L'errance continue dans des campements de fortune autour de la région de Melun pour quelques dizaines de familles Roms rejetées de partout.

Depuis leur expulsion le 20 juin dernier du camp de Lieusaint où elles vivaient depuis plusieurs années, les caravanes de plus en plus délabrées tirées par des véhicules incertains, vont de lieu en lieu à la recherche d'un quelconque emplacement où on les laisserait en paix. Mais les municipalités les refusent, la préfecture rejette leur régularisation et envoie la police ou la gendarmerie procéder régulièrement à des arrestations et des reconduites à la frontière, espérant qu'à force de harcèlement ils finiront par partir.

Sur les centaines de demandes de régularisation déposées en préfecture par les collectifs de sans-papiers, aucun Rom n'a été régularisé et ne le sera pas, a fait savoir le préfet, appliquant les directives de Sarkozy.

En ce moment une trentaine de caravanes se trouvent au bout d'un champ de betteraves à Tigery (agglomération de Melun Sénart), une quinzaine dans le bois de Montaigu à l'entrée nord de Melun. Ces derniers ayant enfin réussi à avoir de l'eau et de l'électricité auprès d'un camp de gens du voyage voisin, la municipalité de Melun a fait du chantage aux gens du voyage pour qu'ils cessent d'aider les Roms qui se retrouvent donc privés de tout, obligés d'aller chercher de l'eau à pied à plusieurs centaines de mètres en traversant une voie express.

Pour les toilettes il a fallu creuser un trou .

Un mois de démarches ont été nécessaires pour que la municipalité se décide enfin à faire évacuer le tas d'ordures nauséabondes qui s'accumulait à l'entrée du camp en bordure de la nationale 105.

Médecin du Monde alerte sur l'absence totale d'assistance sanitaire, la préfecture n'ayant même pas actualisé la liste des associations pouvant domicilier les plus démunis, et sans ce document préalable, les Roms ne peuvent bénéficier de soins.

Malgré ces conditions précaires, les Roms qui n'ont quasiment pour seul revenu que la mendicité s'efforcent de vivre dans la dignité. Ils s'occupent au mieux des deux bébés qui viennent de naître et la quinzaine d'enfants du campement est scolarisée dans les écoles voisines.

Quant au maire de droite de Melun, à l'occasion du dernier conseil municipal il a déclaré : "Il n'est pas question de leur installer l'eau et l'électricité, ce serait les inciter à rester ce que nous ne souhaitons pas. L'alternative est simple: soit l'État régularise ces familles, soit il les reconduit à la frontière... Ceux qui ont atterri chez nous ne sont pas régularisables... Pour les enfants nés sur place les reconduites à la frontière ne sont plus possibles. L'État cultive l'ambiguïté, qui retombe sur les collectivités locales..." En clair, pour lui Sarkozy est un laxiste qui n'expulse pas assez.

Quelques jours plus tard, le mardi 23 au matin, les CRS investissaient le camp, procédant à deux arrestations, un des deux étant actuellement en procédure d'expulsion du territoire.

Persécutés en Roumanie, rejetés de tous les autres pays européens, voilà la situation de cette communauté dans notre monde, paraît-il, civilisé.