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Belgique : Libéraux et socialistes confortés par les élections
Les élections fédérales pour la Chambre et le Sénat, qui se sont déroulées en Belgique le 18 mai, ont été marquées par le renforcement des libéraux, des socialistes et de l'extrême droite.
Les deux partis Verts (flamand et wallon) qui avaient accédé au gouvernement pour la première fois en 1999 se sont effondrés, perdant jusqu'à deux tiers de leurs voix. Au cours de ces quatre années de participation gouvernementale, contrairement aux illusions qu'ils avaient suscitées, ils n'ont pas apporté une façon nouvelle de gouverner. Ils n'ont rien empêché, ni les ventes d'armes aux régimes dictatoriaux, ni de nouveaux scandales alimentaires, ni de meilleurs transports publics, ni plus de transparence dans les allées du pouvoir. Indépendamment de leur volonté réelle d'appliquer leur programme, ils n'en avaient de toute façon pas les moyens. Alors pourquoi leurs électeurs qu'ils avaient gagnés sur les partis traditionnels auraient-ils continué à voter pour eux?
Les partis chrétiens, qui avaient perdu beaucoup de voix après avoir assumé le pouvoir depuis plus de 40 ans, s'affaiblissent encore. En quatre ans d'opposition, ils n'ont pas réussi à se refaire une virginité. En revanche, les composantes principales du gouvernement sortant, les Partis Socialistes et Libéraux, se sont nettement renforcés. Pour les Partis Socialistes, c'est la première fois qu'ils ont gagné des voix après avoir participé au gouvernement. Ils ont rajeuni leur image, notamment en surfant sur la vague du mouvement "altermondialiste". Les dirigeants impliqués dans les scandales de corruption des années 1980 et 1990 ont fait place à des leaders plus médiatiques, dont les mots peuvent tromper un temps les électeurs.
Même à Seraing (Liège) où Arcelor envisage la fermeture de ses hauts fourneaux, le Parti Socialiste a obtenu 50,1% des voix, contre 38,7% en 1999. C'était pourtant le Parti Socialiste qui avait privatisé la sidérurgie et vendu Cockerill à Usinor pour une somme dérisoire. Et lors des manifestations des sidérurgistes liégeois, des représentants socialistes locaux se sont fait huer...
Quant aux libéraux, ils ont mené la politique que la bourgeoisie attendait d'eux. Dans tous les domaines sociaux -pensions, médical, enseignement, services publics- les économies ont prévalu. Par contre les profits ont été choyés: subventions aux entreprises, mesures de privatisation, réductions d'impôts des riches ont continué de plus belle.
Le PC n'a présenté qu'une seule liste pour la Chambre (sur 11 circonscriptions), dans le Hainaut, et a recueilli 0,8%. Quant à l'extrême gauche, surtout représentée par le PTB qui se présentait presque partout, elle n'a recueilli que moins de 1% des voix.
L'extrême droite recueille partout plus de voix. Dans la ville d'Anvers, le Parti Socialiste est passé de 14,8% à 24,8%, mais le Vlaams Blok, le parti d'extrême droite flamand, y est passé de 28,4 à 30,5% et reste le parti le plus fort à Anvers. Dans le reste de la Flandre, le Vlaams Blok atteint près de 18% en progressant de 3 points.
Les récentes affaires de corruption des élus municipaux à Anvers et l'augmentation rapide du chômage en Flandre (+12% en un an, +18% parmi les jeunes) n'y sont pas pour rien. Mais c'est aussi la situation internationale depuis les attentats du 11 septembre 2001 qui profitent au Vlaams Blok. A Anvers, des représentants de la communauté juive ont déclaré leur intention de voter pour le Vlaams Blok qui se présente en protecteur des Juifs contre la "menace arabe", notamment lors des manifestations pro-palestiniennes et contre la guerre en Irak auxquelles beaucoup de jeunes Anversois d'origine arabe ont participé. Le Vlaams Blok a même fait campagne auprès des Belges vivant en Israël!
Le discours sécuritaire et le nationalisme flamand du Vlaams Blok ont été repris par tous les partis flamands de la droite classique, assortis d'une xénophobie à peine voilée. Même le Parti Socialiste flamand, qui s'est présenté en cartel avec un dirigeant nationaliste flamand "progressiste", défend l'idée qu'il faudrait régionaliser la SNCB et que les soins de santé sont menacés par le gaspillage wallon.
Mais la progression de l'extrême droite n'est pas un problème spécifiquement flamand. En Wallonie, c'est le parti du Front National qui a progressé partout et atteint 11,84% à Charleroi. Ce parti, qui n'a pratiquement pas fait campagne, qui est divisé et dont les dirigeants sont largement inconnus, atteint 5,9% et obtient un siège au Sénat et, avec 5,6%, un siège à la Chambre dans le Hainaut.
Le futur gouvernement sera une coalition libérale-socialiste, qui continuera la politique d'austérité et les cadeaux au grand patronat... et qui contribuera à faire le lit de l'extrême droite, dans ses versions flamande et wallonne.