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Tribune de la minorité
LO-LCR : Le retour de flamme...
Ainsi nous nous dirigeons vers des candidatures communes aux prochaines élections régionales et européennes. En tout cas vers des discussions dans ce sens entre les deux organisations. Et discussions qui ont cette fois une bonne chance d'aboutir.
Chacun comprend en effet que le ton sévère des critiques, que nous partageons sur le fond, de la lettre que LO (1) vient d'adresser à la LCR a pour fonction de faire oublier le changement d'attitude de la première à l'égard de la seconde, attitude adoptée dès les européennes de 1999 passées et changement prévisible depuis quelques mois. La Fraction qui a toujours défendu l'adoption d'une politique active vis-à-vis de la LCR pouvait prédire le changement dès l'année passée, lors du congrès annuel de notre organisation (2). Les attaques malveillantes (3) que cela nous a valu, n'ont, on le voit aujourd'hui, rien changé.
C'est que LO a en effet une solide raison de rechercher à nouveau une alliance électorale avec la LCR, la nécessité de préserver des élus, les nouvelles lois électorales instituant un scrutin plus que défavorable aux petits partis, surtout d'extrême gauche. Même dans le cas d'un nombre de votes plus important que la fois dernière on serait loin du compte. Et même dans le cas d'une alliance avec la LCR nous n'en aurons d'ailleurs pas la garantie absolue.
La LCR a de son côté le même souci. Elle n'a pas non plus trouvé d'autres partenaires sur sa droite, même si ce n'est pas faute de la part d'un certain nombre de ses membres d'avoir activement cherché. Et même si elle reçoit toujours quelques appels du pied venant d'une gauche de la gauche qui lorgne cependant et avant tout vers le PS. Sans avoir donc connaissance de sa première réponse à la proposition de LO, il faudrait que sa tendance de droite et anti-LO y ait vraiment triomphé pour que cette réponse soit négative.
De plus les conditions générales posées dès à présent par LO pour un futur accord électoral sont très exactement les propositions... de la LCR à LO avant les élections présidentielles de l'an passé, propositions repoussées alors avec dédain par celle-ci. Les camarades de la LCR doivent certainement apprécier l'ironie de la chose. La logique est tout de même qu'ils reprennent ces propositions au vol cette année.
Quoi qu'il en soit, pour notre part, nous nous réjouissons de voir se dessiner un rapprochement dans l'extrême gauche que nous avions préconisé depuis longtemps, ne serait-ce qu'au plan électoral.
Mais pourquoi faudrait-il en rester au plan électoral ?
Quand elles sont d'accord sur le sujet et sur le fond, pourquoi LO et la LCR ne pourraient-elles envisager de campagnes communes que contraintes par les lois édictées par nos adversaires, ou juste au moment où le ministère de l'Intérieur veut bien siffler le départ d'une campagne électorale? Avouons qu'il s'agit là d'un étrange paradoxe.
Notre organisation propose de "transformer ces campagnes électorales [régionales et européennes ] en une lutte sur le terrain des revendications essentielles et vitales du monde du travail". Très juste. Mais une campagne pour les revendications essentielles et vitales du monde du travail doit-elle attendre février ou mars 2004 pour être entreprise en commun par les deux organisations? Si elle peut être au printemps 2004, pourquoi ne pourrait-elle être dès l'automne 2003?
D'autant plus que, toujours selon la lettre de LO à la LCR, "une telle campagne devrait prolonger la lutte contre les mesures gouvernementales sur les retraites, la régionalisation à venir de toute l'Education nationale, et devrait dénoncer les ambiguïtés syndicales et celles (pour ne pas dire plus) du PS". Fort juste et nécessaire. Mais tous ceux, enseignants, cheminots et autres, qui ont participé au mouvement de ces derniers mois et bien vu les ambiguïtés (c'est vrai, le mot est faible) tant des syndicats que de la gauche espèrent eux une prolongation de leur lutte dès la rentrée, sans attendre les élections. Beaucoup se méfient d'ailleurs de celles-ci et il faudra que l'extrême gauche sache leur donner d'avance de bonnes raisons de mettre un bulletin dans l'urne en sa faveur.
Il y a quelques temps la Fraction avait fait, une fois de plus, la proposition d'une campagne commune pour le mouvement d'ensemble et sur les revendications essentielles et vitales du monde du travail, en particulier sur la question des retraites pour laquelle il ne fallait pas être grand clerc pour savoir qu'elle serait au coeur de l'offensive patronale et gouvernementale cette année. Ni LO ni la LCR n'ont été alors le moins du monde intéressées.
Nos deux organisations ont ainsi raté l'occasion de mieux préparer, à leur niveau bien sûr, les événements de ce printemps. Le gouvernement nous annonce déjà que l'an prochain va être consacré à une de ces réformes dont il a le secret, celle de la Sécurité sociale cette fois.
Sans doute serait-il mieux de ne pas refaire sempiternellement les mêmes erreurs.
Jacques MORAND
1-Lutte ouvrière n°1822, 4 juillet 2003.
2-Lutte de Classe, textes du congrès annuel de LO, n°69, décembre 2002.
3-Motion de la majorité publiée dans le même numéro de Lutte de Classe.
Convergences Révolutionnaires n° 28 (juillet-août 2003), bimestriel édité par la Fraction
Dossier sur le mouvement d'avril, mai, juin 2003: des analyses et des témoignages sur les luttes, les problèmes rencontrés et les obstacles dressés par certaines directions syndicales, dans l'Éducation nationale, à la SNCF, à La Poste, mais aussi dans le privé... En province comme en région parisienne.
Articles sur l'Autriche (mouvement sur les retraites aussi), la Belgique, le Pays Basque.
Point de vue sur le rapprochement LO-LCR.
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