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RATP : Une première escarmouche?
Le mouvement de grève dans le métro s'est arrêté, après avoir commencé de manière particulièrement importante le 13 mai avec 95% de grévistes à la conduite et environ 70% de grévistes parmi les agents des stations. Il y a eu partout, dans chaque terminus de métro, au moins deux par ligne, des assemblées générales, comme cela avait été le cas en 1995. Les syndicats CGT et SAT (autonomes), les deux plus importants du métro, appelaient à ces assemblées, pour décider de la suite à donner au 13 mai. A ce moment-là il semblait bien que la CGT était favorable à la continuation du mouvement. Dans ces assemblées se sont donc retrouvés en fonction de l'importance des terminus entre 30,40, et 60 grévistes ou même beaucoup plus comme sur le RER B.
La direction prétendait, dans une note, que notre régime spécial ne serait pas concerné par la réforme des retraites, mais quelques lignes après, elle indiquait que des négociations auraient lieu vers la fin de l'année, concernant notre régime spécial justement. Alors personne n'était dupe sur les intentions de la direction et du gouvernement. Il s'agissait de séparer les grévistes, attaquer les uns, puis après les autres. Bref, de nous diviser, pour mieux imposer une politique que personne ne voulait.
Le mercredi 14 mai, le mouvement restait très fort sur toutes les lignes du métro, le RER B étant fermé, et le RER A très perturbé. Mais dans les assemblées générales beaucoup de questions revenaient sur les tactiques syndicales, particulièrement celles de la CGT. En effet, les déclarations de Bernard Thibault appelant imperturbablement à la manifestation du 25 mai, sans soutenir clairement la grève reconductible, faisaient dire à des grévistes que la CGT ne soutenait pas cette grève.
D'autre part, le fait que des syndicats comme la CGT n'aient pas déposé de préavis de grève reconductible montrait qu'ils n'avaient pas vraiment envie de cette grève.
Au métro, la CGT ne s'est pas opposée de front à la grève. Cependant le mouvement a été laissé à lui même, sans direction, sans perspective. Il n'y a eu aucune proposition d'action commune, aucune étape proposée aux grévistes. Il a suffi qu'un gréviste de Bobigny lance l'idée d'un rassemblement des grévistes à la maison de la RATP, et de quelques coups de téléphone pour confirmer cette proposition, pour que l'idée ait un certain impact. Cependant le climat était déjà à la fin de grève, et ce d'autant qu'à la SNCF la grève s'épuisait sous la pression de l'appareil de la CGT qui, là, militait ouvertement pour son arrêt. Le jeudi 16 mai, il n'y avait plus qu'une centaine de grévistes à se rassembler.
Conformément à ce que veut la confédération, le prochain mot d'ordre de grève, pour la CGT-RATP, ne sera pas avant le 3 juin. Les autres syndicats n'apparaissant d'ailleurs pas plus pressés d'en découdre.
La situation a été identique chez les conducteurs de bus.
Il reste à souhaiter que, dans les prochains mouvements, les grévistes soient capables de s'organiser démocratiquement, pour aller jusqu'au bout de leur mouvement, en fonction de leurs intérêts et non en fonction des calculs de boutique des différents syndicats. Et cela est d'autant plus important qu'à la RATP comme ailleurs, rien n'est fini.