaux de l'agglomération de Boston, au nord de New York, dont 400 dans le centre-ville. Cette grève, votée le 31 août par les salariés, devait commencer le mardi 3 septembre, dans les immeubles les plus connus. Elle a lieu au moment où expire le contrat d'entreprise qui liait pour quatre ans les employeurs et les salariés de cette catégorie. Le syndicat des personnels de nettoyage, le SEIU, refuse la couverture maladie proposée par le représentant des entreprises de ce secteur, car elle ne couvrirait que le quart des salariés, ceux employés à plein temps. Ce syndicat refuse aussi le salaire horaire proposé (12 dollars de l'heure), car il ne laisserait la moyenne des salariés qu'avec un salaire journalier de 49 dollars, leur horaire journalier étant de 3 heures et demie à 4 heures. De telles conditions obligent ces travailleurs à avoir deux ou trois emplois du même genre s'ils veulent une paie qui ressemble à quelque chose.
Un autre conflit concerne 25 000 ouvriers de production chez Boeing. Lors des négociations entre le constructeur d'avions de Seattle, sur la côte Nord-Ouest du pays, et le syndicat IAM, ce dernier a refusé les propositions patronales pour le nouveau contrat d'entreprise. En effet ce contrat prévoit certaines augmentations de salaire et de retraite, mais aussi de plus fortes cotisations ouvrières pour l'assurance maladie. De plus, il ne contient aucune garantie en matière de sous-traitance, car la direction de Boeing voudrait avoir les mains libres pour faire appel à des entreprises produisant à meilleur coût que ses propres ateliers, entreprises offrant ces avantages parce qu'elles paient leurs salariés bien au-dessous des salaires Boeing.
Le syndicat est d'autant plus attaché à s'opposer à ces pratiques qu'il lutte pour que Boeing, au cas où ses affaires reprennent, réembauche les travailleurs mis sur le carreau dans les mois qui ont suivi les attentats du 11 septembre. On se souvient que les compagnies aériennes et de l'aéronautique ont pris prétexte de cet événement et de la diminution du trafic aérien pour se déclarer en situation critique. Pour maintenir leurs profits, ces compagnies, et d'autres dans la foulée, imposèrent des concessions à leurs salariés, en licencièrent par milliers et demandèrent des aides à l'État.
Le second désaccord entre Boeing et ses salariés porte sur la question des retraites. Actuellement, un travailleur ayant 25 ans d'ancienneté et touchant un salaire de 50 000 dollars touche une retraite de 15 000 dollars. Le syndicat se fixe comme objectif une retraite de 36 000 dollars, mais est prêt à négocier pour une somme inférieure, sans que cela ait fait changer la direction de Boeing d'opinion.
Les travailleurs de Boeing votaient le jour même du Labor Day. Les propositions patronales seront rejetées si au moins 50 % des travailleurs votent contre mais, pour que la grève soit autorisée, il faut une majorité des deux tiers des votants en sa faveur.
Enfin, un autre conflit pourrait survenir. Il concerne les 10 500 dockers des ports de la côte du Pacifique. Leur syndicat a refusé les propositions patronales pour leur nouveau contrat et un vote est prévu dans les jours qui viennent. Patrons et syndicat s'opposent d'une part sur qui doit payer les augmentations des cotisations maladie, d'autre part sur la mesure dans laquelle les compagnies peuvent utiliser de nouveaux moyens techniques sans menacer les emplois existants.
Personne ne peut dire si ces conflits, dans des entreprises importantes, vont se développer en véritables grèves. Mais au moment où l'actualité montre comment les grandes compagnies et leurs dirigeants n'hésitent pas à mentir, à camoufler leurs opérations et à truquer leurs comptes, les travailleurs ont encore moins de raisons de se sacrifier sur l'autel des profits.