Faire du 26 novembre une étape dans l'organisation de la riposte21/11/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/11/une1790.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Faire du 26 novembre une étape dans l'organisation de la riposte

Le gouvernement Chirac-Raffarin enchaîne les mesures contre la protection sociale des salariés. Il y a quelques semaines, il annonçait des réductions de remboursement des soins par la Sécurité sociale. Et on n'a pas eu à attendre bien longtemps pour en voir les premiers effets, avec la mise en application de la limitation du remboursement des visites à domicile. Le prochain " chantier " du gouvernement doit être celui des retraites. Il s'agit, là encore, d'un véritable chantier de démolition.

Raffarin-Chirac prévoient, dans un premier temps, de s'attaquer aux retraites des salariés du secteur public, à qui ils voudraient imposer, à leur tour, de cotiser 40 années, comme dans le secteur privé. Ce serait pour rétablir l'égalité, a le culot de prétendre le gouvernement. Sauf que cette égalité existait il y a quelques années encore, quand les salariés du privé comme ceux du public prenaient leur retraite à 60 ans, après avoir cotisé durant 37 ans et demi. La disparité actuelle n'existe que depuis que le gouvernement Balladur a décidé de reculer l'âge du départ à la retraite pour les salariés du privé. Alors, le moyen le plus simple et le plus juste de rétablir l'égalité ne serait-il pas qu'on en revienne à ce qui existait avant ?

Mais des hommes politiques, toutes tendances confondues, prétendus économistes, journalistes auxquels se mêlent aussi des syndicalistes, répètent en choeur qu'un tel retour ne serait pas possible, parce que, prétendent-ils, d'ici 2012, les caisses de retraites ne disposeraient plus d'argent pour financer les retraites.

C'est un bluff. Il suffirait par exemple de réduire le chômage à zéro pour que, le nombre de cotisants aux retraites augmentant, cela permette de financer les retraites de tous à taux plein, en restant aux 37 années et demie de cotisations. Et si cela ne suffisait pas, pourquoi ne pas prendre l'argent là où il se trouve, en puisant dans la fortune des gros actionnaires ? Ces richesses ont été créées par le travail des salariés et ce ne serait qu'un juste retour des choses. Curieusement, ceux qui crient à la catastrophe et à la faillite des caisses de retraite n'évoquent jamais cette solution-là.

Il ne faut pas que les travailleurs se laissent abuser par ceux qui essayent de dresser les salariés du secteur privé contre ceux du secteur public. D'ailleurs, le gouvernement se prépare à mettre tout le monde d'accord puisqu'il envisage, s'il réussit dans le service public, de s'en prendre à la retraite de tous les salariés. Fillon, le ministre du Travail, a récemment évoqué l'hypothèse d'un recul de l'âge de la retraite à 62 ans, voire au-delà.

Le 26 novembre, dans différentes branches du secteur public, à la SNCF, à La Poste, dans l'Éducation nationale, la plupart des syndicats au niveau confédéral ou au niveau local ont décidé d'organiser une journée d'action, avec des appels, ici ou là, à la grève et à des manifestations. Certes, l'attitude des dirigeants syndicaux n'est pas aussi claire et déterminée qu'il aurait été souhaitable, face à l'attitude d'un gouvernement qui montre, lui, sa détermination. Mais cette journée, après celle largement suivie du 3 octobre dernier des salariés d'EDF et Gaz de France, constitue une nouvelle occasion de montrer à ce gouvernement qu'il aurait tort de croire qu'il peut tout se permettre.

Juppé, qu'on a ressorti du placard pour en faire le chef du parti de Chirac, avait tenté en 1995 d'imposer aux salariés du service public les mesures que Raffarin voudrait de nouveau leur imposer. Il s'était cassé les dents. La leçon que les cheminots ont su donner alors à Chirac-Juppé doit resservir pour Chirac-Raffarin aujourd'hui. Mais en mieux, cette fois.

Une riposte à l'offensive programmée et concertée du gouvernement et du patronat ne s'improvise pas. Une seule journée ne suffira pas pour les faire reculer. Même si elle est largement suivie, il faudra d'autres journées, mobilisant, à chaque fois, de plus en plus de travailleurs.

Alors, il faut que le 26 novembre soit un succès qui aide à préparer la suite.

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