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- Lutte ouvrière n°1799
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Leur société
Les retraites et les confédérations syndicales : Entre compromission et plan de lutte, il faut choisir !
La journée de manifestation du 1er février doit être l'occasion pour les salariés d'intervenir sur leur propre terrain.
L'attitude des confédérations syndicales qui appellent à cette journée n'est pas exempte d'ambiguïté pour certaines, comme la CGT, mais ne l'est malheureusement absolument pas pour d'autres, et en particulier pour les dirigeants de la CFDT.
Garantir l'avenir des retraites du monde du travail nécessite d'abord de mettre un coup d'arrêt aux remises en cause des droits existants, imposées depuis des années, et d'abord aux reculs imposés par Balladur en 1993 aux salariés du secteur privé.
En 1995, lors des mouvements qui ont mis en échec la deuxième phase de cette attaque, celle contre le secteur public, les manifestations qui regroupaient des centaines de milliers de personnes avaient comme mot d'ordre : " 37 années et demie de cotisations pour tous, public comme privé ". À l'époque la CFDT, par la voix de Nicole Notat, s'était fait la complice de Chirac-Juppé dans leur offensive contre les retraites. Aujourd'hui Chirac est flanqué de Raffarin, mais c'est la seule différence.
En revanche, il est notable que la direction de la CGT s'est rapprochée de celle de la CFDT, et qu'elle ne reprend plus au niveau confédéral le mot d'ordre clair : " 37 années et demie de cotisation pour tous, public comme privé ", qui était au centre de la mobilisation de 1995.
Quant à la CFDT, François Chérèque, son dirigeant, tient des propos on ne peut plus clairs. Ainsi a-t-il déclaré le 16 janvier au Nouvel Observateur : " Il ne faut pas leurrer les salariés. Les trois leviers pour financer la réforme sont connus. Il y a bien évidemment le niveau des cotisations, la durée des carrières et enfin le niveau des pensions. Mais la solidarité entre générations concerne aussi les retraités. Eux aussi devront faire un effort ."
Voulant bien marteler que pour lui il est hors de question de s'attaquer au patronat, il ajoute : " Je ne crois pas que l'on puisse, comme le réclament certains, taxer la valeur ajoutée " (c'est-à-dire instaurer un impôt à payer par les entreprises en fonction du montant des salaires qu'elles versent, comme la taxe professionnelle le faisait). Sur le recul de l'âge de la retraite au-delà de 60 ans, Chérèque en rajoute même : " Je ne vois pas pourquoi les responsables politiques ou syndicaux qui se permettent de travailler au-delà de 60 ans n'accorderaient pas ce droit aux salariés. " Comme si le problème était la " liberté " pour les salariés de travailler au-delà de 60 ans !
La CFDT, dans un document daté du 7 janvier et adressé à toutes ses organisations, explique les objectifs de la manifestation du 1er février : " Sur la base d'un document commun CFDT-CGT, travaillé entre ces deux organisations depuis plusieurs mois, un texte commun a été élaboré. Pour la CFDT, ce texte, bien qu'étant un texte de compromis, reprend la totalité de nos demandes.
Il affirme la nécessité d'une réforme. (...) FO, qui sort d'une campagne électorale pendant laquelle elle s'est opposée à toute idée de réforme, où elle a combattu l'idée de retraite à la carte et a défendu une durée de cotisation de 37 ans et demie pour tous, a tenté de s'opposer à la démarche que nous défendons. Ses amendements, qui visaient à mettre en exergue le refus de faire évoluer les régimes du public et de tout allongement de la durée de cotisation, ont été rejetés par l'ensemble des organisations.
Dans ces conditions, en signant finalement le texte commun, FO a été, de fait, contrainte de "manger son chapeau"."
Quant à la nouvelle union entre CFDT et CGT, Chérèque l'éclaire bien dans Le Nouvel Observateur : " On voit bien, dit-il, que la CGT fait des efforts importants pour amener ses adhérents à une démarche de négociations ou de réformes. Mais on voit à chaque fois qu'il faut s'engager, qu'elle rencontre des difficultés. "
Mais ce que le secrétaire de la CFDT appelle des " difficultés " est réconfortant pour les militants attachés à la défense des intérêts de leur classe. Cela montre qu'il y a des militants CGT (et sans doute autant à la CFDT) qui ne sont pas prêts à s'aligner sur l'attitude des dirigeants de la CFDT, qui ouvertement sacrifient les droits des salariés.
" La voie de la réforme ", dont on nous rebat les oreilles, ne peut être autre chose que la voie de la compromission, autrement dit de la capitulation.