Cinq mille étudiants ont manifesté le 2 octobre dernier à Mexico pour commémorer le massacre de la place des Trois-Cultures du 2 octobre 1968. Il y a 35 ans, en effet, le gouvernement mexicain envoya la police anti-émeute et des troupes armées contre les manifestants étudiants rassemblés sur la place. Des tireurs postés sur les toits tout autour de celle-ci ouvrirent le feu sur la foule, faisant plusieurs centaines de morts.

La contestation étudiante contre le régime du président Gustavo Diaz Ordaz durait depuis 1966. Elle atteignit son point culminant en cette année 1968 au moment où, partout dans le monde, on assistait à des manifestations et des révoltes étudiantes. Le 27 août, un demi-million de personnes manifestaient sur la grande place de la capitale. Le pouvoir ne voulait plus tolérer cette agitation alors que l'on approchait de l'ouverture des Jeux Olympiques de Mexico. Le gouvernement décida d'agir, au besoin par une répression féroce.

A l'époque, les responsables gouvernementaux prétendirent que les manifestants avaient provoqué cette sanglante répression en tirant sur les policiers. Depuis des années, des militants réclament la vérité. Vicente Fox, l'actuel président, avait promis il a deux ans d'ouvrir les archives secrètes du gouvernement sur l'événement. Mais depuis, la vérité continue de se faire attendre.

Des archives gouvernementales, rendues publiques récemment, accuseraient des hauts responsables, dont le ministre de l'Intérieur Luis Echeverria lui-même, qui devint deux ans plus tard, en 1970, président de la République. Et il y a peu l'Associated Press se serait procuré un document gouvernemental confidentiel selon lequel 360 tireurs d'élite auraient été envoyés sur ordre du gouvernement de l'époque pour ouvrir le feu sur les manifestants.

35 années plus tard, ce n'est encore qu'un coin du voile qui se lève sur les pratiques d'assassins de toute une partie de l'appareil d'État.