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Leur société
L'argent ne répare pas l'injustice
Pour avoir injustement passé plus de quinze ans en prison, Patrick Dils, innocenté en mai 2002, vient de recevoir 700000 euros d'indemnisation de la part de l'État, au titre du préjudice moral et matériel. Cette somme, c'est beaucoup pour la justice et pour l'État, qui n'ont pas pour habitude de reconnaître leurs torts et de dédommager les victimes de leurs erreurs. Mais c'est peu pour avoir pris quinze ans de la vie d'un homme et, de toute façon, aucune somme d'argent ne pourra effacer la privation injuste de liberté.
Alors qu'il n'avait que seize ans, Patrick Dils avait été accusé du meurtre de deux jeunes enfants. Au bout de quarante-huit heures d'interrogatoire sans relâche, il avait fini par avouer. Bien que deux autres personnes, tout aussi innocentes, aient avoué avant lui et malgré l'absence de preuves, la justice l'avait déclaré coupable par deux fois. Il a fallu deux témoignages qui l'innocentent pour qu'un troisième procès ait lieu, quinze ans après, et qu'il soit libéré.
Si Patrick Dils avait appartenu à un milieu aisé, il y a fort à parier que l'instruction aurait été moins bâclée, et la justice plus attentive. Mais il était jeune, sans défense, issu d'un milieu modeste, et cela avait suffi aux policiers pour ne pas chercher plus loin, et aux juges pour le condamner sans tenir compte des invraisemblances ni de ses proclamations d'innocence.
Combien d'autres Patrick Dils, victimes d'erreurs judiciaires, sont en prison sans motif? Un trop grand nombre, sans doute. Et tous n'auront pas la "chance" d'avoir droit à un nouveau procès. Pour ne citer qu'un exemple: si Omar Raddad est maintenant libre après avoir été gracié par le président de la République, aux yeux de la justice, il reste toujours coupable.