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Dans les entreprises
Matra Automobile Romorantin(Loir-et-Cher) : Contre la fermeture
La manifestation du 15 mars, à l'appel de l'intersyndicale, contre la fermeture de l'usine Matra de Romorantin a été un succès. Plus de 1600 personnes sont venues exprimer leur écoeurement. La fin de la production de la Renault Espace à Romorantin et l'échec prévu de l'Avantime ont en effet servi de prétexte au groupe Lagardère pour liquider les milliers d'emplois de sa branche automobile.
Les travailleurs de l'usine sont venus très nombreux, souvent accompagnés de membres de leur famille. D'anciens salariés, y compris des jeunes en CDD, étaient là aussi par solidarité. Les retrouvailles, les saluts échangés étaient autant de témoignages des liens qui unissent les uns et les autres. Sur les pancartes on pouvait lire: "On veut du boulot à Romo", "Renault, créateur d'automobiles; Lagardère, créateur de chômeurs". Sur le parcours, les commerçants avaient affiché leur soutien sur les vitrines.
C'est bien toute la ville qui est touchée par cette fermeture, les commerçants et sans doute aussi à terme les services publics, écoles, collèges et lycée, poste, hôpital... C'est l'ensemble d'une population qui se retrouve brutalement mis devant la menace de la désertification et de l'isolement, avec tout ce que cela implique comme régression.
Derrière Matra, on compte près de 7000 emplois en sous-traitance qui sont menacés. A commencer par ceux de l'usine Matra à Theillay, déjà filialisée, et de Siéloir, qui fabriquait les sièges. Mais aussi les travailleuses de la Sodexho, ou encore ceux d'une entreprise de transports et d'une entreprise de nettoyage. Certains étaient présents dans la manifestation, avec leur banderole.
Le cortège comptait aussi des travailleurs de plusieurs autres entreprises de l'arrondissement, également menacés de licenciements. À Romorantin, c'est un fabricant de colliers de serrage et d'assemblage qui a licencié les intérimaires et qui emmène des machines en Pologne, tout en promettant qu'il n'y aura "aucun licenciement". A Selles-sur-Cher, à l'usine de céramique qui emploie 300 salariés, les services administratifs, une trentaine de personnes, seraient mutés en région parisienne et les travailleurs sont inquiets pour la survie de l'usine.
Le jour même de la manifestation, le quotidien local titrait en manchette sur la mort du PDG en ces termes: "Jean-Luc Lagardère, patron de légende". Et de retracer le parcours d'un homme qui a bâti sa fortune pour une bonne part grâce aux commandes de l'État, notamment dans l'armement et l'espace. Cette réussite "légendaire" ne tient pas de la magie, mais du soutien sans faille de l'État à un des groupes financiers les plus importants de ce pays, soutien qui continue, même si le gouvernement Raffarin fait mine de s'émouvoir face à la décision du groupe.
600 travailleurs de Matra ont fait le déplacement et ont pris la tête d'un cortège de près de 3000 personnes. Ces deux rassemblements à trois jours d'intervalle donnent une idée de la force que pourrait représenter la classe ouvrière si elle entrait en lutte de manière offensive. La détermination des travailleurs, bénéficiant de la solidarité effective de la population, il n'y a que cela qui pourra faire reculer l'État et les grands groupes capitalistes dans leurs plans de licenciements sans fin.