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Italie : Le 18 octobre, et après ?
Des manifestations dans 120 villes, avec une participation massive dans les plus grandes, la journée de grève générale appelée vendredi 18 octobre par la CGIL, le plus grand syndicat italien, a été incontestablement un succès.
Les cortèges ont été particulièrement nombreux à Milan, Rome, Naples, à Turin, ou même à Palerme où défilaient en tête les travailleurs de l'usine Fiat de Termini Imerese, l'une des seules grandes usines de Sicile, qui est aujourd'hui menacée de fermeture.
Cette journée venait après la manifestation nationale du 23 mars dernier à Rome, à l'appel de la seule CGIL, et après la grève générale du 16 avril à l'appel des trois syndicats CGIL, CISL et UIL, contre le projet d'abolition de l'article 18 du Statut des travailleurs qui interdit les licenciements abusifs. Entre temps, le front syndical reconstitué le 16 avril s'est de nouveau fissuré : les deux syndicats UIL et CISL - comparables à FO et à la CFDT en France - ont accepté début juillet de signer avec le gouvernement Berlusconi un " pacte pour l'Italie " qui comporte la suspension partielle de " l'article 18 ".
Ce 18 octobre, les travailleurs de toute la péninsule ont donc répondu présent, encore une fois, à l'initiative de la seule CGIL, et cela est aussi un désaveu pour les deux syndicats qui se sont prêtés au jeu de l'accord avec Berlusconi. Reste à savoir ce que la direction de la CGIL fera de ce succès.
" Une grève pour l'Italie ", " Non à la loi budgétaire, oui aux droits et au développement " - ceci incluant la défense de l'article 18 -, c'est sous ces titres vagues que la direction de la CGIL appelait à la grève. Cela signifie que, si elle voulait faire de cette journée une nouvelle démonstration de l'influence de la centrale, elle se gardait aussi d'indiquer des objectifs pouvant vraiment devenir des objectifs de lutte pour l'ensemble des travailleurs italiens.
La forte adhésion aux grèves et aux manifestations pour la défense de l'article 18 montre pourtant combien les travailleurs sont conscients de la nécessité de défendre leurs droits. A un moment où patronat et gouvernement - celui de Berlusconi après le précédent gouvernement de centre-gauche - remettent en cause toutes les conquêtes ouvrières et généralisent la précarité, au moment où Fiat annonce plus de 8000 suppressions d'emploi et où le patronat annonce clairement son intention de faire payer aux travailleurs les frais d'une situation économique qui se détériore, ceux-ci sentent la nécessité d'une riposte.
Et en effet, après des années d'attaques, de bas salaires, de licenciements, de précarisation croissante de l'emploi, alors que les profits patronaux battaient des records, l'heure serait à la contre-offensive. Et il ne s'agit pas seulement de la défense de " l'article 18 ", qui n'interdit les licenciements que pour les travailleurs disposant d'un contrat d'embauche à temps indéterminé. Il s'agit d'imposer la garantie de l'emploi de tous les travailleurs précaires - intérimaires, travailleurs employés en prétendues " coopératives ", en CDD et autres - dont le nombre s'est multiplié ces dernières années. Il s'agit d'en finir avec les salaires scandaleusement bas qui ont été imposés, les plus souvent avec la collaboration syndicale. Il s'agit de prendre sur les profits de Fiat, et des autres, plutôt que de faire payer la crise aux travailleurs.
Le 23 mars, le 16 avril, et maintenant le 18 octobre, les travailleurs italiens ont montré leur sensibilité, leur disponibilité à lutter pour leurs objectifs d'ensemble. Alors maintenant, c'est bien de ces objectifs clairs et de ce plan de lutte que la classe ouvrière italienne a besoin, et pas des phrases générales sur la nécessité de " plans industriels " ou de " modèles alternatifs de développement " dont les leaders syndicaux - y compris ceux de la CGIL - sont si prodigues.